En ce mois d'août 2024, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a effectué une visite hautement symbolique et diplomatique au Mali, marquant ainsi sa première mission officielle à l’étranger depuis son accession au pouvoir suite aux élections présidentielles de mars 2024. Cette visite intervient dans un contexte délicat pour la région, où les relations entre plusieurs pays ouest-africains et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sont en pleine tourmente.
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Un contexte de tension régionale
Depuis les récents coups d’État militaires qui ont secoué le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ces trois nations ont pris la décision de se retirer de la CEDEAO, exacerbant les tensions et isolant encore plus ces pays sur la scène régionale. Cette situation a non seulement affaibli l'organisation ouest-africaine, mais elle a également fragilisé les liens entre ces pays et leurs voisins, menaçant la stabilité et l’unité de toute la région.
C’est dans ce contexte complexe que le Premier ministre Ousmane Sonko a entrepris cette visite au Mali. L'objectif principal de cette mission était de renouer le dialogue avec le gouvernement malien, actuellement dirigé par une junte militaire, et de plaider en faveur de la réintégration du Mali au sein de la CEDEAO. Pour Sonko, il est crucial de dépasser les différends actuels pour assurer la stabilité et l’unité de la région.

Rencontre avec le Colonel Assimi Goïta : Un appel à l’unité panafricaine
Au cœur de cette visite, la rencontre entre le Premier ministre sénégalais et le président intérimaire malien, le Colonel Assimi Goïta, a été marquée par des échanges francs et directs. Ousmane Sonko a souligné la nécessité de surmonter les divergences politiques pour se concentrer sur les intérêts communs de la région. « Nous devons mettre les émotions de côté et travailler sur la base de préoccupations concrètes. Si nous sommes panafricanistes, chaque panafricaniste doit avoir pour seul objectif l'unité des Africains au-delà de nos différences », a-t-il affirmé avec conviction.
Sonko a rappelé l’importance de recréer des liens forts entre les pays de la région, évoquant la riche histoire partagée par ces nations. Il a ainsi fait référence à l’empire malien, symbole d’une Afrique unie et prospère, qui s’étendait autrefois du Sénégal au Ghana, en passant par le Mali. « Quelles que soient nos différences, essayons, comme nos aînés l'ont fait, de recréer l'empire malien qui s'étendait d'ici au Sénégal, au Ghana et partout ailleurs », a-t-il ajouté, invitant les dirigeants à s’inspirer de cet héritage pour renforcer l’unité régionale.

Les enjeux d’une réintégration du Mali au sein de la CEDEAO
La réintégration du Mali au sein de la CEDEAO représente un enjeu majeur pour la stabilité et la prospérité de l’Afrique de l’Ouest. Pour le Sénégal, voisin direct du Mali, la normalisation des relations avec ce pays est essentielle non seulement pour des raisons de sécurité, mais aussi pour des motifs économiques et sociaux. Le retrait du Mali de la CEDEAO a en effet eu des répercussions importantes sur les échanges commerciaux et les mouvements de populations dans la région.
En plaidant pour un retour du Mali dans le giron de la CEDEAO, Ousmane Sonko souhaite également renforcer la coopération régionale en matière de sécurité. Les défis posés par les groupes armés et les réseaux terroristes actifs dans le Sahel nécessitent une réponse collective et coordonnée. Une réintégration du Mali au sein de l’organisation ouest-africaine permettrait de relancer les efforts conjoints pour lutter contre ces menaces et stabiliser la région.
Une démarche diplomatique délicate mais prometteuse
La mission de Sonko au Mali s’inscrit dans une démarche diplomatique délicate, mais potentiellement fructueuse. Il s’agit de convaincre la junte malienne de revenir sur sa décision de quitter la CEDEAO, tout en respectant la souveraineté du Mali et en prenant en compte les revendications exprimées par ses dirigeants. En adoptant une approche axée sur le dialogue et la recherche de compromis, le Premier ministre sénégalais espère parvenir à un accord qui bénéficierait à l’ensemble de la région.
Les perspectives d’avenir pour les relations entre le Sénégal et le Mali
La visite de Sonko au Mali marque le début d’une nouvelle ère dans les relations entre le Sénégal et son voisin. Si cette mission diplomatique parvient à ses fins, elle pourrait ouvrir la voie à un renforcement des liens bilatéraux et à une coopération accrue dans plusieurs domaines, notamment la sécurité, le commerce et le développement. La réintégration du Mali au sein de la CEDEAO, si elle se concrétise, serait également perçue comme une victoire pour la diplomatie sénégalaise et un signal fort en faveur de l’unité africaine.
En conclusion, la visite d’Ousmane Sonko au Mali est un jalon important dans les efforts du Sénégal pour stabiliser la région et promouvoir l’unité africaine. En prônant le dialogue et la coopération, le Premier ministre sénégalais s’inscrit dans la lignée des grands leaders panafricanistes qui ont œuvré pour l’émancipation et l’intégration de l’Afrique. Il reste maintenant à voir si ces efforts porteront leurs fruits et si le Mali réintégrera la CEDEAO, ouvrant ainsi une nouvelle page dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon