Vingt-quatre heures après avoir renversé Alpha Condé, Mamady Doumbouya et ses hommes avaient convoqué les anciens membres du gouvernement ce lundi.
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Aucun ne manquait à l’appel. Ni l’ex-Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, ni l’ancien puissant ministre de la Défense, Mohamed Diané, ni l’ex-secrétaire général de la présidence, Kiridi Bangoura, ni même l’ancien porte-parole du gouvernement, Tibou Kamara… Tous ont répondu à la convocation qui leur a été signifiée la veille. « Tout refus de se présenter sera considéré comme une rébellion », avaient de toute façon prévenu les putschistes. Les commandants militaires, chefs de la police et de la gendarmerie avaient eux aussi répondu à l’injonction.
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C’est dans une tente située sur l’esplanade du palais du Peuple, à quelques mètres du bâtiment dans lequel le Groupement des forces spéciales a installé son quartier général depuis quelques mois, que les anciens ministres et chefs d’institutions ont été accueillis.
Depuis l’arrestation du président Alpha Condé, le 5 septembre, c’est là qu’est le cœur du pouvoir. Selon nos informations, c’est aussi là qu’a été conduit Alpha Condé dimanche soir, après sa destitution. Certaines sources affirment qu’il a depuis été emmené dans un autre lieu pour l’instant tenu secret.
Passeports confisqués
À 11h30, le chef des putschistes fait son entrée devant une foule de curieux. Les anciens officiels sont silencieux. Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, commandant des forces spéciales et tombeur d’Alpha Condé, est expéditif : en seulement cinq minutes, il annonce que tout sera fait pour que l’activité économique continue. Dans les zones minières, le couvre-feu est levé et les frontières maritimes sont rouvertes pour permettre le commerce.
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Il prend tout de même le temps d’un petit coup de griffe, insistant sur le fait que « le peuple a souffert du comportement peu honorable de ceux qu’on appelle ses élites », mais assure qu’il « n’y aura aucun esprit de haine, ni de vengeance [ni] de chasse aux sorcières. » Tous sont interdits de déplacement, sommés de remettre leurs passeports et leurs véhicules de fonction à la junte.
Ils sont alors conduits dans une salle annexe, placée sous haute surveillance. Consigne est donnée que personne n’entre ou ne sorte. Ont-ils été arrêtés ? Sont-ils seulement retenus temporairement ? Mamady Doumbouya n’en dit pas plus, il n’est déjà plus là, parti s’offrir un bain de foule à travers la ville.
Le suspense sera néanmoins de courte durée. Quelques instants plus tard, les ministres qui ont obtempéré ont tous été relâchés. Les voici libres de regagner leur domicile que les nouveaux maîtres du pays se sont engagés à sécuriser.
Diawo Barry
JEUNE AFRIQUE