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RADIO TANKONNON

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Le lent crépuscule du prince Philip

Publié par RADIO TAN KONNON sur 10 Avril 2021, 11:33am

Catégories : #ACTUALITE

Il n'aura pas profité longtemps de sa retraite : à peine quatre ans, depuis qu'il annonçait en mai 2017 renoncer à tout engagement public. À 96 ans, le prince Philip raccrochait son épée après trois quarts de siècle au service de Sa Majesté et la fierté du devoir accompli : plus de 22 000 engagements officiels en solo, 2 millions de kilomètres parcourus dans des visites ou des voyages sur tous les continents et plus de 800 associations humanitaires ou organisations caritatives parrainées au plus fort de ses activités.

« C'est mieux de se retirer avant d'atteindre la date de péremption », ironisait à l'époque ce grand blagueur qui refusait de se prendre au sérieux. Philip rejoignait alors le manoir de Wood Farm, dans le Norfolk, situé sur le domaine de Sandringham. Une bâtisse de deux étages en briques rouges avec suffisamment de pièces pour loger le prince et les quelques domestiques à ses côtés pour accompagner ses vieux jours, notamment un page, une gouvernante, un chef et un valet qui ont tous été priés de laisser au vestiaire la livrée protocolaire pour le servir en vêtements civils.

Lectures et peinture
Le duc suivait un programme établi selon son bon plaisir, sans avoir un écuyer pour lui dire ce qu'il devait faire dans un agenda millimétré, un cadre qu'il a connu toute sa vie. Promenades, lecture, peinture, avant de retrouver régulièrement son épouse le week-end à Windsor. Sa santé de fer lui permettait de s'adonner encore à toutes sortes d'activités : on l'a encore vu mener un attelage lors d'une course hippique en mai 2019, même si le Palais lui a interdit de continuer à conduire sa Land Rover après son fameux accident. « Il a encore un esprit incroyablement vif, rapportait sa cousine Lady Butter dans le Daily Mail. Il a toujours cette soif de savoir. Il peint toujours, il voit ses chevaux et se tient au courant de l'actualité »

Mais le Covid est venu mettre fin à cette retraite bucolique. En mars 2020, le prince Philip rejoignait Windsor pour se confiner avec la souveraine, tous deux servis par une vingtaine de domestiques qui acceptaient de former une bulle protectrice autour d'eux, une opération étanche pour éviter toute contamination en attendant les vaccins. En juin, il fêtait sobrement ses 99 ans à huis clos, avec un repas en tête à tête avec la reine, et quelques visioconférences avec ses proches. Il sacrifie alors à la tradition en posant avec son épouse devant les créneaux du château. On le revoit encore en juillet dernier pour le mariage de sa petite fille Beatrice d'York et lors du transfert de son titre de colonel en chef du régiment The Rifles à sa belle-fille Camilla, prochaine consort, toujours dans l'enceinte du château de Windsor.

Les dernières photos officielles le montrent encore souriant et bien portant, malgré ses 99 ans. Il faut dire que le duc d'Édimbourg a toujours été de solide constitution, malgré quelques pépins de santé inhérents à son grand âge : surdité, arthrite chronique et infection urinaire. Il refusait pourtant de s'écouter, tant on lui apprit dès sa jeunesse à dompter son corps et surmonter les aléas de la vie. En février, pourtant, sa santé se dégrade soudain, quand il est hospitalisé d'urgence puis opéré du coeur. Il regagne son palais, affaibli mais debout, où il finit par s'éteindre à l'aube de son centenaire.

Il avait prévenu qu'il refusait de fêter ce prochain anniversaire en grande pompe, lui qui détestait qu'on lui rappelle son âge. Il y a quelques années, quand il reçut le prix du « vieillard de l'année » de la part du magazine GQ, il avait répliqué avec ironie : « Il n'y a rien de tel pour le moral que de se voir signifier que les années passent toujours plus vite et que des pièces commencent à se détacher du vieux châssis. Mais, en tout cas, c'est gentil de me le rappeler » Jusqu'au bout, cet homme a su conserver son humour face à la comédie du pouvoir.

Par Marc Fourny
LE POINT

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