L’ambassadeur de l’Union Européenne au Bénin, accusé d’ingérence dans les affaires de politique intérieure et d’activités “subversives” par le gouvernement de Patrice Talon a quitté le pays vendredi soir, a constaté un journaliste de l’AFP.
Oliver Nette, ressortissant allemand et chef de la délégation de l’UE à Cotonou depuis mai 2018, est arrivé à l’aéroport vers 21h00 locales, et a quitté le territoire par un vol à destination de Bruxelles.
Le diplomate a été sommé de quitter le Bénin par les autorités, après avoir été accusé de “s’intégrer beaucoup trop dans les affaires intérieures” et “de ne pas respecter son devoir de réserve de diplomate”, selon des sources diplomatiques béninoises.
Le gouvernement n’a pas donné de détails sur ces accusations, mais le porte-parole du gouvernement a affirmé mercredi que le diplomate menait des activités “considérées comme subversives”.
L’UE conserve son total soutien à son représentant et s’est dit extrêmement surprise de cette décision, assurant ne pas en connaître les “raisons spécifiques”.
Une délégation béninoise est attendue en début de semaine prochaine à Bruxelles, a appris l’AFP de source diplomatique béninoise.
Une source gouvernementale, ayant requis l’anonymat, assure que deux correspondances, signées du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Bénin avaient été envoyées à Bruxelles, motivant les raisons de l’expulsion, sans convocation préalable, comme le veulent les procédures diplomatiques d’usage.
Le pays traverse une crise politique importante depuis les élections législatives d’avril, où l’opposition n’avait pas pu présenter de candidats. Cela avait entraîné des vagues de protestations populaires réprimées à balles réelles.
L’UE avait d’ailleurs décidé de suspendre ses observateurs le jour du scrutin en signe de désaccord avec le déroulement du vote.
Patrice Talon, élu en avril 2016, est accusé d’avoir opéré un virage autoritaire au Bénin et la quasi-totalité de ses principaux opposants vivent actuellement à l‘étranger, visés par des affaires de justice au Bénin.
AFP