Un an de gouvernance du Général Abdrahamane Tiani : Bilan et perspectives pour le Niger

Une révolution de palais qui a transformé le Niger

Le 26 juillet 2023 marque une date pivot dans l'histoire politique du Niger. Ce jour-là, ce qui semblait être un simple mouvement d’humeur au sein de la garde présidentielle s’est rapidement mué en un coup d’État, renversant le président élu Mohamed Bazoum. Mené par le général Abdrahamane Tiani, ce putsch a été justifié par ses instigateurs comme un acte nécessaire contre un «pion de l’impérialisme» français, accusé d’être de mèche avec les terroristes. En revanche, les partisans de Bazoum dénoncent une «convenance» opportuniste.

S.E. le Général de Brigade Abdourahamane TIANI, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie

Mohamed Bazoum : De président à prisonnier
Depuis ce coup d'État, Mohamed Bazoum est retenu prisonnier dans un donjon de la présidence nigérienne. Refusant de signer sa reddition, il a vu son immunité levée le 14 juin dernier, devenant ainsi un simple justiciable. Ses anciens collaborateurs font l'objet de mandats d’arrêt internationaux et certains d’entre eux participent désormais à une rébellion très active contre le nouveau régime. Pendant ce temps, la CEDEAO, autrefois fervente dans ses critiques, semble avoir atténué ses positions publiques sur la question de Bazoum.

Sanctions et défis économiques
L’année écoulée sous la gouvernance du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a été marquée par une série de défis économiques exacerbés par les sanctions de la CEDEAO. Ces sanctions ont plongé le pays dans une crise économique profonde, affectant sévèrement le quotidien des Nigériens. La manne pétrolière, qui aurait pu être un levier de développement, est embourbée dans un imbroglio politico-juridique. Les tentatives de stabilisation économique n'ont pas encore apporté les résultats escomptés, laissant la population face à une inflation galopante et une précarité accrue.

Sécurité : Un enjeu majeur
Sur le plan sécuritaire, la situation s’est également dégradée. L’apparition de nouveaux groupes armés pro-Bazoum a ajouté une nouvelle dimension au conflit déjà complexe. La menace terroriste, bien qu'ancienne, s’est intensifiée, posant un défi colossal au général Tiani et à son administration. La confédération avec le Burkina Faso et le Mali, via l’Alliance des États du Sahel (AES), offre une lueur d’espoir par la mutualisation des moyens militaires, mais la route vers une sécurité durable reste semée d'embûches.

Le secteur pétrolier : Espoir et complexité
Le salut économique du Niger pourrait-il venir de la coopération régionale ? Le rôle du Tchad dans l'acheminement du pétrole brut nigérien vers les ports camerounais, en contournant le veto béninois, est crucial. Cette manœuvre pourrait potentiellement relancer le secteur pétrolier et, par ricochet, l’économie nationale. Cependant, des négociations délicates et des accords diplomatiques complexes doivent être conclus pour assurer la viabilité de cette initiative.

Une diplomatie de rapprochement
Le général Tiani a montré des signes d’ouverture en déclarant le 26 juillet comme fête nationale chômée et payée, symbolisant un nouveau départ pour le pays. De plus, les efforts de pacification avec les voisins, notamment à travers les discussions à Cotonou sur le différend frontalier-pétrolier, montrent une volonté de stabiliser la région par le dialogue. Ces initiatives diplomatiques sont essentielles pour créer un environnement propice à la paix et à la croissance économique.

Le courage et la résilience du peuple nigérien
Malgré les tumultes politiques et économiques, le peuple nigérien fait preuve de résilience. Cette détermination est une source d’inspiration pour de nombreux peuples africains épris de paix, de progrès et de liberté. Toutefois, les attentes sont grandes et les défis nombreux. Le général Tiani et son gouvernement devront traduire les promesses en actions concrètes pour que les fruits de cette nouvelle ère tiennent la promesse des fleurs.

Conclusion
En somme, la première année de gouvernance du général Abdrahamane Tiani est marquée par des bouleversements politiques et des défis multidimensionnels. La route vers la stabilité et la prospérité est encore longue, mais avec des efforts concertés, tant sur le plan national que régional, le Niger peut espérer reprendre les rênes de son destin. Les actions futures du CNSP détermineront si le Niger peut surmonter ses crises actuelles et devenir un exemple de résilience et de progrès en Afrique de l’Ouest.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon