Ouagadougou - Dans un appel retentissant, Me Arnaud Ouédraogo, avocat inscrit au barreau burkinabè, exhorte toutes les personnes impliquées dans la rétention de son confrère, Me Guy Hervé Kam, à se désolidariser immédiatement des ordres reçus. Ce plaidoyer intervient dans un contexte de tension croissante et de préoccupations croissantes concernant les droits de l'homme et l'état de droit au Burkina Faso.
"Il est impératif que chaque personne agissant sous des ordres quelconques et participant à la rétention de Me Guy Hervé Kam se désolidarise de ces ordres," a déclaré Me Ouédraogo dans un communiqué ferme et clair. Cet appel vise à rappeler à chacun sa responsabilité individuelle et morale face à des actions jugées illégales et contraires aux principes fondamentaux de justice.
Me Guy Hervé Kam, figure éminente du barreau burkinabè et fervent défenseur des droits de l'homme, est actuellement retenu dans des conditions qui soulèvent de vives inquiétudes parmi ses collègues et la communauté juridique. La rétention de Me Kam est perçue par beaucoup comme une atteinte grave à l'indépendance de la profession d'avocat et au respect des droits fondamentaux.
Me Arnaud Ouédraogo, dans son appel, souligne l'importance de l'indépendance de la justice et de la protection des droits de chaque individu, quelles que soient les circonstances. "Les avocats sont les garants de la justice et des droits des citoyens. Toute tentative de les museler ou de les intimider doit être fermement rejetée," a-t-il ajouté.
Ce message de désolidarisation s'adresse particulièrement à ceux qui, en exécutant des ordres de rétention, pourraient se retrouver en violation de la loi et des normes éthiques de la profession. Me Ouédraogo insiste sur la nécessité pour chacun de prendre conscience de la gravité de ses actes et de se conformer aux principes de justice et de respect des droits humains.
L'appel de Me Ouédraogo résonne dans un contexte de vigilance accrue sur les questions de droits de l'homme au Burkina Faso. La communauté juridique et les organisations de défense des droits humains suivent de près la situation de Me Kam, appelant à sa libération immédiate et au respect de ses droits fondamentaux.
En conclusion, Me Arnaud Ouédraogo invite tous les acteurs impliqués à faire preuve de courage et de discernement en se désolidarisant des ordres illégaux. "La justice et les droits de l'homme doivent prévaloir en toutes circonstances," a-t-il conclu, rappelant l'importance cruciale de l'intégrité et de l'indépendance dans l'exercice de la profession juridique. Ce vibrant appel à la responsabilité individuelle et collective marque une étape clé dans la défense des valeurs fondamentales de justice et de droit au Burkina Faso.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon
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Lisez pour mieux comprendre Me Arnaud Ouédraogo, avocat inscrit au barreau burkinabè, dans les lignes qui suivent.
Nous entrons dans le 110 jours de captivité de notre confrère Maître Hervé Kam du Barreau du Burkina Faso.
Aussi longtemps qu'il était aux mains de la police, on pouvait encore s'accrocher au mince espoir que les derniers lambeaux de la civilisation humaine serviraient de ligne rouge à ne pas franchir. Maintenant que des informations font état de la dégradation de son état de santé et de son transfèrement vers un lieu inconnu, par des individus non identifiés, le désarroi est total.
La justice du Burkina Faso a pourtant ordonné à plusieurs reprises sa libération immédiate. Décision non suivie d'effet. Les démarches entreprises par le Barreau du Burkina Faso et par diverses personnes de bonne volonté auprès des autorités compétentes se sont heurtées à un mur. Maitre Kam est ainsi retenu en captivité comme plusieurs civils et militaires, pour des raisons inconnues, par des personnes inconnues et dans des lieux inconnus. Le trou noir.
Il y a une vingtaine d'années, mon chemin a croisé celui de Me Hervé Kam sur le champ de la lutte pour l'indépendance de la justice. Pour mieux porter le plaidoyer, nous avions créé le Centre pour l'Ethique Judiciaire. Grâce à l'engagement et an courage de gens plus valeureux que nous, le plaidoyer a abouti à un nouveau Statut de la Magistrature, cité comme une référence en Afrique. Mais ce bel édifice s'est effondré sous le poids des soubresauts politiques que le pays a connus. Même dans les pires cauchemars, personne n'aurait imaginé qu'on parlerait un jour des escadrons de la mort au Burkina Faso. C'est dire que la vigilance doit être de tous les instants, et qu'aucun combat n'est gagné pour toujours.
Je lance appel à toute personne, agissant sous des ordres quelconques, qui participerait à la rétention de Maître Hervé Kam en quelque lieu que ce soit, de se désolidariser de manifestement illicite.
J'attire l'attention des autorités politiques, militaires et judiciaires du Burkina Faso sur les conséquences particulièrement graves des enlèvements de citoyens, constitutifs de disparitions forcées.
Je les renvoie à une lecture assidue des premiers articles de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées pour en mesurer la gravité. Il ne s'agit pas seulement d'une infraction par commission mais aussi d'une infraction par omission. Et pour les cas de disparitions forcées, la justice ne se périme pas aisément. C'est une question qui a des implications internationales, car les disparitions forcées peuvent virer au crime contre l'humanité, justiciables de la Cour Pénale Internationale.
CONVENTION
INTERNATIONALE POUR LA PROTECTION DE TOUTES LES PERSONNES CONTRE LES DISPARITIONS FORCEES.
Article premier
1. Nul ne sera soumis à une disparition forcée.
2. Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit, qu'il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique intérieure ou de tout autre état d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la disparition forcée.
Article 2. Aux fins de la présente
Convention, on entend par disparition forcée l'arrestation, la détention, l'enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l'État ou par des personnes des groupes de personnes qui agissent avec l'autorisation, l'appui ou l'acquiescement de l'État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi.
Article 3. Tout Etat partie prend les mesures appropriées pour enquêter sur les agissements définis à l'article 2, qui sont l'ouvre de personnes ou de groupes de personnes agissant sans l'autorisation, l'appui ou l'acquiescement de l'Etat, et pour traduire les responsables en justice.
Article 4. Tout Etat partie prend les mesures nécessaires pour que la disparition forcée constitue une infraction au regard de son droit pénal.
Article 5. La pratique généralisée ou systématique de la disparition forcée constitue un crime contre l'humanité, tel qu'il est défini dans le droit international applicable, et entraine les conséquences prévues par ce droit.
Le Burkina Faso est Partie à la Convention et à même produit rapport à ce titre:
RAPPORT DU BURKINA FASO ELABORE CONFORMEMENT A L'ARTICLE 29 DE LA CONVENTION INTERNATIONALE POUR LA PROTECTION DE TOUTES LES PERSONNES CONTRE LES DISPARITIONS FORCEES
Demain, c'est à moi que vous ferez recours pour être défendus. Car je suis Avocat Je vous demande donc de me faciliter la tâche libérez Maître Hervé Kam et toutes les personnes arbitrairement retenues.
J'appelle à la vigilance rouge!