Pour le numéro deux de la junte, chef des très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide, « la situation ne fait qu’empirer » depuis octobre 2021.
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Le numéro deux du pouvoir militaire au Soudan, Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemetti », a estimé, lundi 1er août au soir, que le putsch d’octobre 2021 avait « échoué à apporter le changement ». « Et la situation ne fait qu’empirer », a affirmé le patron des très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en tenue de général, dans un entretien diffusé par la BBC en arabe. « Bien sûr qu’il y a des points positifs, mais il y a aussi des points négatifs », a-t-il poursuivi, citant notamment l’arrêt de l’aide internationale (2 milliards de dollars par an) et les manifestants tués (au moins 116 abattus par les forces de sécurité depuis le putsch, selon des médecins pro-démocratie).
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Interrogé sur une possible candidature lors des élections générales que promet le nouveau pouvoir dirigé par le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Bourhane, en juillet 2023, le général Daglo a refusé de dire, à l’instar du général Bourhane, qu’il ne se présenterait pas. « Je n’ai pas pour ambition de me présenter […] mais si on voit que le Soudan se dirige vers le gouffre, on sera là, on fait partie du peuple soudanais », a-t-il dit, alors que les experts pointent souvent du doigt la compétition entre l’armée et les paramilitaires – et surtout entre leurs chefs respectifs au sein même du pouvoir militaire.
Marasme politique et économique
Composées de miliciens janjawids accusés d’atrocités lors de la longue et meurtrière guerre au Darfour (ouest), les FSR ont aussi été accusées d’être impliquées dans la répression de la révolte de 2019 qui mit fin à trente ans de dictature militaro-islamiste d’Omar al-Bachir et lança une transition menée main dans la main par des civils et des militaires. Mais depuis que les généraux ont brutalement limogé leurs partenaires civils, le 25 octobre 2021, le Soudan, déjà l’un des pays les plus pauvres au monde, ne cesse de s’enfoncer dans le marasme politique et économique.
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La valeur de la livre soudanaise a été divisée par huit depuis la chute de Bachir, le pays est de nouveau au ban des nations après avoir entraperçu une levée des sanctions américaines, l’inflation caracole à 200 % et, selon le Programme alimentaire mondial (PAM), le prix du panier alimentaire moyen a augmenté de 57,8 % depuis le début de l’année.
Début juillet, le général Bourhane a dit s’engager à s’effacer devant un gouvernement civil, sans convaincre les manifestants, qui continuent de crier « A bas Bourhane » par milliers. Les partis politiques, eux, restent divisés face à l’attitude à adopter vis-à-vis de l’armée, aux commandes du Soudan quasiment toujours depuis l’indépendance.
Le Monde avec AFP