La Côte d'Ivoire : Émergence d'un hub stratégique pour le football africain

Dans le contexte dynamique et compétitif du football africain, la Côte d'Ivoire s'affirme comme un acteur clé grâce à ses infrastructures sportives modernes et homologuées. Ce pays, qui a récemment organisé la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) en 2023, devient un refuge stratégique pour de nombreuses nations africaines dépourvues de stades conformes. En se positionnant ainsi, la Côte d'Ivoire renforce ses relations diplomatiques tout en exploitant le sport comme levier de soft power, un moyen de projection sur la scène internationale qui mérite d'être exploré en profondeur.

Les Stades de football de la Côte d'Ivoire

Des infrastructures de haut niveau au service de l'Afrique

Depuis l'organisation de la CAN 2023, la Côte d'Ivoire a investi dans des infrastructures sportives de pointe, qui répondent aux exigences de la Confédération Africaine de Football (CAF). Actuellement, le pays dispose de six stades homologués, permettant ainsi d’accueillir des événements sportifs majeurs et de garantir des conditions optimales aux équipes en déplacement. Ce faisant, la Côte d'Ivoire se positionne comme un pilier central du football en Afrique, offrant aux pays voisins un espace pour disputer leurs matchs « à domicile » dans un cadre professionnel et sécurisé.

Avec près de la moitié des pays africains ne pouvant se vanter de stades conformes, la Côte d'Ivoire capitalise sur cette lacune. Elle devient ainsi un partenaire incontournable pour d'autres nations, renforçant les relations avec les fédérations africaines et accroissant son influence diplomatique sur le continent. Cette stratégie se reflète également dans les chiffres : lors des éliminatoires de la CAN 2025, pas moins de huit nations africaines viendront se produire sur le sol ivoirien, illustrant l'attractivité croissante du pays.

Un agenda international riche

Du 8 au 15 octobre 2024, la Côte d'Ivoire accueillera des matchs décisifs des éliminatoires de la CAN 2025. Parmi les équipes participantes figurent des nations comme le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, l’Éthiopie, la Guinée, le Rwanda et la Sierra Leone. Un coup de maître pour la Côte d'Ivoire, qui offre une visibilité sans précédent sur la scène footballistique africaine. Des matchs se dérouleront dans des stades emblématiques tels que le Stade Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, le Stade Olympique Alassane Ouattara d'Ebimpé, le Stade Charles Konan Banny de Yamoussoukro et le Stade Laurent Pokou de San Pedro.

Cette initiative n'est pas sans rappeler la stratégie du Maroc, qui a longtemps été considéré comme le principal hôte des compétitions africaines, profitant d'un avantage diplomatique certain en accueillant fréquemment des matchs internationaux. La Côte d'Ivoire, en emboîtant le pas, s’affirme comme un acteur majeur, cherchant à établir des liens privilégiés avec ses voisins et à consolider ses relations diplomatiques.

Un partenaire fiable sur la scène régionale

En proposant des infrastructures modernes et un soutien logistique de qualité, la Côte d’Ivoire se positionne en tant que partenaire fiable pour les nations africaines. Le Bénin et la Guinée, qui ont déjà joué leurs premiers matchs sur le sol ivoirien lors des qualifications de septembre 2024, illustrent cette tendance. Le pays aspire à devenir un leader non seulement dans sa sous-région, mais également à l’échelle du continent, s’appuyant sur des objectifs à long terme définis par son président, Alassane Ouattara.

Metch Silas, ministre délégué chargé des Sports, a récemment affirmé que la volonté du gouvernement est de construire des infrastructures de dimension mondiale pour la jeunesse africaine, contribuant ainsi à l'unité du continent. Cette vision est essentielle, car elle positionne la Côte d'Ivoire comme un acteur proactif dans le développement du football africain.

Au-delà du sport : Une vision politique
L'initiative de la Côte d'Ivoire ne se limite pas aux seuls enjeux sportifs. En accueillant des matchs internationaux, le pays contribue à façonner son image sur la scène mondiale. L’organisation d’événements de grande envergure attire non seulement l’attention des instances sportives comme la FIFA et la CAF, mais aussi celle des investisseurs et des partenaires internationaux.

Le pays a récemment failli accueillir le Trophée des champions, un événement qui aurait opposé le Paris Saint-Germain à l’AS Monaco, renforçant ainsi sa stature sur le plan footballistique. Cette capacité à attirer des compétitions de haut niveau témoigne d’un engagement vers l'excellence et d'une volonté de bâtir un environnement favorable à la pratique du football.

Le Futur : Une stratégie à long terme

En définitive, l'engagement de la Côte d'Ivoire à mettre ses infrastructures au service d'autres nations africaines va au-delà du cadre sportif. Cette initiative s'inscrit dans une stratégie plus large de rayonnement continental et mondial. En créant un environnement propice aux grandes compétitions, la Côte d'Ivoire ne se contente pas de s'imposer comme un hub footballistique ; elle construit un récit collectif où le sport devient un vecteur de coopération et de développement.

Les matchs éliminatoires de la CAN 2025 à venir ne sont qu'une première étape. La Côte d'Ivoire semble déterminée à poursuivre cette dynamique, renforçant ainsi son statut sur le continent. À travers cette démarche, le pays aspire à faire du football un instrument de rapprochement entre les peuples, prônant l’unité et la solidarité entre les nations africaines.

Conclusion : Un nouveau chapitre pour le football africain

Alors que la Côte d'Ivoire s'engage sur cette voie prometteuse, il est essentiel que d'autres pays africains s'inspirent de ce modèle. L'initiative ivoirienne montre que, grâce à des infrastructures de qualité et à une vision politique claire, il est possible de transformer le paysage du football africain. En capitalisant sur ses atouts, la Côte d'Ivoire se prépare non seulement à relever les défis sportifs, mais aussi à jouer un rôle central dans l'avenir du football sur le continent. Ce faisant, elle ne se contente pas de rêver d’un avenir radieux, elle le façonne, match après match, en créant un écosystème durable et prospère pour le football africain.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon