Nairobi, le 24 juin 2024 - Depuis près d'une semaine, le Kenya est secoué par une vague de manifestations, principalement menée par la jeunesse, contre le projet de loi de finances publiques proposé par l'administration du président William Ruto. Les rues de Nairobi, ainsi que celles de nombreuses autres villes du pays, ont été le théâtre de rassemblements massifs, marquant une période de contestation sociale sans précédent dans le pays.
Un mécontentement généralisé
Les manifestations, qui ont débuté le mardi 18 juin dans la capitale, se sont rapidement propagées à travers tout le pays grâce à une mobilisation intense sur les réseaux sociaux. Les jeunes kényans, fer de lance de ce mouvement, dénoncent ce qu'ils considèrent comme une trahison de la part du gouvernement. En effet, lors de sa campagne électorale, William Ruto avait promis de réduire le coût de la vie, une promesse que beaucoup estiment aujourd'hui non tenue face aux nouvelles mesures fiscales envisagées.
La défense du gouvernement
L'administration de Ruto a justifié ce projet de loi par la nécessité de relancer une économie lourdement endettée. Selon le gouvernement, les nouvelles taxes sont indispensables pour stabiliser les finances publiques et stimuler la croissance économique. Le Kenya a enregistré un taux d'inflation de 5.1 % en mai, un chiffre qui, bien que modéré par rapport à d'autres périodes, pèse lourdement sur le pouvoir d'achat des citoyens, particulièrement les plus jeunes et les plus vulnérables.
Les revendications des manifestants
Au cœur des protestations se trouve une demande claire : un dialogue ouvert et honnête avec le président Ruto. Un des leaders du mouvement a affirmé que le président devait répondre publiquement à leur lettre de revendications pour prouver sa volonté réelle de dialoguer. Parmi les principales revendications figurent l'abandon des nouvelles taxes, une réduction immédiate du coût de la vie, et des mesures concrètes pour lutter contre le chômage des jeunes.
Une mobilisation nationale
L'appel à la grève générale lancé pour le 25 juin témoigne de la détermination des manifestants. Les rassemblements, majoritairement pacifiques, ont été marqués par des slogans et des pancartes exprimant la frustration et la colère de la jeunesse kényane. Les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans la diffusion des manifestations, permettant une mobilisation rapide et efficace à travers le pays.
Répression et droits de l'homme
Toutefois, les manifestations n'ont pas été exemptes de violences. Selon une déclaration commune de cinq groupes, dont Amnesty International, au moins une centaine de manifestants ont été arrêtés par la police anti-émeute lors de répressions violentes. Deux personnes sont décédées des suites de leurs blessures à l'hôpital de Nairobi, suscitant une condamnation unanime de la part des organisations de défense des droits de l'homme.
Une réponse du président attendue
Face à cette situation tendue, le président Ruto a exprimé sa volonté de dialoguer avec la jeunesse mécontente. Dans une déclaration récente, il a affirmé comprendre les préoccupations des manifestants et s'est dit prêt à engager des discussions pour trouver des solutions acceptables. Cependant, beaucoup attendent des actions concrètes et des engagements fermes de la part du gouvernement pour apaiser la situation.
L'impact économique et social
Le contexte économique du Kenya, caractérisé par une dette publique élevée et une croissance fragile, complique davantage la situation. Les nouvelles mesures fiscales proposées visent à augmenter les recettes de l'État, mais elles risquent également de freiner la consommation et d'aggraver le mécontentement populaire. Le gouvernement doit donc trouver un équilibre délicat entre assainissement budgétaire et maintien de la stabilité sociale.
Un tournant pour le Kenya
La crise actuelle représente un tournant potentiel pour le Kenya. La réponse du gouvernement aux revendications de la jeunesse pourrait définir l'orientation future du pays. Un dialogue constructif et inclusif pourrait non seulement apaiser les tensions, mais aussi ouvrir la voie à des réformes économiques et sociales profondes.
En conclusion, les manifestations contre la hausse des impôts au Kenya mettent en lumière un mécontentement profond et généralisé parmi la jeunesse du pays. Le président William Ruto, en exprimant sa volonté de dialoguer, a une opportunité unique de répondre aux attentes de ses concitoyens et de renforcer la cohésion nationale. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l'avenir politique et économique du Kenya, alors que la nation toute entière attend des signes clairs de changement et d'engagement de la part de ses dirigeants.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon