En Ethiopie, le président du Congrès fédéraliste oromo vient d’être remis en liberté. Merera Gudina est l’un des principaux responsables de l'opposition relâché dans le cadre d'une amnistie annoncée par le gouvernement, il y a quinze jours. Il a pu retrouver ses proches, ce mardi, à Addis-Abeba.
Jusque-là, les autorités n'ont libéré que du menu fretin. Lundi, le gouvernement a affirmé avoir rendu la liberté à plus de 500 personnes qui étaient en attente de procès. La plupart étaient accusés de violences ethniques à la frontière entre les régions Oromo et Somali, au sud-est du pays. Mais aucune tête d'affiche n'avait encore été libérée.
La communauté oromo, principal groupe ethnique du pays, qui était à l'origine du mouvement de contestation de 2015, attendait donc avec impatience de voir sortir Merera Gudina. Près d'un millier de personnes sont venues le saluer à son arrivée chez lui, dans la banlieue d'Addis-Abeba. Après plus d'un an de détention, ce professeur d'université de 61 ans, n'a pas perdu son objectif et a immédiatement appelé le gouvernement à « négocier avec les forces politiques qui jouissent d'un soutien massif, afin de créer une Ethiopie démocratique qui garantisse l'équité entre tous ».
Ce qui est en jeu dans cette libération, c'est d'apaiser la contestation et de rassurer certaines ethnies. Début janvier, Hailemariam Desalegn avait présenté son amnistie comme une mesure pour renforcer la « cohésion nationale ». Une main tendue aux mouvements contestataires pour restaurer la paix. Depuis maintenant deux ans, l'autorité est contestée.
Des manifestations ont démarré d'abord en pays Oromo, puis s'étaient étendues à la région Amahra et à celle des peuples du Sud. Ce mouvement d'une ampleur jamais vue depuis 25 ans, met en cause la domination du pouvoir par la minorité tigréenne, incarnée par le TPLF, le Front de Libération du peuple du Tigré.
L'opposition éthiopienne attend donc beaucoup de cette amnistie, sans être convaincue des bonnes intentions du gouvernement. Beyene Petros, le vice-président de la coalition Medrek a fait part de sa circonspection, affirmant que « rien ne garantit que ceux qui sont libérés aujourd'hui ne seront pas à nouveau emprisonnés demain ».
Par RFI