Un Tournant Historique
La récente annonce de Joe Biden de se retirer de la course présidentielle a bouleversé le paysage politique américain, marquant un tournant significatif dans l’histoire politique du pays. Avec le retrait du président en titre, Kamala Harris s’affirme désormais comme la figure centrale du Parti démocrate. En tant que vice-présidente sortante, elle pourrait se retrouver face à Donald Trump en novembre, et si elle remporte la victoire, elle deviendrait la première femme présidente des États-Unis.

Une ascension fulgurante
Kamala Harris, âgée de 59 ans, a déjà marqué l’histoire en devenant la première femme de couleur à occuper le poste de vice-présidente des États-Unis. Son parcours politique est jalonné de réussites et de premiers pas historiques. Barbara Perry, Professeur d’études présidentielles au Miller Center de l’Université de Virginie, évoque ses accomplissements remarquables : « Elle a brisé les barrières pour devenir la première femme de couleur à occuper le poste de vice-présidente. Ce sont des caractéristiques intéressantes pour un grand parti. Elle est certainement beaucoup plus jeune que l'actuel président ou l'actuel candidat à la présidence des Républicains. À 59 ans, elle est très jeune, elle a de l'énergie et elle est pétillante », souligne Perry.
Les défis internes du parti démocrate
Malgré cette position avantageuse, la route vers la nomination démocrate n'est pas encore complètement dégagée. Certains membres du parti appellent à une "mini primaire" pour envisager d'autres candidats avant la convention démocrate prévue du 19 au 22 août. Cette incertitude reflète les dynamiques internes du parti, où diverses factions cherchent à peser sur le choix final du candidat. La popularité et l’expérience de Kamala Harris seront des atouts majeurs, mais elle devra également démontrer sa capacité à unir les différentes composantes du Parti démocrate derrière sa candidature.
Le genre : Un obstacle à surmonter
Selon Barbara Perry, le genre pourrait représenter un obstacle majeur pour Kamala Harris. « Il y aura des défis dans ce pays concernant le genre. Je pense que le genre constitue désormais un obstacle plus important que la couleur, puisque cette dernière barrière a été franchie par Barack Obama. Mais je sais qu'aux États-Unis, nous n'avons eu que des présidents masculins. Même en remontant à notre premier président, le père de notre pays, George Washington, ce modèle masculin et paternel persiste. J'espère que les États-Unis parviendront à surmonter cette situation afin d'élargir les candidats éligibles et gagnants à la présidence des États-Unis. C'est une fonction trop importante pour exclure la moitié de la population américaine », ajoute-t-elle.
Les États-Unis, malgré leur progressisme apparent, n’ont jamais élu une femme à la présidence. Cette réalité reflète des dynamiques socioculturelles profondes où le rôle de leader suprême reste associé à des traits masculins. Kamala Harris devra non seulement convaincre sur son programme politique, mais aussi surmonter des préjugés persistants.
Une élection cruciale
Bien que Kamala Harris soit bien placée pour succéder à Joe Biden, sa candidature devra être officialisée par le vote des délégués démocrates lors de la convention du parti. Cette étape sera cruciale pour sceller son destin politique. La question reste donc ouverte : les États-Unis sont-ils prêts pour une femme présidente ? La réponse pourrait se dessiner dans les semaines à venir, mais les premiers sondages indiquent une forte polarisation de l’électorat.
Un sondage du Centre de recherche sur les affaires publiques AP-NORC, réalisé avant l'annonce du retrait de Joe Biden, avait révélé qu'environ six électeurs démocrates sur 10 estimaient que Kamala Harris serait une bonne candidate. Cependant, seulement trois Américains sur 10 à l'échelle nationale pensent qu'elle fera un bon travail en tant que présidente. Cette dichotomie reflète les défis auxquels elle sera confrontée dans une course électorale où chaque vote comptera.
Les soutiens et les détracteurs
La candidature de Kamala Harris a reçu le soutien de personnalités influentes comme Morgan Freeman et George Clooney, qui voient en elle une figure capable de représenter l’Amérique moderne et diverse. Toutefois, elle fait face à des critiques au sein même de son parti. Certains membres estiment qu’elle n’a pas été suffisamment visible ou active en tant que vice-présidente. « Le soutien apporté à Kamala ne m'enthousiasme pas non plus. J'ai l'impression que beaucoup d'entre nous ont oublié qu'elle était en fonction, juste parce qu'elle ne s'est pas beaucoup exprimée ou n'a pas été très visible », rétorque un autre membre du parti.
Ces critiques soulignent les attentes élevées et souvent contradictoires que suscite la première vice-présidente de couleur. Son expérience en tant que procureure de Californie et sénatrice a été marquée par des positions fermes sur la justice et la réforme, mais elle devra maintenant prouver qu’elle peut gérer les défis complexes et souvent imprévisibles de la présidence.
Le défi Trump
L’ombre de Donald Trump plane toujours sur la politique américaine. La candidature de Kamala Harris sera scrutée non seulement pour ses mérites propres, mais aussi pour sa capacité à contrer l’influence de Trump et à éviter un retour à une administration républicaine controversée. Pour de nombreux électeurs démocrates, le choix de Kamala Harris représente un vote crucial pour maintenir les acquis des quatre dernières années et empêcher une régression vers des politiques jugées divisives et rétrogrades.
Un électeur typique a exprimé cette perspective : « Je suis conscient qu'avoir une femme noire présidente aura des implications historiques. Elle ne sera pas la première personnalité noire présidente, mais la première femme présidente, ce qui serait un moment historique. Cependant, ce qui compte le plus pour moi dans cette élection, c'est d'être contre Donald J. Trump. Oui, c'est la chose la plus importante pour moi, tout sauf lui. »
Conclusion
L’annonce du retrait de Joe Biden de la course présidentielle a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire politique américaine. Kamala Harris, avec son parcours impressionnant et ses premières historiques, se trouve à un carrefour critique. Sa candidature symbolise non seulement une avancée pour les femmes et les personnes de couleur, mais elle teste également la capacité de l’Amérique à embrasser véritablement la diversité et l’égalité des chances. Les semaines à venir seront décisives pour déterminer si les États-Unis sont prêts à franchir cette nouvelle étape historique.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon