Depuis le 07 octobre, à la suite d’une attaque meurtrière du Hamas contre l’Israël, le Proche-Orient est plongé à nouveau dans une guerre aux implications géopolitiques majeures entre l’Israël et la Palestine. L’altermondialiste et ancienne ministre de la Culture du Mali livre sa lecture de la situation à Gaza.
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En effet, lors d’un entretien diffusé le 26 octobre au Journal Télévisé d’une chaine de télévision internationale, la sociologue et écrivaine malienne Aminata Dramane Traoré, prenant appui sur l’histoire, laisse entendre que ce qui se passe en Palestine n’est ni moins ni plus qu’un « processus de colonisation, d’apartheid et de racisme ». Pour elle, il faut que cela cesse.
Palestine et Israël, des Etats prisonniers
Dans son discours sur la Palestine, dit-elle, Nelson Mandela disait : « L’apartheid qui nous était insupportable pour l’Afrique du Sud l’est tout autant pour la Palestine ». Il dit également qu’un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de sa haine.
Si Gaza est une prison gigantesque à ciel ouvert, l’Etat d’Israël l’est tout autant parce qu’il est prisonnier de sa haine. Et c’est cette haine qui nous terrorise aujourd’hui, c’est cette haine qui est insupportable, soutient l’ancien ministre de la culture du Mali.
Le Hamas et la cause palestinienne
A la question de savoir si les attaques du Hamas ont-elles finalement desservi la cause palestinienne, l’intellectuelle Aminata Dramane Traoré a laissé entendre que la violence fait appelle à la violence. A ce titre, elle cite Boris Boubacar Diop qui dit que : « De tant de haine complaisamment étalé, il ne pouvait naitre un jour ou l’autre qu’une violence inouïe. ».
Nous y sommes, dit-elle. Pour elle, la stratégie ne doit pas être œil pour œil, dent pour dent. Mais elle estime toutefois que c’est bien clair que quelque chose de cette nature est à appréhender.
Il faut mettre fin à la colonisation en Palestine
Elle dit ne pas savoir jusqu’où aller dans la résistance. Toutefois elle met en avant un certain nombre d’interrogations : jusqu’où aller dans la violence contre les palestiniens ? Et jusqu’où cette situation pourrait durer indéfiniment ? Il est clair, selon elle, qu’on doit compatir et condamner les tueries perpétrées par Hamas, mais pour autant, il ne faudrait pas oublier non plus l’histoire. L’histoire de la Palestine ne commence pas avec l’attaque du Hamas le 07 octobre, constate-t-elle. Pour elle, il faut se référer à l’histoire.
Elle estime en outre que le débat de forme sur la qualification du Hamas est entrain de prendre le pas sur le débat de fond qui est principalement celui de la fin de la colonisation et de l’apartheid en Palestine.
Le Hamas, une organisation terroriste ?
A cette question, elle dit s’interroger surtout sur la question du terrorisme parce que pour elle le terrorisme n’est rien d’autre qu’un mode opératoire. Ce n’est pas une identité. A partir de quand et qui qualifie les actes posés de terroristes ou pas ?
Le Mali est un cas d’école, selon elle. Il nous a été servi, dit-elle, un narratif comme le cas du Hamas actuellement, et on est obligé de s’en tenir à cela. Ensuite elle dit constater que, lors de sa visite à Cisjordanie, le président français Emmanuel Macron veut faire élargir le débat sur cette tragédie à ce qui se passe aujourd’hui au Sahel.
« Nous, nous veillons à ce qu’il n’y ait pas d’amalgame. Qu’on ne nous dise pas que le combat du Hamas est le même que celui du Daesh. Ce n’est pas du tout la même histoire » souligne-t-elle.
La cause palestinienne est une cause africaine
Selon elle, la cause palestinienne demeure une cause africaine parce que c’est un processus de colonisation, d’apartheid, de racisme.
« Le sort infligé au peuple frère de Palestine, nous nous reconnaissons dans ce sort. Mais pour autant, ce qui se dit autour de moi à savoir est-ce que les autres peuples se reconnaissent dans le sort des africains, à ce titre, je suis d’accord avec le président Macron : une vie humaine est une vie humaine. Celle des palestiniens vaut bien celle des israéliens. Nous voulons que les puissants de ce monde lient l’acte à la parole ».
Source : Analyse de la semaine