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Le Danemark ferme ses ambassades au Burkina Faso et au Mali : Une réévaluation stratégique dans un contexte d’instabilité

Publié par RADIO TAN KONNON sur 27 Août 2024, 08:39am

Catégories : #ACTUALITE

Le ministère danois des Affaires étrangères a annoncé, le 26 août 2024, la fermeture imminente de ses ambassades au Burkina Faso et au Mali, deux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette décision, qui marque un tournant dans les relations entre le Danemark et la région sahélienne, s’inscrit dans un contexte de bouleversements politiques majeurs, déclenchés par une série de coups d’État militaires. Le communiqué officiel publié par Copenhague explique cette mesure par une « forte limitation des possibilités d’action » dans ces pays, conséquence directe de l’instabilité institutionnelle qui les secoue.

Le Danemark ferme ses ambassades au Burkina Faso et au Mali : Une réévaluation stratégique dans un contexte d’instabilité
Le Danemark ferme ses ambassades au Burkina Faso et au Mali : Une réévaluation stratégique dans un contexte d’instabilité

Un Contexte Politique Instable

Depuis 2022, le Burkina Faso et le Mali ont été le théâtre de bouleversements politiques violents, perturbant gravement l'ordre constitutionnel. Le Burkina Faso, d'abord sous la direction du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, a connu plusieurs changements de pouvoir successifs, marqués par des interventions militaires qui ont plongé le pays dans une instabilité chronique. De même, au Mali, les coups d’État de 2020 et 2021 ont conduit à la chute de régimes élus, laissant place à des juntes militaires qui peinent à instaurer un cadre démocratique durable.

Ces coups de force successifs ont non seulement bouleversé l’ordre interne de ces pays, mais ont également compliqué les relations diplomatiques avec de nombreux partenaires internationaux, dont le Danemark. En effet, pour le royaume nordique, ces événements ont considérablement réduit sa capacité à opérer efficacement dans ces régions, aussi bien sur le plan diplomatique que sur celui de la coopération au développement.

Le retrait progressif du Danemark : Une réorientation stratégique

Face à cette situation, le Danemark a choisi de fermer ses ambassades à Ouagadougou et à Bamako, une décision qui souligne une réorientation stratégique de sa politique étrangère en Afrique. Le ministère des Affaires étrangères danois justifie cette fermeture par l’incapacité croissante d'assurer une présence diplomatique efficace dans ces pays où l'incertitude politique et la menace sécuritaire sont devenues omniprésentes. Ce choix s’inscrit également dans une logique de redistribution des ressources diplomatiques, dans un contexte global où le Danemark cherche à maximiser l'impact de sa présence à l'étranger.

Cependant, le Danemark ne se retire pas complètement du Burkina Faso et du Mali. Selon le communiqué, les affaires courantes dans ces deux pays seront désormais gérées directement depuis Copenhague, sous l’égide d’un représentant spécial pour le Sahel et la région des Grands Lacs. Cette décision indique une volonté de maintenir un lien, bien que réduit, avec ces nations, tout en minimisant les risques associés à une présence physique sur le terrain.

De nouveaux foyers diplomatiques en Afrique

Dans le même temps, le Danemark prévoit d’ouvrir de nouvelles ambassades en Afrique en 2025, notamment au Sénégal, en Tunisie et au Rwanda. Ces pays, choisis pour leur relative stabilité et leur rôle croissant sur la scène africaine, représentent pour le Danemark des opportunités de renforcer sa présence et son influence dans des régions stratégiquement importantes. Le Sénégal, par exemple, est un pays clé en Afrique de l’Ouest, souvent considéré comme un modèle de stabilité démocratique. La Tunisie, malgré ses propres défis, reste un acteur important en Afrique du Nord et en Méditerranée, tandis que le Rwanda est souvent cité comme un exemple de développement économique rapide en Afrique centrale.

Cette réallocation des ressources diplomatiques montre une volonté claire de la part du Danemark de concentrer ses efforts sur des régions où les conditions politiques permettent une coopération plus fructueuse et durable.

Un historique de relations fluctuantes

La relation entre le Danemark et le Burkina Faso n’a pas toujours été marquée par des ruptures. En 2022, après le coup d’État militaire mené par Paul Henri Sandaogo Damiba, le Danemark avait initialement suspendu sa coopération avec le Burkina, marquant ainsi son désaccord avec la prise du pouvoir par des moyens non démocratiques. Cependant, en juin 2023, l’ambassadeur du Danemark au Burkina, Kristian Kirlegaard Edinger, avait annoncé la reprise des engagements financiers de son pays en faveur du Burkina Faso, témoignant d’une volonté de soutien malgré les turbulences politiques. Un appui budgétaire de 93 milliards de FCFA avait été promis pour soutenir les efforts de développement du pays, un signe que le Danemark, malgré ses réserves, restait attaché à sa mission de développement en Afrique de l’Ouest.

Implications et perspectives pour l’avenir

La fermeture des ambassades du Danemark au Burkina Faso et au Mali est plus qu’un simple réajustement logistique; elle reflète une tendance plus large de la part des puissances occidentales à réévaluer leur engagement en Afrique dans des contextes de plus en plus marqués par l'instabilité politique. Pour les pays concernés, ce retrait pourrait signifier une diminution de l’appui diplomatique et économique, accentuant leur isolement sur la scène internationale.

Cependant, cette décision ouvre également la voie à de nouvelles formes de partenariat. Le maintien d’un représentant spécial pour le Sahel et la région des Grands Lacs suggère que le Danemark n'abandonne pas entièrement ses ambitions dans la région, mais qu'il cherche à les adapter aux réalités locales. Le défi consistera à trouver de nouvelles voies de coopération qui puissent contourner les obstacles posés par l’instabilité politique, tout en continuant à soutenir les populations locales.

Conclusion : Un choix stratégique dans un monde en mutation

En conclusion, la fermeture des ambassades du Danemark au Burkina Faso et au Mali est le reflet d’un choix stratégique dans un contexte mondial de plus en plus incertain. Cette décision met en lumière les difficultés croissantes auxquelles sont confrontées les nations occidentales lorsqu'il s'agit de maintenir une présence diplomatique dans des régions en proie à des bouleversements politiques. Pourtant, elle rappelle aussi que même dans le retrait, il existe des possibilités de réinvention et de redéploiement des efforts diplomatiques, afin de continuer à jouer un rôle constructif dans les affaires internationales. Pour le Danemark, comme pour d'autres pays, l'enjeu sera désormais de trouver l'équilibre entre retrait stratégique et engagement continu, dans un monde où les frontières de la diplomatie ne cessent d'évoluer.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon 

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