
La crise à la CENI est un risque de blocage de l’institution chargée d’un des fondamentaux de notre fragile processus démocratique, à savoir les élections honnêtes et transparentes.
I- Scènes du film :
1- Le 27 août 2018, le président de la CENI fait un tweet personnel pour annoncer la tenue du référendum ;
2- Le 28 août 2018, la Direction de la communication du MATD publie un communiqué pour annoncer qu’aucune date n’avait été arrêtée par le conseil des ministres seul habilité en la matière ;
3- Le 17 septembre 2018, tous les cinq commissaires représentant l’opposition à la CENI signent un mémorandum accusant entre autres la gestion solitaire autocratique du président de la CENI ;
4- En réponse au mémo des commissaires, le président anime une conférence de presse, le 25 septembre 2018 ;
5- Le 1er octobre 2018, les cinq commissaires réagissent par une déclaration de presse pour réaffirmer davantage leurs accusations ;
6- Le 30 octobre 2018, le président convoque une assemblée plénière sur un des points d’accusation par ses pairs à savoir le mode d’enrôlement des électeurs. Dès l’ouverture de la séance, il livre un message et quitte immédiatement la salle sans désigner un intérimaire pour la séance ;
7- Ce même jour 30 octobre 2018, sur les quinze commissaires que compte la CENI, quatorze signent un procès-verbal de cette plénière et saisissent le MATD ;
8- Le 2 novembre 2018, le président de la CENI revient à la plénière et la séance est renvoyée au 8 novembre 2018 ;
9- Le 8 novembre 2018, la plénière met en place une sous-commission ad hoc de réflexion sur le mode d’enrôlement des électeurs.
II- Critiques des scènes à ce stade :
1- Par son tweet, le président de la CENI a empiété non seulement sur une prérogative du gouvernement mais aussi sur le principe de collégialité des membres de la CENI ;
2- Par son communiqué de presse, le MATD a autorisé toute autre personne à fouetter ce président d’institution pour ses fautes ou erreurs ;
3- Par leur mémo, les commissaires ont porté sur la place publique des affaires qui pouvaient et devaient trouver leurs solutions lors d’assemblées plénières souveraines ;
4- En animant tout seul la conférence de presse, le président s’est certainement justifié publiquement mais s’est aussi, à l’instar des commissaires accusateurs, écarté de la voie règlementaire propice en de telles circonstances ;
5- La déclaration de presse des commissaires n’est que la confirmation de la crise interne qui n’a pas eue de solution en interne ;
6- Plutôt que de se retirer de la plénière, ça aurait été de la responsabilité pour le président de rester défendre son point de vue sur la question ;
7- La signature d’un procès-verbal par quatorze commissaires dont un P/O, interprétant l’attitude du président comme une démission de son poste, est révélatrice d’une situation préoccupante pour une institution comme la CENI ;
8- Le retour du président à la plénière est à saluer quelle que soit l’origine de l’initiative ;
9- Les conclusions de la plénière du 8 novembre 2018 sont de nature à calmer la situation. Dieu merci.
A ce stade, je croise les doigts pour un dénouement heureux au bonheur de la démocratie.
Ouagadougou, le 11 novembre 2018
Harouna DICKO