
Cette seconde édition du FARA est riche sans être clinquante, consciente sans tomber dans le pathos. Si elle est placée sous un titre emblématique « L’homme au centre de nos intérêts » chacun a su s’emparer de ce thème pour se l’approprier, parfois le dévoyer en toute intelligence et le rendre vivant sans tomber dans une banalité ou des excès de zèle. L’humanisme est ici l’expression de chacun des jeunes créateurs dans une mise en perspective où chacun trace sa voie.
La résidence « La Maison de l’Artiste » s’est mise au diapason de ces jeunes talents qui nous renvoient les images d’une Afrique qu’ils aiment ou qu’ils rêvent.
Ils sont tous aussi lumineux que les étoiles d’une nuit sans fin où chacun raconte son histoire, ses mythologies d’un temps présent mais non figé. Il y a des sculptures tourbillonnantes d’ingéniosité, des visions d’un Kinshasa réinventé. Il y a de l’impertinence politique sans être partisane. Il y a des références aux racines d’une Afrique qui exhale sa nature profonde.
Il y a tout, absolument tout ce que nous pourrions imaginer avec des propositions aussi insolites que philosophiques d’un plasticien français que l’Afrique a happé. Il y a même des voyages au long cours qui lient les Caraïbes au continent nourricier.
Dans la nuit tchadienne la destinée s’empare de pas incertains et ensorcelants tandis qu’au Mali chacun rit de ce monde en décomposition.
Au Bénin la technologie flirte avec des statues dont l’épure s’habille de couleurs et motifs symboliques.
Des totems ivoiriens semblent interpeller leurs frères indiens avec autant de solennité que de simplicité tandis qu’une mosaïque de nattages reflète les pixels d’hypothétiques objectifs.
Plus loin l’homme héros est sacralisé tel un Superman qui aurait déserté Hollywood pour se comparer au roi de la savane. La matière est diverse et parfois improbable. Qui aurait dit que des CD aussi rutilants que des miroirs nous renverraient des images où le corps devient un objet de culte sensuel et intime.
Qui aurait pensé que des épingles étincelantes côtoieraient des personnages aussi chaleureux que somptueux. Quelque part dans le village enfants et adultes forment une cohue joyeuse, animée où la palabre crée du lien social. La rue baignée de lumière exhale ses couleurs loin d’autres villes plus énigmatiques qu’ombrageuses.
Les ocres du Burkina rappellent que de ces terres de grands hommes ont veillé sous des lueurs où l’humanité dépassait les frontières.