En fin de semaine dernière, de la Guinée au Burkina Faso en passant par le Tchad, les régimes militaires issus de putschs ont consolidé leur pouvoir, chacun adoptant des méthodes distinctes : censure médiatique, cérémonies officielles ou investitures. Ces néo-souverainistes, arrivés au pouvoir par le renversement de présidents élus, de putschistes ou profitant de flous institutionnels à la suite de décès inattendus, cherchent à inscrire leur domination dans la durée, chaque pays suivant son propre calendrier et stratégie.
Guinée : La censure comme arme de consolidation
En Guinée, Mamadi Doumbouya, putschiste à l'ancienne, musèle la presse et observe Moussa Dadis Camara se diriger vers une incarcération à perpétuité. Le ministère guinéen de l’Information vient d’interdire quatre radios et une télévision privées, dans un paysage audiovisuel déjà marqué par la suspension de plusieurs médias. Les autorités justifient cette censure par le « non-respect du contenu des cahiers des charges ».
Tchad : Un vernis démocratique pour une dictature électorale
Au Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno met fin à une période de turbulences institutionnelles avec une validation contestée de son élection présidentielle. Désormais investi chef de l’État élu, il éloigne l'opposant Succès Masra et nomme Allamaye Halina, fidèle allié, au poste de Premier ministre. Le rendez-vous est fixé dans cinq ans pour un éventuel renouvellement du mandat présidentiel.
Burkina Faso : Prolongation de la transition sous des palabres préfabriquées
Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré et son Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration 2 (MPSR 2) utilisent des assises nationales pour prolonger leur pouvoir. Deux ans après sa promesse de résoudre les problèmes sécuritaires et de rendre rapidement le pouvoir, Traoré s’appuie sur un paysage politique léthargique et une société civile intimidée pour maintenir sa position.
Mali et Niger : Entre gestation de pactes et tensions diplomatiques
Le Mali, plus avancé que le Burkina Faso dans sa transition, voit émerger un pacte de non-agression entre les jihadistes du JNIM et les rebelles du CSP. Le Niger, quant à lui, observe son voisin béninois avec prudence, les tensions diplomatiques n’étant que temporairement décrispées.
Conclusion
Ces régimes militaires francophones, chacun avec ses méthodes propres, cherchent à renforcer et à prolonger leur emprise sur le pouvoir, jouant sur des contextes sécuritaires et politiques complexes. Alors que les nostalgiques du vent démocratique de La Baule pleurent la disparition de cet idéal, la réalité actuelle est celle d’une consolidation autoritaire sous des prétextes variés et souvent populistes, face à des populations à la fois résilientes et résignées.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon