L'Afrique du Sud entre dans une nouvelle ère politique avec la formation, pour la première fois de son histoire, d'un gouvernement d'union nationale. Cette coalition inédite est le fruit de semaines de tractations entre le Congrès National Africain (ANC), parti au pouvoir, l'Alliance Démocratique (DA), principal parti d'opposition, et neuf autres formations politiques.

Une coalition née de la nécessité
Après avoir dominé la scène politique sud-africaine pendant trois décennies, l'ANC a perdu sa majorité parlementaire lors des élections nationales du 29 mai 2024, n'obtenant que 40 % des suffrages exprimés. Cette chute historique a contraint le parti à rechercher des alliances pour former un gouvernement stable. La DA, arrivée en deuxième position avec 21 % des voix, a ainsi accepté de collaborer avec l'ANC, malgré des négociations tendues et prolongées.
Le président Cyril Ramaphosa a officialisé ce gouvernement multipartite un mois après la débâcle électorale de son parti. L'ANC conserve la majorité des postes ministériels avec 20 ministres sur 32. La DA obtient six ministères, tandis que les postes restants sont répartis entre certains petits partis.
Un gouvernement de coalition pour répondre aux défis nationaux
Lors de l'annonce de la nouvelle équipe gouvernementale, M. Ramaphosa a souligné l'importance de cette coalition pour aborder les défis majeurs auxquels le pays est confronté. La pauvreté, les inégalités et le chômage, qui figurent parmi les plus élevés au monde, seront des priorités pour ce gouvernement d'union nationale.
Le président a reconduit Paul Mashatile de l'ANC au poste de vice-président et a nommé Parks Tau, également de l'ANC, comme ministre du Commerce et de l'Industrie, un portefeuille crucial convoité par la DA. John Steenhuisen, chef de file de la DA, a été nommé ministre de l'Agriculture. Les chefs de file de quatre autres partis ont également été intégrés au cabinet en tant que nouveaux ministres.
Un accord fragile mais prometteur
Les pourparlers entre l'ANC et la DA ont été marqués par des tensions, à tel point que la DA avait envisagé de se retirer de l'accord de partage de pouvoir. Cependant, une réunion cruciale entre M. Ramaphosa et M. Steenhuisen a permis de surmonter les différends et de finaliser l'accord. "Nous avons montré qu'il n'y a pas de problèmes trop difficiles ou trop intraitables pour être résolus par le dialogue", a déclaré M. Ramaphosa, soulignant la complexité des négociations.
Ce gouvernement de coalition marque un tournant dans l'histoire politique de l'Afrique du Sud, rompant avec trois décennies de domination unilatérale de l'ANC. Le précédent gouvernement de coalition, formé à la fin de l'apartheid sous la présidence de Nelson Mandela, était basé sur une nette majorité de l'ANC et visait à promouvoir la réconciliation nationale. Cette fois, la nécessité de collaboration est dictée par l'absence de majorité parlementaire.
Un nouvel élan pour l'Afrique du Sud
Les Sud-Africains, désillusionnés par l'ANC en raison de la persistance de la pauvreté et des inégalités, ont exprimé leur mécontentement lors des élections de mai. En réponse, M. Ramaphosa a promis de s'attaquer de front à ces problèmes avec l'aide de ses partenaires de coalition. "Nous avons dû veiller à ce que tous les partis puissent participer de manière significative à l'exécutif national", a-t-il déclaré, affirmant l'engagement de son gouvernement à travailler pour le bien commun.
L'avenir de cette coalition reste incertain, mais elle représente une opportunité unique pour l'Afrique du Sud de relever les défis économiques et sociaux qui pèsent sur le pays. En mettant de côté leurs différences pour former un gouvernement d'union nationale, les partis sud-africains montrent la voie d'une nouvelle ère de coopération politique.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon