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RADIO TANKONNON

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Coronavirus en Italie : leur vie en quarantaine

Publié par RADIO TAN KONNON sur 25 Février 2020, 15:41pm

Catégories : #SANTE

Alors que l'Italie recense 230 cas, une dizaine de villes du pays ont été fermées pour tenter de circonscrire la propagation foudroyante du virus. De notre correspondant en Italie, Quentin Raverdy

Au sud de la Vénétie, au pied des verdoyantes collines euganéennes, un petit bourg sans histoire a été sorti de force de sa langueur hivernale et jeté sous les objectifs des caméras de toute l'Italie. Vo', 3 300 âmes, est au cœur de la crise du coronavirus après le décès d'un de ses habitants vendredi soir dernier : Adriano Trevisan, 78 ans, premier italien emporté par le Covid-19. Depuis la mort de ce retraité, vingt-quatre nouveaux cas de Covid-19 ont été recensés à Vo' et dans ses alentours, obligeant les autorités à placer la commune en quarantaine. Comme pour une dizaine de villes de Lombardie, elles aussi frappées par une foudroyante propagation des contaminations (176 cas et 6 décès depuis vendredi), le traitement est drastique : écoles, commerces et services ont été fermés jusqu'à nouvel ordre, le temps de surveiller la période d'incubation du virus. Partout les événements publics et privés ont été suspendus.

« Et depuis ce matin, la commune est scellée. On ne peut plus ni entrer ni sortir, sauf cas autorisés », explique Giuliano Martini, le maire de Vo'. Pour tenter de circonscrire la propagation du virus, une dizaine de barrages ont été établis tout autour du bourg par les forces de l'ordre italiennes, épaulées par des soldats du régiment de parachutistes Folgore. « C'est une sensation étrange pour nous, on a un peu l'impression d'être en prison », confie un habitant de la commune (qui tient à garder l'anonymat). Pendant quelques jours, malgré la quarantaine, les accès à la ville sont restés ouverts, rappelle le jeune homme. « Mais on a décidé de rester ici par bon sens, pour être contrôlé », poursuit-il. Depuis ce week-end, par petits groupes, les locaux attendent de passer au dépistage. Pour l'heure, la commune n'est pas équipée pour procéder à des tests sur tous ses résidents.

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À la recherche du patient zéro

À Vo', les autorités sanitaires sont sur le qui-vive. La région vénète est toujours à la recherche de son « patient zéro » à l'origine de la contamination fatale d'Adriano Trevisan. Ce week-end, de nombreux regards étaient tournés vers la petite communauté chinoise du bourg : à peine une dizaine de personnes, employées dans le secteur du textile. Selon la presse italienne, le 9 février dernier, huit d'entre elles étaient présentes dans un bar de Vo' où se trouvait également le retraité de 78 ans, venu voir le match de foot Inter-Milan à la télé. L'inquiétude grandit lorsque l'on apprend que deux d'entre elles seraient récemment rentrées de Chine. Mais très vite, les tests parlent : tous négatifs. « C'est une bonne chose pour leur santé, mais cela ne nous permet pas de donner des réponses sur la façon dont le virus, qui se révèle encore plus omniprésent, est arrivé », commente le gouverneur de Vénétie, Luca Zaia.

Après la communauté chinoise, une nouvelle piste est envisagée à Vo' lundi à la suite de l'appel d'un agriculteur de la région à la pharmacie de monsieur le maire affirmant présenter des symptômes de la grippe. L'homme de 60 ans pourrait être le lien entre Vo' et Codogno, le foyer de l'épidémie en Lombardie voisine. « Il aurait été à Codogno et dans la région de Lodi ces dernières semaines […] Il était là pour participer à quelques conférences pour la présentation de son livre. Il est expert en agriculture biologique », explique le maire Giuliano Martini. Mais hier soir, la nouvelle tombe : l'agriculteur n'est pas infecté. Replongeant Vo' dans l'incertitude.

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Le mystère du « patient zéro » plane toujours au-dessus du bourg. Pas de quoi faire vaciller le solide flegme des Vadensi. À l'intérieur de la zone en quarantaine, le calme règne. « Les gens sont tranquilles. Ceux restés chez eux se sont même proposé d'aider pour des travaux d'utilité publique à faire pour la communauté », se félicite l'édile. On est donc loin des scènes de panique attendues. « J'ai surtout l'impression que ce sont les gens de dehors qui sont inquiets. Nous, ici, on est plutôt sereins, nous ne sommes pas dans la panique comme veulent le faire croire les médias », explique le jeune trentenaire.
« Une fois que sera passée cette tempête, qui sait les problèmes qui nous attendent ? »

Autre surprise à Vo' : pas de rayons de supermarchés vidés comme on a pu le voir à Milan ou des files d'attente interminables pour faire ses courses. « Pour l'instant les gens sont plutôt patients », confirme Ludovica, résidente de Vo'. « Mais ce n'est que le début, il faudra voir ensuite au bout d'une dizaine de jours. Au fil des discussions et sur les réseaux, quelques signes d'agacement, même mesurés, poignent. « Cette colère vient du fait que, de vendredi, le jour où on a tout découvert, jusqu'à aujourd'hui, on a eu peu d'informations. On ne sait pas trop quoi faire, on a un peu les mains liées », explique le jeune résident de Vo'. « Moi ce qui m'inquiète, c'est davantage l'économique que le virus. Ici, toutes les activités sont arrêtées comme dans les villes alentour », raconte Ludovica, employée dans un pub dans une région voisine et, elle aussi, préoccupée pour son emploi. « Une fois que sera passée cette tempête, qui sait les problèmes économiques et sociaux qui nous attendent ? » s'interroge-t-elle.

D'ici là, les Vadensi doivent prendre leur mal en patience. Pendant cette quarantaine, un peu coupée du monde, la communauté de Vo' peut compter sur le soutien régulier d'anonymes de la région et du reste du pays sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, un habitant du bourg partage avec ses concitoyens un article affirmant que, pour combattre la grippe, il n'existe qu'un vrai remède : faire l'amour. Et un internaute de lui répondre, plein de malice, qu'à Vo' « les effets du coronavirus se verront dans neuf mois ».

Le Point.fr

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