
L’audition du Général de Brigade Gilbert Diendéré a débuté ce lundi 26 novembre 2018 devant le Tribunal militaire de Ouagadougou. Les six premières heures de l’audition du présumé cerveau du coup de force de septembre 2015 ont été exclusivement consacrées à ce que lui-même qualifie de contexte ayant précédé les évènements. Contexte pourtant dans lequel le Président du Conseil national pour la démocratie (CND) charge longuement l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida.
9 heures 7 minutes. Gilbert Diendéré est appelé à la barre. L’ancien Chef d’Etat-major particulier de la Présidence du Faso pendant 21 ans a pour conseils la SCPA Somé et associés, Maître Yelkouni, Maître Bernard du Barreau de la Côte d’Ivoire et Maître Jean du Barreau du Togo. Né le 3 juillet 1958, l’ancien patron des renseignements au Burkina Faso est marié et père de deux enfants.
Commandeur de l’ordre national et décoré d’une dizaine de médailles, le Général Diendéré se dit jamais condamné. Dans cette affaire de putsch CND, le patron historique et père spirituel du régiment de sécurité présidentielle (RSP) est poursuivi pour cinq faits : attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, incitation à commettre des actes contraires à la discipline, entretien d’intelligence avec des forces extérieures dans le but de consommer l’attentat à la sûreté de l’Etat.
6 heures pour contextualiser les évènements de septembre 2015
A la question du Juge de savoir si le prévenu reconnaît les faits à lui reprochés, il prend la parole en commençant par saluer le Tribunal tout protocole respecté, s’incliner devant la mémoire des disparus et souhaiter prompt rétablissement aux blessés.
« Je n’ai ni planifié, ni commandité, ni organisé, ni exécuté ce que d’aucuns appellent coup d’Etat. J’ai assumé une situation donnée sur conseils des sages médiateurs et sur accord de la haute hiérarchie militaire. J’ai posé des actes dont les qualificatifs peuvent être discutés en droit », a-t-il déclaré sans dire formellement s’il plaide coupable ou non.
Considéré comme le « Grand Officier militaire qui sait tout, mais qui ne dira rien », le Général Diendéré s’est pourtant expliqué ce 26 novembre 2018. A l’entendre, le 16 septembre 2015, des éléments du RSP ont fait irruption dans la salle du Conseil des ministres, interpellant des autorités de la Transition. Et que devant cette situation, une réunion de la hiérarchie militaire a été organisée notamment en présence de l’ancien Président du Faso, Jean Baptiste Ouédraogo, et de Monseigneur Paul Ouédraogo.
« Moi-même, je n’ai pas été associé au départ »…
« En raison de la vacance du pouvoir, il a été proposé à l’armée d’assurer la gestion du pouvoir. Cette version n’a pas été contestée par la haute hiérarchie militaire. C’est suite à cela que je me suis proposé. Moi-même, je n’ai pas été associé au départ. Si on devait laisser les Officiers et Sous-Officiers gérer le pouvoir, ça n’allait pas être une bonne chose », a-t-il indiqué avant d’ajouter qu’il a assumé le coup de force afin d’éviter un bain de sang.
Pour Gilbert Diendéré, la situation a été créée pour une bonne cause, même s’il dit ne pas vouloir justifier le coup d’Etat. « Les soldats du RSP n’ont pas avalé du Tramadol pour le faire. Ils l’ont fait parce qu’il y avait une situation. Yacouba Isaac Zida voulait contrôler les démembrements de la société et de l’administration », a-t-il déploré.
A en croire les dires du Général à la barre, l’ancien Premier ministre voulait non seulement prolonger la date des élections de 2015, mais faisait des nominations de complaisance, et surtout avait des accointances avec des OSC. « Zida avait voulu mettre l’armée à son pas. Il voulait que l’armée suive sa volonté, sa volonté de diviser pour mieux régner. Comme il n’arrivait pas à contrôler le Corps, il a financé des OSC et organisé des campagnes de dénigrements et de d’intoxication du RSP et du Général Diendéré », a désapprouvé « Golf ».
Son audition suspendue vers 17h 15 se poursuit demain 27 novembre 2018 à 9h. Le présumé cerveau du coup de force de septembre 2015 continuera avec la narration de sa version des faits avant de répondre aux questions des différentes parties prenantes dans ce procès.
Noufou KINDO et Ignace Ismaël NABOLE
Burkina 24