Dans un étonnant revirement diplomatique, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait immédiat de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), une décision qui, outre sa portée politique, suscite des inquiétudes majeures quant aux conséquences économiques et juridiques qui en découlent.
Les répercussions de cette décision abrupte sont vastes et touchent plusieurs aspects cruciaux de la vie quotidienne dans la région. Premièrement, l'augmentation des tarifs douaniers entrainera inévitablement une perturbation des chaînes d'approvisionnement régionales, rendant plus difficile l'exportation de produits vers les pays voisins. Cette mesure risque d'accroître les coûts des importations et de générer une fluctuation monétaire due à l'isolement économique des trois pays.
Le secteur du transport, vital pour le commerce transfrontalier, subira également les contrecoups de cette décision. Des restrictions de voyage entre les pays voisins, des difficultés pour le transport routier transfrontalier, et des coûts de transport accrus pour les marchandises sont à prévoir. Ces mesures auront des impacts directs sur le commerce, le tourisme, et les relations inter-étatiques.
Sur le plan de la santé, les problèmes d'accès aux médicaments et équipements médicaux ainsi que l'interruption des programmes de santé régionaux mettront en péril la santé publique dans ces régions. Les coûts des soins de santé pour les citoyens risquent d'augmenter, tandis que la perte d'accès aux fonds de développement régionaux compromettra la réalisation de projets de développement transfrontaliers essentiels.
Une question cruciale se pose également concernant les citoyens établis dans tous les autres pays de la région CEDEAO. Les implications sur leur statut, leurs droits et leur libre circulation restent floues et nécessitent une clarification urgente.
D'un point de vue juridique, cette décision rapide soulève des questions complexes. Selon les textes de la CEDEAO, toute décision de retrait doit être notifiée dans un délai minimum d'un an pour entamer le processus de retrait. De plus, les constitutions de chaque pays concerné doivent être examinées pour évaluer la légalité d'une telle démarche, étant donné que celles-ci établissent un cadre pour la ratification et la dénonciation des accords et traités internationaux.
La CEDEAO, souvent perçue comme un moteur de développement et d'intégration régionale, se voit maintenant qualifiée de "bourreau" dans le communiqué des trois pays. Cependant, il est essentiel de noter que l'organisation joue un rôle crucial dans la promotion du commerce et de la stabilité régionale, avec des mécanismes tels que le tarif extérieur commun, qui garantit une union douanière nécessaire pour faciliter le commerce dans la zone.
Dans cette atmosphère de tensions diplomatiques, la question fondamentale demeure : cette décision, prise dans un contexte émotionnel, est-elle en accord avec les procédures établies par la CEDEAO et respecte-t-elle les lois constitutionnelles nationales ? Une chose est certaine, la situation actuelle crée une incertitude qui exige une réflexion approfondie sur les implications réelles de ce retrait soudain sur les plans économique, juridique et social.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon