Niamey : Interdiction de la vente ambulatoire pour contrer les menaces terroristes

Dans un contexte sécuritaire de plus en plus tendu, marqué par les menaces constantes que font peser les groupes terroristes sur la capitale du Niger, les autorités locales ont pris une décision drastique mais nécessaire pour renforcer la protection de la ville. Le Colonel Boubacar Soumana Garantché, Administrateur Délégué de la ville de Niamey, a annoncé ce samedi 28 septembre 2024, l’interdiction de la vente ambulatoire de certains sous-produits au cœur de la capitale. Cette mesure vise essentiellement à contrer les risques croissants d’infiltration terroriste en provenance des zones périphériques.

Colonel Boubacar Soumana Garantché, l’ Administrateur Délégué de la ville de Niamey

Une décision à la hauteur des enjeux sécuritaires

La décision, rendue publique par un communiqué officiel, s’inscrit dans le cadre d’un effort continu des autorités nigériennes pour protéger la ville de Niamey, épicentre d’une lutte acharnée pour la souveraineté nationale face aux menaces djihadistes. Depuis plusieurs mois, la capitale nigérienne est sur le qui-vive, avec des informations faisant état de tentatives d’infiltration terroriste, notamment via des moyens de transport rudimentaires qui, jusque-là, échappaient souvent à une surveillance rigoureuse.

Le Colonel Garantché a ainsi pris les devants en interdisant l’accès au centre-ville aux charretiers et chameliers, principaux transporteurs de paille, de bois de chauffe, et d’autres matériaux considérés comme à risque pour la sécurité urbaine. Ce commerce, bien que vital pour de nombreuses familles vivant en périphérie, représente désormais une faille potentielle pour l'infiltration de criminels et de terroristes dans les artères de la capitale.

La menace terroriste au cœur de Niamey

Depuis plusieurs années, le Niger est confronté à la recrudescence de l’insécurité, notamment à cause de la présence de groupes terroristes affiliés à l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans les régions frontalières du pays. Si le combat se concentrait auparavant principalement dans les zones rurales, Niamey est désormais au centre des préoccupations sécuritaires, d’autant plus que la ville est devenue une cible symbolique pour les insurgés.

Le communiqué officiel est explicite : « La Ville de Niamey, épicentre de la lutte héroïque du peuple nigérien pour la reconquête de sa souveraineté et de sa dignité, fait de plus en plus l’objet de menaces sécuritaires graves et concordantes. » Cette phrase, lourde de sens, souligne l’urgence de la situation et la détermination des autorités à protéger une ville devenue symbole de la résistance nationale face à l’assaut des forces djihadistes. En effet, la capitale nigérienne est un nœud stratégique, à la fois politique, économique et militaire, que les terroristes cherchent à déstabiliser pour saper l’autorité de l’État.

Les risques d’infiltration et les moyens de prévention

Selon les autorités, la vente ambulatoire de produits comme la paille, le bois de chauffe, ou encore certains matériaux de construction précaires, pratiquée par les charretiers et chameliers, constitue une faille importante dans le dispositif sécuritaire. En effet, les allées et venues incessantes de ces transporteurs, dans une ville aussi vaste et densément peuplée que Niamey, offrent aux terroristes une couverture idéale pour s’infiltrer discrètement.

Le Colonel Boubacar Soumana Garantché a donc jugé nécessaire de prendre des mesures préventives en redirigeant ces activités vers des zones spécifiques situées aux points d’entrée de la ville. « Des espaces leur sont réservés aux points d’entrée de la Ville afin de continuer à exercer leurs activités et à partir desquels les marchandises peuvent accéder au centre-ville par le canal d’autres moyens de transport adaptés », précise le communiqué. Ainsi, les marchandises, essentielles pour l'approvisionnement des habitants de la ville, continueront d'être commercialisées, mais sous un contrôle plus rigoureux et avec des modes de transport plus sécurisés.

Un équilibre délicat entre sécurité et activités économiques

Bien que cette mesure soit avant tout motivée par des considérations sécuritaires, elle soulève des interrogations sur son impact économique et social. La vente ambulatoire, notamment de produits tels que la paille ou le bois de chauffe, constitue une source de revenus indispensable pour de nombreuses familles vivant dans les zones périphériques de Niamey et les régions désertiques environnantes. Ces commerçants, souvent issus des populations les plus vulnérables, craignent que cette décision ne complique encore davantage leur accès au marché de la capitale, réduisant ainsi leurs opportunités économiques.

Cependant, les autorités insistent sur le fait que cette mesure n’a pas pour objectif de pénaliser ces travailleurs, mais plutôt de les protéger, eux et les habitants de Niamey, contre les risques accrus d’attentats terroristes. La création d'espaces réservés à ces activités aux points d'entrée de la ville permet en effet de maintenir un flux commercial tout en garantissant un contrôle plus strict des déplacements et des marchandises.

Un appel à la compréhension collective

Le communiqué du Colonel Garantché se termine sur une note appelant à la compréhension de la population et des acteurs concernés. « L’Administrateur Délégué de la Ville de Niamey compte sur la compréhension de tous », conclut-il, soulignant ainsi l’importance de l’unité nationale face à un ennemi commun. En effet, la lutte contre le terrorisme est une bataille qui se gagne autant sur le terrain militaire que dans les esprits. Elle nécessite la coopération de toutes les strates de la société, y compris des acteurs économiques qui, bien que touchés par cette nouvelle réglementation, sont appelés à faire preuve de résilience et de solidarité.

Le défi auquel fait face Niamey n’est pas unique. D’autres capitales de la région sahélienne, confrontées aux mêmes menaces, ont déjà dû prendre des mesures similaires pour limiter les risques d’infiltration. Les autorités nigériennes, en décidant de restreindre l’accès au centre-ville pour certains types de commerce, s’inscrivent dans cette dynamique de prévention renforcée.

Un pas de plus vers la sécurisation de la capitale

Cette décision s’ajoute à une série d’autres mesures visant à renforcer la sécurité à Niamey et à prévenir les attaques terroristes. Ces derniers mois, la capitale a vu ses dispositifs de surveillance et de contrôle considérablement accrus. Les forces de sécurité, avec l’appui des services de renseignement, multiplient les opérations préventives pour démanteler les cellules dormantes et prévenir toute tentative d'attentat.

La guerre contre le terrorisme, particulièrement dans un pays comme le Niger, enclavé au cœur d’une région sahélienne instable, est une lutte de longue haleine. Cependant, en prenant des mesures telles que l’interdiction de la vente ambulatoire de certains produits, le gouvernement montre qu’il est déterminé à ne rien laisser au hasard pour protéger sa capitale. Niamey, symbole de la résistance et de la souveraineté nigérienne, se prépare ainsi à faire face, avec vigilance et détermination, aux menaces qui la guettent.

L’avenir dira si ces efforts seront suffisants pour endiguer les risques terroristes, mais en attendant, le message des autorités est clair : la sécurité des citoyens est la priorité absolue, et toutes les mesures seront prises pour garantir leur protection.

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon