
Comme ça, l’attaque de l’ambassade de France à Ouagadougou, la première cible des terroristes le vendredi 2 mars 2018, n’aurait été que pure diversion… C’est en tout cas l’une des thèses avancées depuis hier sur RFI.
Une hypothèse, il est vrai, fort possible car les assaillants devaient savoir que la citadelle française ne serait pas facilement prenable. Mais en commençant là, leur attaque obligeait forcément nos forces de défense et de sécurité et leurs alliés à y concentrer l’essentiel de leurs efforts, laissant ainsi libre cours à la seconde équipe en route pour ce qui était la principale cible, à savoir l’état-major général des Armées.
En tout cas, diversion ou pas, le bilan, lui, est bien réel et bien triste puisque le décompte macabre révèle que sept de nos vaillants militaires et gendarmes sont tombés les armes à la main.
Quatre jours après l’impensable, on en est encore à se demander comment ces criminels ont pu ainsi profaner un sanctuaire comme celui-là, dont certains réclament déjà la délocalisation, qu’ils pensent être l’arme fatale contre ce genre de situation.
Il est vrai qu’encastré en plein cœur de la capitale, entre des immeubles abritant des banques, la SONABEL, un hôtel et la mairie, notre état-major est plutôt à l’étroit et que depuis son faîte, la vue n’est pas suffisamment dégagée pour permettre de voir venir tous ceux qui pourraient s’y aventurer.
La scène tragique de vendredi dernier eût été impensable sur un site plus dégagé. Et pourquoi d’ailleurs le général Oumarou Sadou et ses hommes n’emménageraient pas, à titre d’exemple, au camp Naaba Koom II libéré par l’ex-RSP en septembre 2015, après le coup d’Etat foireux du général Gilbert Diendéré ?
Mais au-delà de l’état-major, c’est peut-être même, d’une manière générale, l’emplacement de nos corps militaires qui pose désormais problème dans une ville comme Ouagadougou.
En attendant que ces « recasernements » s’opèrent ou pas, il importe que les autorités politiques, militaires et judiciaires communiquent davantage pour lever le voile sur les zones d’ombre qui persistent. Est-il vrai, par exemple, que parmi les assaillants il y avait des militaires (radiés ou pas) et si oui, qui étaient-ils ? Dans le même ordre d’idées, pourquoi cacher l’identité des terroristes ?
Comparaison n’est certes pas raison, mais en France après les attaques de Charlie Hebdo, de l’Hyper Casher ou du Bataclan, on n’a pas mis beaucoup de temps à savoir qu’Abdelhamid Abaoud, Salah et Brahim Abdeslam, Omar Ismail Mostefa, Amedy Coulibaly et les frères Kouachi (Cherif et Saïd) étaient derrière ces actes ignobles.
Des informations relayées sans que cela nuise outre mesure à l’avancée des enquêtes, contrairement à ce que l’on pourrait nous rétorquer ici au Faso, où tout semble relever du secret-défense. S’il est vrai que la plupart de ces renégats sont des Burkinabè, qu’on sache qui ils sont car si ça se trouve, leurs proches ne savent même pas qu’ils fricotaient avec la multinationale du terrorisme. Dans tous les cas, en ne communiquant pas on laisse libre cours à la rumeur, voire à l’intox.
H. Marie Ouédraogo
SOURCE: http://lobservateur.bf/