SURPRISE. Les Lions indomptables ont bien mérité leur surnom et ont dévoré les Fennecs algériens dans leur fief jusque-là imprenable de Blida.
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Stupeur à Blida. L'Algérie, qui a brisé l'invincibilité des Lions indomptables remontant à 1998 et les éliminatoires de la CAN 2000 (défaite 3-1) face au Ghana, s'est inclinée et a laissé filer entre les doigts une place pour la Coupe du monde. Le Cameroun, pourtant dos au mur après le match aller, lui a rendu la pareille en devenant la première équipe à s'imposer à Blida depuis 2004 et après plus de 40 matchs sans défaite des Fennecs. Un match au scénario dramatique alors que les Fennecs étaient pourtant à quelques minutes de la qualification.
La résilience camerounaise
Après un match manqué sur son sol vendredi dernier, le Cameroun devait réagir. Le sélectionneur Rigobert Song confiait d'ailleurs que des enseignements seraient tirés afin de s'ajuster pour le match retour. Chose due, chose faite, en dépit des absences de Zambo-Anguissa, Moumi Ngamaleu et Vincent Aboubakar, finalement remplaçant et entré en jeu en fin de prolongations. Cette victoire confirme l'état d'esprit qui doit prédominer dans une équipe nationale dont l'ADN est cet état d'esprit compétiteur. Le Cameroun est de ces équipes difficilement intimidées ou impressionnées par l'atmosphère lorsqu'elles évoluent à l'extérieur, et cette mentalité de siège est typique de cette sélection toujours capable de se sublimer face à l'adversité, les crises internes ou autres difficultés. Signe de cet état d'esprit, la performance XXL de son gardien de but de l'Ajax, André Onana, dont les dernières sorties étaient contestées ces derniers temps. Dernièrement en difficulté dans une configuration où il n'avait pas forcément à réaliser beaucoup d'arrêts, il a été hier dans la configuration type d'un excellent gardien de but camerounais : le point d'ancrage d'une défense très sollicitée, registre dans lequel il a montré son meilleur visage et a joué à son potentiel insoupçonné.
« Quand tu sais que tu es en danger, tu n'es plus en danger. C'est quand tu ne sais pas que tu es en danger que tu es en danger. C'est de ça qu'il s'agit », disait Rigobert Song en prélude du match retour, une citation qui restera sans doute dans les annales. Cela a mis la pression sur l'équipe d'Algérie qui après sa victoire pouvait s'imaginer avoir accompli le plus difficile, mais c'est sans compter sur ce savoir-faire camerounais. Après le but de l'égalisation d'Ahmed Touba à la 118e minute, beaucoup auraient accepté la défaite. Mais les Camerounais y ont cru et, signe du destin, les tentatives de gain de temps de la part des Algériens ont joué en leur faveur et ont permis aux Lions indomptables de disposer de quelques minutes additionnelles, au cours desquelles Toko Ekambi n'a pas flanché devant l'opportunité de gâcher la fête qui s'annonçait. Cette victoire symbolise aussi le pari risqué mais réussi pour Samuel Eto'o, qui, après son choix de changer d'entraîneur juste après la CAN, était attendu au tournant avec les barrages alors que le nouvel entraîneur ne disposerait pas de matchs de préparation. Son équipe désormais qualifiée pour la Coupe du monde, Rigobert Song a gagné l'opportunité de bénéficier du temps supplémentaire pour mieux la connaître et consolider son potentiel, à plus de sept mois de la compétition. Comme il l'a précisé, son prédécesseur a effectué un très bon travail et a laissé sa disposition une belle équipe, la qualification pour la Coupe du monde assurée. Il est désormais temps pour Coach Rigo de préparer la prochaine étape: la consolidation de l'équipe afin d'optimiser l'héritage légué par Antonio Conceicao.
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Belmadi démissionne, la fin d'une ère
Aussitôt éliminé, aussitôt démissionnaire. Belmadi l'avait signalé, il a tenu parole: en cas d'élimination, il prendra ses responsabilités. C'est chose faite, le grand artisan de la victoire de l'Algérie à la CAN 2019 ne sera plus le sélectionneur de l'équipe d'Algérie. Alors qu'il faisait de la Coupe du monde une priorité depuis plus d'un an, tout s'est effondré en l'espace de quelques mois, venant apporter une tache noire à un parcours indéniablement réussi à la tête de la sélection algérienne. Le début de la fin de son cycle a peut-être paradoxalement été l'incroyable série de 35 matchs sans défaite réalisée par son équipe. Dans un contexte où les Fennecs ont toujours eu les ressources de sauver des rencontres où ils ont pu être en grande difficulté et auraient pu s'incliner, le fait de ne pas perdre a peut-être inconsciemment installé l'équipe dans une forme de confiance extrême en ses capacités de réactions une fois le dos au mur.
La victoire, bien que toujours essentielle, a cet effet contre-productif de rendre l'autocritique et la remise en question très difficiles étant donné le fameux dicton « On ne change pas une équipe qui gagne ». Raison pour laquelle l'Algérie était en réalité son propre adversaire. Bien que les difficultés affichées soient pour le moins dans la continuité de certains matchs précédant la CAN, à l'image deux matchs nuls réalisés face au Burkina Faso lors de la dernière journée de la 2e phase des éliminatoires de la Coupe du monde, le manque de réussite affiché depuis la CAN 2021 est en total contraste avec ce dont l'équipe a pu bénéficier dans des périodes difficiles. L'attaque, où Belaïli a longtemps marché sur l'eau, est de plus en plus poussive et l'a été durant la Coupe d'Afrique, où il a été très difficile pour le vainqueur 2019 de la CAN de s'imposer face à des blocs bas. Devant repartir sur une nouvelle base, avec un nouvel entraîneur, l'après-Belmadi sera un héritage lourd à porter pour n'importe quel sélectionneur et, avec les échéances qui arrivent, il sera intéressant de suivre la direction que prendra l'équipe nationale dans les mois à venir. Son successeur pourrait être nul autre que l'ancien défenseur des Glasgow Rangers Madjid Bougherra, déjà sélectionneur de l'équipe algérienne et vainqueur de la Coupe arabe en 2021.
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Par Abdoulaye A. Sall
SOURCE: LE POINT.FR