Kigali, le 22 juin 2024 - Le Rwanda entre dans une période cruciale de son histoire politique avec le lancement officiel de la campagne électorale pour les scrutins présidentiels et parlementaires du 15 juillet. Ce samedi, les neuf millions de citoyens rwandais inscrits sur les listes électorales ont commencé à se préparer à exercer leur droit de vote, un exercice démocratique qui s'étendra sur trois semaines. Trois candidats sont en lice pour le siège de chef de l'État, dont le président sortant Paul Kagame, figure emblématique de la politique rwandaise depuis plus de deux décennies.
/image%2F2577874%2F20240624%2Fob_1e9e1c_le-president-rwandais-paul-kagame-lor.jpg)
Paul Kagame : un président au long cours
Paul Kagame, leader incontesté du Front Patriotique Rwandais (FPR), brigue un quatrième mandat consécutif. À la tête du pays depuis 2000, son parcours politique est étroitement lié à l'histoire récente du Rwanda. Kagame a joué un rôle déterminant dans la fin du génocide des Tutsis en juillet 1994, un acte qui lui a valu une reconnaissance internationale. Élu par le parlement pour remplacer le pasteur Bizimungu en 2000, il a ensuite remporté les élections présidentielles de 2003, 2010 et 2017, avec des majorités écrasantes, dépassant à chaque fois les 90 % des voix.
Les défis de l'opposition
Face à Kagame, deux candidats tentent de se démarquer : Frank Habineza du Parti Démocratique Vert et l'indépendant Philippe Mpayimana. Frank Habineza, fondateur et président du Parti Démocratique Vert du Rwanda, représente une alternative écologique et démocratique.
Sa campagne met en avant la nécessité de diversifier l'économie rwandaise et de promouvoir une gouvernance plus inclusive et transparente. Philippe Mpayimana, quant à lui, se présente comme un candidat indépendant, axant sa campagne sur la justice sociale et les droits de l'homme.
Réformes constitutionnelles et nouvelles règles électorales
La révision constitutionnelle de 2015 a profondément modifié le paysage politique rwandais. Le mandat présidentiel est passé de sept à cinq ans, avec une limite de deux mandats consécutifs.
Cependant, cette révision a également permis de réinitialiser le compteur des mandats de Kagame, lui offrant ainsi la possibilité, en cas de réélection, de rester au pouvoir jusqu'en 2034.
Cette révision a été approuvée par référendum, reflétant un large soutien populaire mais suscitant également des critiques de ceux qui y voient une manœuvre pour prolonger indéfiniment le règne de Kagame.
Pour la première fois, les élections présidentielles et législatives seront couplées. Plus de 500 candidats se disputent les 80 sièges de députés. Parmi eux, 56 seront élus directement par les électeurs au scrutin proportionnel de liste. Les 24 autres sièges sont réservés à des représentants des femmes, des jeunes et des personnes handicapées, illustrant l'engagement du Rwanda en faveur de la diversité et de l'inclusion dans sa gouvernance.
Perspectives et enjeux
La campagne électorale qui vient de débuter est un moment de grande effervescence politique. Les candidats multiplient les meetings, les débats et les rencontres avec les électeurs, chacun cherchant à convaincre et à mobiliser son électorat. Paul Kagame, fort de son bilan économique et sécuritaire, met en avant la stabilité et la croissance soutenue du Rwanda sous sa direction. Ses détracteurs, cependant, critiquent un régime qu'ils jugent autoritaire et répressif.
Les électeurs rwandais, quant à eux, se retrouvent face à un choix déterminant pour l'avenir de leur pays. Le Rwanda, souvent cité en exemple pour son développement rapide et sa modernisation, doit maintenant faire face à des défis complexes. La lutte contre la pauvreté, le chômage des jeunes, l'amélioration des infrastructures et la consolidation de la démocratie sont autant de questions qui pèsent lourdement sur cette élection.
Conclusion
Le 15 juillet 2024, les yeux du monde seront tournés vers le Rwanda. Ce scrutin présidentiel et parlementaire, au-delà de choisir les futurs dirigeants du pays, sera un test de la maturité démocratique de cette jeune nation. La campagne électorale en cours offre une opportunité précieuse de débat et de participation citoyenne. Quel que soit le résultat, elle marque une étape importante dans l'histoire politique du Rwanda et dans sa quête d'une gouvernance véritablement représentative et inclusive. Les prochaines semaines s'annoncent donc décisives, non seulement pour les candidats en lice, mais aussi pour l'ensemble des citoyens rwandais qui, par leur vote, dessineront le futur visage de leur pays.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon