
Le très attendu jugement de la Haute Cour du Kenya sur la constitutionnalité de lois criminalisant l’homosexualité a été reporté au mois de mai, a annoncé vendredi un des juges, évoquant une masse de travail importante.
“La pile de dossiers est plus haute que moi”, a justifié Chacha Mwita, un des juges travaillant sur cette affaire, soulignant par ailleurs qu’un de ses collègues est en congé et que les trois juges dans ce dossier ont également été assignés à de nombreuses autres affaires.
“Nous prévoyons de nous voir en avril, si tout va bien, afin de voir si nous pouvons parvenir à une décision”, a-t-il ajouté en salle d’audience, avant de fixer la nouvelle date du jugement au 24 mai.
"Nous prévoyons de nous voir en avril, si tout va bien, afin de voir si nous pouvons parvenir à une décision.
La Haute Cour du Kenya a été saisie en 2016 par des organisations de défense des homosexuels, qui demandent que soient abrogées des lois datant de l‘époque coloniale criminalisant l’homosexualité.
Une section du code pénal kényan prévoit que quiconque a une “connaissance charnelle… contre l’ordre naturel” peut être emprisonné 14 ans, tandis qu’une autre prévoit cinq ans de prison pour les “pratiques indécentes entre hommes”.
Les plaignants estiment que les sections du code pénal sur l’homosexualité sont en directe contradiction avec la constitution adoptée en 2010, qui prévoit l‘égalité des citoyens devant la loi.
Des condamnations rares
Le Conseil national des droits de l’homme pour les gays et lesbiennes (NGLHRC), un des signataires de l’action en justice, a réagi sur Twitter au report de ce jugement très attendu, assurant que “dire que nous sommes déçu est un euphémisme”.
Les défenseurs des droits des homosexuels reconnaissent que les condamnations en vertu de ces lois sont rares, mais ils estiment que ces législations prévoyant de lourdes peines de prison pour des actes sexuels “contre l’ordre naturel” sont anticonstitutionnelles et cautionnent certains actes de persécution contre les LGBT.
Le jugement de vendredi s’inscrit par ailleurs dans un contexte africain plus large, l’homosexualité étant encore illégale dans plus de la moitié des pays du continent, et parfois même passible de la peine de mort.
En 2015, les lois anti-homosexuels ont été abolies au Mozambique tandis que l’Angola a décriminalisé l’homosexualité en janvier. Au Botswana, une procédure judiciaire contre ce type de loi devrait être entendue en mars.
AFP
Le plus grand festival de cinéma africain, le Fespaco de Ouagadougou, célèbre à partir de samedi son cinquantenaire, avec pour thème "la mémoire et l'avenir" du 7e art sur le continent, dans un contexte tendu par la multiplication des attaques jihadistes au Burkina Faso.
Quelque 165 films ont été sélectionnés pour cette 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), dont 20 longs métrages de fiction en compétition pour l'Etalon d'or de Yennenga, la récompense suprême.
Pendant huit jours, du 23 février au 2 mars, le festival présentera aussi courts métrages, documentaires, séries télé, films d'animation, ainsi que des films d'écoles africaines de cinéma, en compétition dans les différentes
sections.
Parmi les longs métrages en compétition sont attendus notamment le film kényan "Rafiki", de Wanuri Kahiu, sélectionné à Cannes et un temps interdit de diffusion dans son pays en 2018 parce qu'il raconte un amour lesbien, ainsi que "Desrances", le nouveau film de la Burkinabè Apolline Traore - remarqué en 2017 pour "Frontières" - sur la crise postélectorale ivoirienne de 2010-11.
Outre 4.500 professionnels, les organisateurs attendent 100.000 spectateurs lors des 450 projections prévues dans neuf salles de cinéma de la capitale burkinabè, mais aussi à Bobo Dioulasso et à Ouahigouya, les deux autres principales villes du pays.
Pour cette édition du cinquantenaire, le délégué général du Fespaco Adiouma Soma souhaite "revenir aux fondamentaux du festival" avec des projections ambulantes dans les quartiers populaires de Ouagadougou", afin que le public "puisse suivre le maximum de films, et que les cinéastes puissent véritablement aller à la rencontre de leur public".
Des rétrospectives des classiques du cinéma africain et des films lauréats de l'Etalon d'Or seront diffusés lors de ces séances ambulantes.
Une grande opération de nettoyage des principales avenues de la capitale s'est poursuivie jeudi et le siège du Fespaco grouillait déjà de festivaliers venus chercher leurs accréditations.
- Festival sous tension -
Depuis sa fondation en 1969, le Fespaco - devenu biennal en 1979 - s'est imposé à la fois comme la principale manifestation internationale pour les professionnels du 7e art africain et de sa diaspora, et comme une grande fête populaire.
Mais plus encore qu'en 2017, le festival se tient cette année sous tension, avec la crainte d'une nouvelle attaque jihadiste.
Les habitants de Ouagadougou restent marqués par trois attaques en trois ans contre la capitale, de 2016 à 2018, ayant fait au total près de 60 morts. Deux de ces attaques ont visé particulièrement des hôtels et restaurants fréquentés par des Occidentaux.
Depuis qu'elles ont débuté il y a quatre ans, les attaques islamistes au Burkina sont d'intensité croissante. Depuis début décembre, une quinzaine ont été perpétrées, visant les régions du nord et de l'est du pays, tuant 80 personnes, civils et membres des forces de l'ordre.
Ces dernières semblent impuissantes à enrayer ce déferlement de violences.
Soucieux de rassurer public et professionnels sur la sécurité de la seule manifestation de rayonnement mondial de ce pays sahélien très pauvre, le ministre burkinabè de la Culture, Abdoul Karim Sango, a assuré que "le gouvernement prendra toutes les dispositions" nécessaires.
Ainsi, 2.000 membres des forces de sécurité ont été mobilisés, a annoncé jeudi le commissaire Joseph Toni, président de la commission sécurité du Fespaco, pour des patrouilles jour et nuit, "la surveillance des hôtels, des lieux de manifestations, des salles de cinéma", où des "contrôles rigoureux et des fouilles systématiques" seront effectués.
La cérémonie d'ouverture du festival se déroulera au Stade municipal qui compte 25.000 places.
Au terme des sept jours de projections, le jury du Fespaco, présidé par l'universitaire et critique de cinéma algérien Ahmed Bedjaoui devra désigner, parmi les 20 longs métrages venant de 16 pays, lequel succédera au palmarès à "Félicité" d'Alain Gomis, primé en 2017.
En marge du Fespaco se tiendra le 19e Mica, le Marché international du cinéma et de la télévision africains, une bourse de programmes audiovisuels africains et sur l'Afrique ouverte aux professionnels.