Ouagadougou, le 11 juillet 2024 – La soirée du mercredi 10 juillet 2024 a marqué un tournant significatif dans l'affaire judiciaire entourant Me Guy Hervé Kam, figure emblématique du barreau burkinabè. Après une détention prolongée à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA), Me Kam a enfin retrouvé la liberté, conformément à la décision rendue par le tribunal militaire le lundi 8 juillet.
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Une libération sous condition
L'exécution de cette décision judiciaire n'a pas été sans conditions strictes. En effet, les modalités de la mise en liberté de Me Kam sont particulièrement rigoureuses. Son passeport et son permis de conduire ont été confisqués, limitant ainsi sa mobilité et ses capacités de déplacement. Il lui est formellement interdit de quitter la ville de Ouagadougou, une restriction qui vise à garantir sa disponibilité pour toute convocation judiciaire future.
De surcroît, Me Kam sera placé sous une surveillance sécuritaire permanente, 24 heures sur 24. Cette mesure, bien que drastique, semble refléter la volonté des autorités de maintenir un contrôle étroit sur ses activités post-libération. En outre, l'avocat devra se présenter au Tribunal militaire deux fois par jour, un protocole qui ajoute une couche supplémentaire de contrôle et de responsabilité.
Une arrestation controversée
L'arrestation de Me Guy Hervé Kam le 24 janvier 2024 à l’aéroport de Ouagadougou a suscité une vague d'indignation et de débats au sein de la communauté juridique et des défenseurs des droits de l'homme. Revenu d'un voyage, Me Kam a été appréhendé sans préavis, déclenchant une série de procédures judiciaires complexes.
Le tribunal administratif, reconnaissant l'absence de fondement légal à cette détention, a ordonné sa libération immédiate le 7 mars 2024. Cette décision a été confirmée le 23 avril 2024 par la Cour administrative d’appel, statuant en dernier ressort. Cependant, malgré ces injonctions judiciaires, Me Kam n’a recouvré sa liberté que brièvement le 29 mai 2024, avant d'être à nouveau mis aux arrêts quelques minutes après, un incident qui a renforcé les critiques sur l'utilisation de la détention arbitraire dans le pays.
Réactions et perspectives
La libération de Me Kam a été accueillie avec un mélange de soulagement et de scepticisme par ses partisans et ses collègues. Les conditions imposées à sa libération sont perçues comme une continuation de l'acharnement judiciaire et une atteinte à ses droits fondamentaux. Les avocats de Me Kam, tout en exprimant leur satisfaction quant à sa libération, ont souligné la nécessité de respecter pleinement les décisions de justice et de garantir la liberté d'expression et de mouvement de leur client.
Me Kam, de son côté, a réitéré son engagement envers la justice et la vérité. Dans une brève déclaration à sa résidence, il a remercié ses soutiens pour leur indéfectible solidarité et a affirmé sa détermination à poursuivre son combat pour les droits humains et la justice sociale au Burkina Faso.
Un enjeu pour la justice Burkinabè
L'affaire de Me Guy Hervé Kam soulève des questions cruciales sur l'état de droit et l'indépendance judiciaire au Burkina Faso. Elle met en lumière les défis persistants auxquels sont confrontés les avocats et les défenseurs des droits dans un contexte politique souvent marqué par des tensions et des pressions diverses.
Les observateurs internationaux et les organisations de défense des droits de l'homme continuent de suivre de près cette affaire, appelant à une vigilance accrue pour garantir que les droits de Me Kam soient pleinement respectés. La communauté internationale, en particulier, surveille les développements futurs pour s'assurer que la justice burkinabè fonctionne de manière équitable et transparente.
Conclusion
La libération de Me Guy Hervé Kam marque une étape importante, mais les conditions imposées soulignent la complexité et les défis persistants de la situation. Alors que Me Kam retrouve une certaine liberté, le strict encadrement de ses mouvements et activités illustre la tension continue entre les autorités et les défenseurs des droits au Burkina Faso. Cette affaire, emblématique de la lutte pour les droits et la justice, continue de résonner fortement, non seulement au niveau national mais également sur la scène internationale, appelant à une vigilance constante pour la protection des libertés fondamentales.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon