Ouagadougou, 20 août 2024 – Dans un contexte politique et sécuritaire marqué par des décisions controversées, le Mouvement SENS (Servir et non se servir) a pris fermement position face à la récente réquisition de magistrats pour participer à des opérations militaires. Dans une déclaration claire et incisive, le mouvement, connu pour son engagement en faveur de la gouvernance éthique et du respect des institutions républicaines, exprime son désaccord avec ce qu’il perçoit comme une atteinte grave aux principes fondamentaux de l’État de droit.
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Un contexte tendu : La Réquisition des Magistrats au Cœur de la Tempête
La décision de réquisitionner des magistrats pour les envoyer sur le front a provoqué une onde de choc au sein de la société civile et des cercles judiciaires du Burkina Faso. Alors que le pays est aux prises avec une crise sécuritaire exacerbée par les attaques terroristes et les conflits armés, le gouvernement de transition, dirigé par le Capitaine Ibrahim Traoré, a opté pour des mesures radicales, parmi lesquelles la mobilisation de fonctionnaires de divers corps de métier pour renforcer les rangs militaires.
Cependant, la réquisition de magistrats a suscité une levée de boucliers, notamment de la part de l’intersyndicale des magistrats, qui a exprimé son opposition catégorique à cette décision. Cette résistance a, à son tour, provoqué une réaction de la Coordination nationale des associations de veille citoyenne (CNAVC), qui a appelé à un meeting pour dénoncer ce qu’elle considère comme un refus des magistrats de participer à l’effort de guerre.
La déclaration du mouvement SENS : Une défense inébranlable de l’État de droit
C’est dans ce contexte tendu que le Mouvement SENS a pris la parole, se plaçant en porte-voix de la raison et de la légalité. Dans sa déclaration, le mouvement rappelle les principes fondateurs de la justice et l’importance cruciale du respect de la séparation des pouvoirs dans une démocratie. Pour SENS, la réquisition des magistrats, loin d’être une mesure de sécurité légitime, constitue une violation flagrante des droits et devoirs des juges, qui doivent rester au service de la justice et non être détournés de leurs fonctions essentielles pour des missions militaires.
« Le rôle du magistrat est de garantir l’équité, la justice et le respect des lois dans notre société. L’arracher à son office pour l’envoyer sur le front, c’est affaiblir le socle même de notre démocratie et ébranler la confiance du peuple en son système judiciaire », a déclaré le porte-parole du Mouvement SENS lors de la lecture du communiqué.
Le mouvement rappelle que la réquisition des magistrats n’est pas seulement une question de procédure ou de fonction publique, mais touche à des enjeux bien plus profonds de gouvernance et de respect des institutions. En sollicitant des magistrats pour des missions militaires, le gouvernement compromet l’indépendance judiciaire, pierre angulaire de toute démocratie.
Un appel à la vigilance et au respect des principes républicains
Au-delà de la critique, le Mouvement SENS adresse un appel solennel à l’ensemble des acteurs politiques et civils pour une prise de conscience collective face aux dangers que représente cette dérive. Le mouvement exhorte le gouvernement à reconsidérer sa position et à trouver des solutions alternatives respectueuses des fonctions et des responsabilités de chacun.
« Nous devons tous, en tant que citoyens et en tant que leaders d’opinion, rester vigilants face à toute tentative de détournement des fonctions publiques à des fins qui ne relèvent pas de leur vocation première », insiste le communiqué. « Le maintien de l’ordre public et de la sécurité nationale est primordial, mais il ne doit jamais se faire au détriment de l’État de droit et des principes démocratiques. »
SENS réitère son engagement à défendre les droits et libertés des citoyens, ainsi que l’intégrité des institutions républicaines. Le mouvement, fidèle à son credo de « Servir et non se servir », appelle à une mobilisation pacifique et citoyenne pour rappeler au gouvernement les limites de son pouvoir, et l’importance de préserver la justice comme une institution indépendante et impartiale.
Les conséquences d’une réquisition inappropriée
Le Mouvement SENS met en garde contre les conséquences à long terme d’une telle réquisition sur le système judiciaire burkinabè. Si les magistrats sont détournés de leurs fonctions pour des missions militaires, cela pourrait créer un précédent dangereux où l’exécutif s’octroie des pouvoirs excessifs, minant ainsi la séparation des pouvoirs et affaiblissant les mécanismes de contrôle et d’équilibre au sein de l’État.
De plus, cette mesure pourrait avoir des répercussions désastreuses sur le fonctionnement quotidien des tribunaux, entraînant des retards dans le traitement des affaires judiciaires, une surcharge des dossiers, et une diminution de la qualité de la justice rendue. Cela pourrait aussi inciter à un climat de peur parmi les magistrats, qui pourraient craindre des représailles ou des sanctions en cas de refus de se conformer à de telles réquisitions.
Une opposition concertée : Vers une coalition pour la défense de l’indépendance judiciaire
Le Mouvement SENS n’est pas seul dans sa dénonciation de la réquisition des magistrats. D’autres voix de la société civile, ainsi que des organisations internationales de défense des droits humains, ont exprimé leur inquiétude face à cette décision. La perspective d’une coalition pour la défense de l’indépendance judiciaire commence à émerger, avec des appels à l’unité et à la solidarité entre les différentes parties prenantes.
SENS propose, dans sa déclaration, la création d’un forum national de concertation, où magistrats, avocats, acteurs de la société civile, et représentants du gouvernement pourraient se rencontrer pour discuter des implications de cette réquisition et trouver des solutions alternatives qui respectent les prérogatives de chacun. Ce forum serait un espace de dialogue ouvert, visant à restaurer la confiance entre les institutions et à renforcer l’État de droit au Burkina Faso.
Conclusion : Un appel à la sagesse et à la responsabilité
En somme, le Mouvement SENS, à travers cette déclaration, lance un cri d’alarme contre une mesure qu’il juge dangereuse pour la stabilité institutionnelle du pays. Il appelle à une réflexion approfondie et à une révision des décisions qui mettent en péril les fondements mêmes de la démocratie burkinabè.
Dans cette période de crise, où la sécurité nationale est une priorité, SENS rappelle que la protection des droits fondamentaux et le respect de l’indépendance des institutions sont des valeurs non négociables. Le mouvement invite le gouvernement à faire preuve de sagesse et de responsabilité, en adoptant des mesures qui renforcent, et non affaiblissent, la cohésion nationale et la confiance dans l’État de droit.
L’histoire récente du Burkina Faso est riche en enseignements sur les dangers de l’autoritarisme et de l’érosion des libertés publiques. Le Mouvement SENS, fidèle à son engagement pour une gouvernance éthique, réaffirme sa volonté de défendre la justice, la liberté, et la démocratie, et de se tenir aux côtés de tous ceux qui œuvrent pour un Burkina Faso juste, équitable, et respectueux de ses institutions.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon
Déclaration du Mouvement SENS (Servir et non se servir)
Peuple du Burkina Faso, Chers compatriotes,
Le Mouvement SENS, fidèle à sa position de soutien aux Forces de Défense et de Sécurité de notre pays dans leur rôle républicain ainsi qu’aux braves combattants sur le front de la lutte contre le terrorisme, tient encore à rendre un vibrant hommage à tous ces acteurs qui, sans relâche, se battent au quotidien afin que notre Patrie reste debout.
Encore une fois, nous tenons à affirmer notre compassion et notre solidarité à toutes les familles des victimes du terrorisme dans notre pays.
Chers compatriotes,
Il est de notoriété publique maintenant que le pouvoir du MPSR mené par le Capitaine Ibrahim Traoré, loin de s’en tenir à ses missions qu’il s’est assignées lors de sa prise du pouvoir par la force, ne cesse de s’illustrer dans le piétinement des droits et libertés des citoyens qu’il était censé défendre et protéger en prêtant serment devant le Conseil Constitutionnel : « Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, la Charte de la Transition et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso ».
Malgré cette profession de foi et ses engagements, nous constatons chaque jour que le pays est en train d’emprunter de manière résolue et déterminée, le chemin du non droit, où aucune voix discordante n’est tolérée, fut-elle constructive. Même, dans le cadre du strict exercice de leur fonction, certains citoyens sont inquiétés.