Chaque 21 août, le monde entier s’arrête pour honorer la mémoire des victimes du terrorisme, une commémoration essentielle qui résonne comme un appel à la reconnaissance, à la justice, et à la solidarité. Placée cette année sous le thème « Les voix de la paix : les victimes du terrorisme œuvrant au service de la paix et de l’éducation pour la paix », cette journée n’est pas seulement un hommage solennel, mais un rappel poignant de la nécessité d’unir nos efforts pour soutenir ceux qui ont été brisés par la violence aveugle. Ce devoir de mémoire s’étend bien au-delà des cérémonies, exigeant une réflexion profonde sur les implications durables du terrorisme et sur la responsabilité collective de construire un monde où la paix prévaut.
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L’écho des attentats du 11 Septembre : Un point de bascule historique
Le souvenir des attentats du 11 septembre 2001, qui approche à grands pas, continue de hanter les esprits. Cet acte de terreur, perpétré par le réseau djihadiste Al-Qaïda, a marqué un tournant dans l’histoire contemporaine, redéfinissant les contours de la sécurité mondiale. En détournant quatre avions de ligne pour les précipiter sur des cibles stratégiques aux États-Unis, les terroristes ont non seulement provoqué la mort de près de 3 000 personnes, mais ont également inauguré une ère de peur et d’incertitude qui se poursuit jusqu’à nos jours.
La portée symbolique et géopolitique de ces attentats a eu des répercussions profondes, entraînant une série de conflits internationaux, notamment l’intervention militaire en Irak et en Afghanistan. Ces guerres, menées sous la bannière de la lutte contre le terrorisme, ont paradoxalement contribué à la dispersion de ce fléau à travers le globe, en particulier en Afrique. La déstabilisation de régimes tels que celui de la Libye a créé un vide de pouvoir dans lequel des mouvements terroristes ont prospéré, semant la mort et la désolation dans des régions déjà fragilisées par des décennies de conflits et de pauvreté.
L’Afrique en première ligne : Une nouvelle frontière du terrorisme
L’Afrique, autrefois relativement épargnée par le terrorisme international, est aujourd’hui l’une des régions les plus touchées par ce phénomène. Le démantèlement de la Libye en 2011 a été l’étincelle qui a enflammé tout le Sahel, transformant cette vaste région en un champ de bataille pour divers groupes armés. Au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigéria, les attaques terroristes sont devenues quasi quotidiennes, déstabilisant des États entiers et poussant des millions de personnes sur les routes de l’exil.
Le Burkina Faso, en particulier, illustre tragiquement cette nouvelle réalité. Depuis 2015, le pays est plongé dans une spirale de violence qui a fait des milliers de morts et des millions de déplacés internes. Les villages autrefois paisibles sont devenus des champs de bataille, et la terreur s’est insinuée dans le quotidien de millions de Burkinabè. Les conséquences de cette guerre non déclarée sont dévastatrices : familles brisées, communautés déchirées, économies locales anéanties. Pourtant, dans cette obscurité, la résilience du peuple burkinabè brille comme un phare d’espoir, illustrant la capacité de l’humanité à surmonter les épreuves les plus terribles.
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Un soutien international qui se fait attendre
Face à une telle tragédie, la réponse internationale a été pour le moins inégale. Les Nations unies, dans leur tentative de coordonner la lutte contre le terrorisme, ont adopté en 2006 une Stratégie antiterroriste mondiale, reposant sur quatre piliers principaux : la prévention du terrorisme, la poursuite des auteurs d’actes terroristes, le soutien aux victimes et le renforcement de la résilience des États. Cette stratégie, bien que louable sur le papier, peine à se traduire en actions concrètes, en particulier en ce qui concerne le soutien aux victimes.
En effet, comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans son discours pour cette journée de commémoration, « les actes de terrorisme entraînent un déferlement de douleur inimaginable. Les familles et les communautés déchirées par des actes terroristes sont à jamais bouleversées. Les cicatrices — visibles et invisibles — sont indélébiles ». Pourtant, une fois que les caméras se sont détournées, que les articles de presse ont été écrits, ces victimes sont souvent laissées à elles-mêmes, confrontées à un traumatisme que le monde a trop vite oublié.
La Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme vise à combler ce vide. Instaurée en 2017 par la résolution 72/165 de l’Assemblée générale des Nations unies, cette journée est une reconnaissance officielle des souffrances endurées par les victimes du terrorisme et un engagement à protéger leurs droits. Elle appelle les États membres à soutenir activement ces personnes, non seulement en leur offrant une aide matérielle et psychologique, mais aussi en veillant à ce que justice leur soit rendue. Cependant, le chemin reste encore long avant que ces objectifs ne soient pleinement atteints.
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L’éducation pour la paix : Un outil de résilience et de reconstruction
Le thème de cette année, « Les voix de la paix : les victimes du terrorisme œuvrant au service de la paix et de l’éducation pour la paix », met en lumière un aspect souvent négligé de la lutte contre le terrorisme : l’éducation. En effet, l’éducation pour la paix est un outil puissant pour briser le cycle de la violence et promouvoir une culture de tolérance et de respect des droits de l’homme. Elle offre aux victimes une plateforme pour partager leurs expériences, sensibiliser le public et prévenir la radicalisation des jeunes.
Antonio Guterres, dans son message commémoratif, a souligné l’importance de « faire entendre la voix de toutes les victimes et de toutes les personnes rescapées ; contribuer à sensibiliser les générations présentes et futures ». En donnant la parole aux victimes, nous leur permettons non seulement de surmonter leur propre traumatisme, mais aussi de devenir des agents de changement dans leurs communautés. Ces témoignages sont autant de leçons de résilience, de courage et de détermination qui peuvent inspirer les générations futures à rejeter la violence et à œuvrer pour un monde plus pacifique.
Le Burkina Faso : Un modèle de résilience et de solidarité
Le Burkina Faso, malgré les immenses défis auxquels il est confronté, reste un exemple remarquable de résilience. Le 1er septembre 2023, une cérémonie commémorative a été organisée à la place des Martyrs de Ouaga 2000, en hommage aux victimes du terrorisme. Le ministre de la Justice, Édams Rodrigue Bayala, a rendu un hommage émouvant à ces personnes qui ont payé le prix fort de la violence terroriste, tout en soulignant l’importance de soutenir les victimes pour renforcer la résilience des communautés.
Le Burkina Faso, comme de nombreux autres pays africains, doit faire face à des défis humanitaires colossaux. Les attaques terroristes ont provoqué des déplacements massifs de population, créant une crise humanitaire sans précédent. Les travailleurs humanitaires, qui jouent un rôle crucial dans l’assistance aux populations affectées, sont eux-mêmes devenus des cibles privilégiées des groupes terroristes. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), 172 travailleurs humanitaires ont été tués en 2024, dont plusieurs en Afrique, illustrant la dangerosité croissante de leur mission.
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L’indispensable solidarité internationale
Face à ces défis, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour soutenir les victimes du terrorisme et protéger ceux qui risquent leur vie pour leur venir en aide. La Journée mondiale de l’aide humanitaire, commémorée le 19 août, rappelle l’importance de cette solidarité. Instituée en hommage aux 22 membres du personnel de l’ONU tués dans l’attentat du Canal Hotel à Bagdad en 2003, cette journée met en lumière le travail inlassable des humanitaires qui, souvent au péril de leur vie, apportent secours et espoir aux victimes du terrorisme.
Le Burkina Faso, à travers des initiatives telles que la commémoration de la Journée internationale du souvenir, montre la voie à suivre. Mais cette résilience nationale ne peut à elle seule compenser le manque de soutien international. Il est impératif que la communauté internationale prenne ses responsabilités et s’engage pleinement à soutenir les victimes du terrorisme, non seulement par des discours, mais par des actions concrètes et durables.
Conclusion : Un appel à l’action et à la solidarité
La Journée internationale du souvenir en hommage aux victimes du terrorisme n’est pas seulement une occasion de se remémorer les tragédies du passé. Elle est un appel vibrant à l’action, un rappel que la lutte contre le terrorisme ne se gagne pas seulement sur les champs de bataille, mais aussi dans les cœurs et les esprits. Il est de notre devoir collectif de soutenir les victimes, de les aider à reconstruire leur vie et de faire en sorte que leur souffrance ne soit pas vaine.
En écoutant leurs voix, en intégrant leurs expériences dans l’éducation pour la paix, et en leur offrant une reconnaissance et un soutien véritables, nous pouvons construire un monde où la paix triomphe de la violence, où la justice remplace la vengeance, et où la mémoire des victimes devient un phare guidant l’humanité vers un avenir meilleur. Car c’est seulement en prenant soin de ceux qui ont été les plus durement touchés par le terrorisme que nous pourrons espérer éradiquer ce fléau et bâtir un monde plus juste et plus sûr pour tous.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon