Tel Aviv, le 24 juin 2024 - Quelques mois après l'attaque dévastatrice du Hamas le 7 octobre dernier, un phénomène inattendu a émergé dans le sud d'Israël : un nouveau type de tourisme axé sur la résilience et la mémoire. Les touristes affluent vers les régions touchées près de la frontière avec Gaza, notamment aux alentours de la ville de Sderot, pour rendre hommage aux victimes et comprendre les réalités tragiques de l'assaut.
Une visite pour comprendre et commémorer
"Les atrocités qui se sont produites, il faut les voir pour comprendre pourquoi nous nous battons et ce qui s'est passé ici," explique Pinhas Tosig, un des initiateurs de ces visites. Toutefois, Tosig souligne également la délicate balance entre l'acte de mémoire et le respect de la vie privée des habitants. "Nous ne voulons pas porter atteinte à la vie privée des habitants qui voient leurs maisons transformées en centre touristique ou en musée sans leur demander leur avis."
Sites de mémoire et pèlerinages
Un des sites les plus visités est le lieu du festival de musique Nova, situé au sud de Sderot, devenu en quelque sorte un sanctuaire pour des centaines de visiteurs quotidiens. Ce lieu de festivité autrefois vibrant a été transformé en un mémorial vivant des événements tragiques. La présence de personnalités influentes telles qu'Elon Musk, Michael Douglas ou Nikki Haley, posant pour des photos devant les maisons en ruine, a renforcé la visibilité de ces visites.
Ces figures publiques contribuent à attirer l'attention internationale sur la situation, tout en suscitant des débats sur la nature de ces pèlerinages et leur impact sur les communautés locales.
Le tourisme de résilience : une forme de soutien
Depuis longtemps, les dignitaires et personnalités en visite en Israël incluent dans leurs itinéraires des sites religieux ou culturels célèbres, comme le Mur occidental, Massada, la mer de Galilée ou l'église du Saint-Sépulcre, ainsi que le mémorial national de l'Holocauste, Yad Vashem. Désormais, les visites des kibboutzim et des villes frontalières dévastées sont devenues un moyen pour les visiteurs de manifester leur soutien et leur solidarité avec Israël et ses habitants.
Les visites de résilience à Sderot
La ville de Sderot, située à quelques kilomètres de la frontière avec Gaza, a organisé des "visites de résilience" pour répondre à cet afflux de visiteurs. Ces visites sont conçues pour offrir un soutien moral aux résidents tout en sensibilisant les visiteurs aux réalités locales. Elles mettent en relation des groupes de visiteurs avec des survivants qui partagent leurs récits poignants du 7 octobre. En outre, ces visites intègrent des éléments culturels et culinaires, permettant aux visiteurs de découvrir la riche culture locale tout en témoignant de la résilience des habitants.
Un débat sur l'éthique du tourisme de mémoire
Le phénomène du tourisme de résilience suscite des questions éthiques complexes. D'une part, ces visites peuvent être perçues comme une forme de solidarité et de soutien, aidant à maintenir l'attention sur les tragédies et à rappeler au monde les réalités du conflit. D'autre part, il existe un risque de voyeurisme et de commercialisation de la souffrance, ce qui pourrait ajouter au traumatisme des résidents locaux.
Les habitants de Sderot et des environs vivent avec les cicatrices profondes laissées par les attaques. Pour eux, chaque visiteur représente à la fois un témoin de leur douleur et un rappel constant des événements traumatisants. Il est crucial que ces visites soient organisées avec sensibilité et respect, en consultation étroite avec les communautés locales.
Perspectives d'avenir
Le tourisme de résilience en Israël est encore à ses débuts, mais il semble destiné à se développer dans les mois à venir. Ce phénomène reflète une tendance mondiale croissante à utiliser le voyage comme moyen de comprendre et de commémorer les tragédies humaines. Si cette forme de tourisme est gérée de manière respectueuse et éthique, elle pourrait jouer un rôle positif en aidant les communautés à surmonter leur traumatisme et en sensibilisant le monde aux réalités du conflit israélo-palestinien.
En conclusion, le nouveau tourisme de résilience en Israël, bien que controversé, offre une opportunité unique de rendre hommage aux victimes des attaques et de renforcer la solidarité internationale. Toutefois, il est impératif que ce type de tourisme soit conduit avec la plus grande sensibilité afin de respecter la dignité des habitants touchés par la violence et de contribuer réellement à leur processus de guérison.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon