Dans une démarche sans précédent, l'Ordre des Avocats du Burkina Faso, sous la direction du Bâtonnier Siaka Niamba, a annoncé dans une note officielle un arrêt de travail de 120 heures, débutant ce mardi 4 juin 2024 et s'étendant sur l'ensemble du territoire national. Cette décision, prise à l'issue d'une assemblée générale tenue le lundi 3 juin 2024, vise à attirer l'attention des autorités sur plusieurs préoccupations cruciales relatives au respect des règles de procédure pénale, à l'application de normes professionnelles internationales et à l'exécution des décisions de justice par l'État.
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L'annonce de cet arrêt de travail survient dans un contexte tendu, marqué par la détention de Me Guy Hervé Kam, avocat accusé de "complot contre la sûreté de l'État et association de malfaiteurs" et placé sous mandat de dépôt à la Maison d'Arrêt et de Correction des Armées (MACA). La conférence de presse du parquet militaire visant à clarifier les motifs de cette détention a suscité une réaction ferme de la part du collectif des avocats, qui réclame la libération immédiate de leur confrère ainsi que de toutes les personnes détenues illégalement.
Dans sa note, l'Ordre des Avocats exprime des préoccupations majeures quant au respect des règles régissant la procédure pénale au Burkina Faso, notamment à l'égard de toute personne mise en cause. De plus, il soulève l'importance de l'application de l'article 6 du Règlement N° 05/CM/UEMOA du 25 septembre 2014, qui concerne l'harmonisation des règles régissant la profession d'avocat dans l'espace UEMOA. Enfin, il insiste sur le respect et l'exécution des décisions de justice par l'État, garant fondamental de l'État de droit.
Pendant les 120 heures de cet arrêt de travail, les avocats sont appelés à s'abstenir d'occuper ou de participer aux audiences devant toutes les juridictions sans exception, ainsi que devant les organismes à caractère juridictionnel. Cette action collective vise à mettre en lumière les préoccupations légitimes de la profession quant au respect des droits fondamentaux et à l'indépendance de la justice.
Dans un pays où la lutte pour les droits et la justice est un enjeu central, cet arrêt de travail des avocats souligne l'engagement inébranlable de la profession à défendre les principes démocratiques et les valeurs universelles de l'État de droit. Il constitue également un rappel puissant de l'importance cruciale du rôle des avocats dans la protection des droits fondamentaux et dans la lutte contre toute forme d'arbitraire et d'injustice.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon