La lutte contre le VIH : Un combat en panne face à des défis croissants

En 2023, près de 40 millions de personnes vivaient avec le VIH, le virus responsable du sida. Plus de 9 millions d’entre elles n’avaient pas accès au traitement nécessaire, révélant ainsi les graves lacunes dans la lutte mondiale contre cette maladie dévastatrice. Chaque minute, une personne mourait des suites du VIH dans le monde, un chiffre alarmant mis en lumière par un rapport récent de l'ONUSIDA publié lundi. Ce rapport met en évidence une stagnation inquiétante dans la lutte contre le VIH, exacerbée par la diminution des financements.

Manifestation de diverses organisations de lutte contre le VIH-Sida - Issouf Sanogo/AFP

Une situation mondiale alarmante
Le directeur du bureau de New York de l'ONUSIDA, César Nunez, a exprimé son inquiétude face à l'augmentation des nouvelles infections dans certaines régions du monde. « Le monde n'est pas sur la bonne voie. Notre rapport montre que les nouvelles infections mondiales par le VIH ne diminuent pas assez rapidement et que dans trois régions du monde en particulier, elles augmentent : l'Europe de l'Est et l'Asie centrale, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, et l'Amérique latine », a-t-il déclaré. Ces régions font face à des défis spécifiques qui entravent les efforts de prévention et de traitement, aggravant ainsi la crise.

Progrès et obstacles dans le traitement
Malgré ces défis, des progrès significatifs ont été réalisés dans le traitement du VIH. Des avancées notables incluent des injections qui peuvent rester dans le corps pendant six mois, offrant une alternative prometteuse aux traitements quotidiens par pilules. Toutefois, le coût exorbitant de ces injections, à raison de 40 000 dollars par an pour deux doses, constitue un obstacle majeur. Ce prix prohibitif les rend inaccessibles à la grande majorité des personnes vivant avec le VIH, limitant ainsi leur impact potentiel.

Le coût des traitements est un enjeu crucial pour l'accès aux soins. « L'accès à ces préventions et traitements dont l’action s’installe dans la durée constituera une avancée décisive. Nous parlons maintenant de ce qui va changer la donne. Cela changerait la donne dans le monde entier. Il pourrait transformer l'accès des pauvres, des populations clés, des homosexuels, des travailleurs du sexe, des jeunes femmes et des jeunes filles en Afrique, qui seraient libérés de la stigmatisation et de la discrimination ou de la peur d'être attaqués parce qu'on les voit prendre les médicaments quotidiennement. Encore une fois, le prix est tout simplement trop élevé. Ils ne sont donc qu’à la portée des riches », a expliqué César Nunez.

L'engagement mondial et les promesses non tenues
Les dirigeants mondiaux se sont engagés à mettre fin à la pandémie de sida en tant que menace pour la santé publique d'ici à 2030. Cet engagement ambitieux inclut la promesse de réduire le nombre annuel de nouvelles infections par le VIH à moins de 370 000 d'ici 2025. Cependant, le rapport de l'ONUSIDA indique qu'en 2023, le nombre de nouvelles infections était plus de trois fois supérieur, atteignant 1,3 million. Ces chiffres soulignent l'écart préoccupant entre les objectifs déclarés et la réalité sur le terrain.

L'ONUSIDA continue de plaider en faveur d'un vaccin contre le VIH, une avancée qui pourrait transformer radicalement la lutte contre la maladie. À l'heure actuelle, le traitement quotidien par pilules, qui coûte environ 75 dollars par personne et par an, a permis à de nombreux pays d'augmenter le nombre de personnes séropositives bénéficiant d'un traitement. Cependant, la quête d'un vaccin reste une priorité pour l'agence onusienne, qui lutte pour obtenir des prix accessibles auprès des fabricants pour les pays pauvres.

La réalité de la corruption et des défis structurels
Les efforts de lutte contre le VIH sont également entravés par des défis structurels et des problèmes de gouvernance dans de nombreux pays. La corruption et la mauvaise gestion des ressources freinent souvent la distribution efficace des traitements et des services de prévention. Ces problèmes institutionnels exacerbent les inégalités d'accès aux soins et compromettent les progrès réalisés dans la lutte contre la pandémie.

L'Importance de la volonté politique et de l'engagement communautaire
La lutte contre le VIH nécessite une volonté politique forte et un engagement communautaire soutenu. Les gouvernements doivent non seulement allouer des ressources adéquates pour les traitements et les programmes de prévention, mais aussi s'attaquer aux facteurs sous-jacents qui contribuent à la propagation du virus, tels que la pauvreté, la stigmatisation et la discrimination.

Les communautés jouent un rôle essentiel dans cette lutte. Les initiatives locales, menées par des organisations de base et des groupes de défense des droits, sont cruciales pour sensibiliser, éduquer et soutenir les personnes vivant avec le VIH. Ces efforts communautaires, lorsqu'ils sont soutenus par des politiques gouvernementales solides et des financements adéquats, peuvent avoir un impact significatif sur la réduction des nouvelles infections et l'amélioration de l'accès aux soins.

Conclusion
La lutte contre le VIH est à un tournant critique. Les avancées scientifiques et médicales offrent des outils prometteurs, mais leur impact est limité par des coûts prohibitifs et des défis structurels. Les dirigeants mondiaux doivent renforcer leur engagement et intensifier leurs efforts pour garantir un accès équitable aux traitements et aux programmes de prévention. Seule une approche globale, intégrant la volonté politique, l'engagement communautaire et des ressources adéquates, permettra de mettre fin à la pandémie de sida et de réaliser les objectifs ambitieux fixés pour 2030.

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon