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RADIO TANKONNON

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5 ans après Charlie Hebdo et l'Hypercacher, qui sont les accusés en attente d'être jugés?

Publié par RADIO TAN KONNON sur 7 Janvier 2020, 12:34pm

Catégories : #ACTUALITE

Au mois de mai prochain, soit cinq ans et demi après les événements meurtriers de Paris, Montrouge et Dammartin-en-Goële, quatorze personnes comparaîtront devant la justice.

Le 7 janvier 2015, l'attaque terroriste menée contre la rédaction de Charlie Hebdo par les frères Kouachi a fait douze victimes et marqué le début d'une vague d'attentats sur le sol français.

TERRORISME - Le choc, l’incompréhension et l’angoisse. Il y a cinq ans, dans les premières heures de l’année 2015, la France est restée abasourdie trois jours durant. À la rédaction parisienne de Charlie Hebdo, dans les rues de Montrouge, à l’Hypercacher de la Porte de Vincennes et dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, un pays entier a suivi l’escapade meurtrière de trois terroristes.

Au cours de ces trois jours faits d’attaques, de cavale et de prises d’otage, dix-sept personnes seront tuées. Douze dans les locaux du journal satirique et aux alentours, une jeune policière municipale à Montrouge et quatre clients dans les locaux du supermarché cacher du 20e arrondissement.

Cinq ans plus tard, alors que la France commémore ces victimes, des explications sont encore attendues quant à la préparation de ces actes terroristes et aux complicités dont ont bénéficié leurs exécutants.

Plusieurs accusés en fuite, et peut-être décédés

Elles pourraient être livrées autour d’un procès très attendu -le premier pour un attentat terroriste depuis celui d’Abdelkader Merah en 2017-, et qui se déroulera du 4 mai au 10 juillet prochain devant une cour d’assises spéciale (ainsi nommée parce qu’elle n’est composée que de magistrats professionnels -au lieu de jurés- et qu’elle est la seule compétente dans ce genre de dossier). Il sera organisé au tribunal de Paris, porte de Clichy plutôt que sur l’Île de la Cité, pour des raisons logistiques.

Comme l’a annoncé le parquet de Paris fin 2018, quatorze personnes doivent être jugées, dont certaines seront absentes puisqu’en fuite, voire décédées. Toutes sont soupçonnées par les enquêteurs d’avoir aidé, à des degrés divers, l’entreprise terroriste de Chérif et Saïd Kouachi, et de leur complice Amedy Coulibaly.

Sur ces quatorze individus, trois sont donc dans la nature, et pas des moindres. Il y a d’abord la compagne d’Amedy Coulibaly, la dénommée Hayat Boumeddiene. Quelques jours avant que son conjoint passe à l’acte en assassinant Clarissa Jean-Philippe puis en prenant d’assaut l’Hypercacher de la porte de Vincennes, la jeune femme avait effectivement fui en Turquie, puis en Syrie. Là-bas, elle pourrait avoir été tuée début 2019 dans une frappe de l’armée américaine, ce qu’aucune source officielle n’a encore confirmé.

Amedy Coulibaly au centre de la toile

Pour quitter le territoire français, elle aurait été aidée par les frères Belhoucine, eux aussi accusés au cours du procès qui s’ouvrira en mai, et également évaporés dans la nature. Deux personnages centraux dans la préparation des attentats de janvier 2015. Mohamed Belhoucine, le plus vieux des deux, est ainsi considéré comme le mentor d’Amedy Coulibaly. C’est même lui qui aurait, selon des informations du Monde, écrit le texte d’allégeance à l’organisation terroriste État islamique lu par le tueur de l’Hypercacher dans une vidéo de revendication enregistrée a priori.

Avec son frère Mehdi, ils auraient été cœur de l’organisation des attaques parisiennes, mettant notamment en relation Amedy Coulibaly avec les cerveaux des attentats, qui opéraient, eux, depuis la zone irako-syrienne. Mais Mohamed et Mehdi Belhoucine ne seront donc pas sur le banc des accusés lors du procès. En 2016, la défunte émission de Canal+ “Le Petit Journal” avait annoncé leur décès à la suite de combat en Syrie, information corroborée à l’époque par plusieurs sources officielles.

En 2010, Mohamed Belhoucine avait été arrêté puis condamné à de la prison ferme pour avoir contribué à une filière jihadiste qui envoyait d’apprentis combattants vers le Pakistan et l’Afghanistan à la fin des années 2000. Ce lundi 6 janvier 2020, il était en centre d’un procès du même genre visant l’envoi d’aspirants jihadistes vers les territoires contrôlés par Daech au milieu des années 2010.

De multiples complices et intermédiaires

Mohamed Belhoucine est d’ailleurs, pour son implication, l’un des deux hommes du procès des attentats de janvier 2015 à être concerné par les charges les plus lourdes: “complicité de crime”. L’autre s’appelle Ali Riza Polat, là encore un proche d’Amedy Coulibaly, décidément au cœur de l’entreprise meurtrière d’il y a cinq ans. Selon l’enquête, cet homme était même le bras droit du terroriste de l’Hypercacher.

Adhérant à l’idéologie du jihad armé, selon les enquêteurs, ce franco-turc d’aujourd’hui 34 ans et placé en détention depuis 2015 aurait préparé le projet d’attentat très tôt au côté de son ami de jeunesse. Il est soupçonné d’avoir œuvré à l’obtention des armes utilisées par Amedy Coulibaly, mais aussi par les frères Kouachi. Comme Hayat Boumedienne, il aurait enfin été impliqué dans diverses entreprises criminelles destinées à lever des fonds pour financer les attaques et leur préparation.

Dans la liste des accusés, viennent ensuite Mohamed Fares et Nezar Pastor Alwatik (aussi identifié sous le nom de Michaël Alwatik). Deux hommes qui sont poursuivis aux motifs “d’association de malfaiteurs terroriste criminelle” et “d’acquisition, détention et cession d’armes”.  D’après les enquêteurs, ils auraient eux aussi été impliqués dans l’acquisition des armes utilisées, et des traces ADN ont été retrouvées notamment sur du matériel utilisé à l’Hypercacher.

D’autres procès à venir

Comme eux, une ribambelle d’intermédiaires présumés seront sur le banc des accusés: l’ami de toujours de Coulibaly Willy Prévost, Saïd Makhlouf, le Belge Metin Karasular, Michel Catino, Abdelaziz Abbad, Miguel Martinez et Amar Ramdani. Tous auraient, d’après les éléments collectés au cours de l’enquête, contribué d’une manière ou d’une autre à l’entreprise terrorise. Ils sont d’ailleurs poursuivis pour “association de malfaiteurs terroriste criminelle”. Aide portée à Hayat Boumeddiene dans sa fuite, obtention d’armes, échanges de centaines de SMS avec les terroristes, vente de véhicules aux assaillants... Chacun devra répondre de ses actes présumés devant la justice.

Un quatorzième prévenu, Christophe Raumel, échappe lui à la qualification “terroriste”. Suspecté d’avoir acheté des armes à Amedy Coulibaly et de lui avoir fourni, avec d’autres accusés, une voiture, il ne l’aurait fait que pour des motifs criminels, au contraire des autres prévenus.

 Au-delà de ces quatorze suspects, une dernière personne pourrait être inquiétée dans le futur. Il s’agit de Peter Cherif, figure bien connue du jihadisme français passée par la prison d’Abou Ghraïb et capturé fin 2018 après des années de cavale. Mis en examen pour ses activités au Yémen au sein d’Aqpa (Al-Qaïda dans la péninsule arabique), qui avait revendiqué l’attentat contre Charlie Hebdo, il purge en attendant d’être à nouveau jugé une peine pour avoir combattu en Irak dans les années 2000. La preuve s’il en fallait que le tentaculaire dossier des attentats de 2015 est encore loin d’être bouclé, cinq ans après les faits.

Par Paul Guyonnet

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