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RADIO TANKONNON

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Nouveau prix du cacao en Côte d’Ivoire : une hausse record qui nourrit de nouveaux espoirs chez les producteurs

Publié par RADIO TAN KONNON sur 30 Septembre 2024, 20:30pm

Catégories : #AFRIQUE

Le 30 septembre dernier, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a officiellement dévoilé les prix du kilogramme de cacao et de café pour la nouvelle campagne 2024-2025.

Cacao en Côte d’Ivoire
Cacao en Côte d’Ivoire

Ces annonces étaient particulièrement attendues par les acteurs de la filière, au vu des fluctuations récentes des cours sur les marchés internationaux. Désormais, le kilogramme de cacao se négociera à 1 800 francs CFA (soit 2,46 dollars), tandis que celui du café est fixé à 1 500 francs CFA. Ces tarifs record, en hausse par rapport à la précédente campagne, sont la conséquence directe de l’envolée des cours sur la bourse de New York, mais pour les producteurs ivoiriens, cette avancée reste encore insuffisante. Beaucoup espèrent déjà une revalorisation supplémentaire lors de la prochaine saison.

Une hausse record bienvenue dans un contexte économique tendu

Cette augmentation des prix du cacao a été saluée comme un soulagement par de nombreux producteurs à travers le pays. Le prix bord-champ pour le cacao, fixé à 1 800 francs CFA par kilogramme, représente une augmentation substantielle par rapport aux tarifs précédents, et marque le prix le plus élevé jamais atteint pour la fève en Côte d’Ivoire. Pour le café, la hausse est également significative, avec un prix désormais établi à 1 500 francs CFA par kilogramme.

Cette revalorisation fait écho aux fortes hausses des cours mondiaux du cacao observées ces derniers mois. La demande internationale pour cette précieuse matière première a continué de croître, en dépit des perturbations économiques globales. Sur la bourse de New York, le cacao a atteint des niveaux records, en raison des perturbations climatiques qui ont affecté plusieurs pays producteurs, notamment en Afrique de l’Ouest. Les mauvaises récoltes causées par des sécheresses prolongées et des conditions météorologiques défavorables ont limité l’offre, tandis que la demande mondiale est restée soutenue, en particulier dans les pays consommateurs de chocolat.

Des producteurs en quête de stabilité et de progrès social

Si cette augmentation des prix constitue une avancée, elle ne dissipe pas pour autant toutes les incertitudes qui pèsent sur les producteurs ivoiriens. Ces derniers, souvent confrontés à des conditions de vie précaires, espèrent que cette hausse se traduira par une amélioration tangible de leurs revenus et de leurs conditions de travail.

La question du revenu des producteurs demeure au centre des préoccupations. Si les prix ont été revus à la hausse, une part importante des bénéfices liés à la vente du cacao continue de profiter aux intermédiaires et aux acteurs internationaux. Dans ce contexte, beaucoup estiment que des réformes structurelles sont encore nécessaires pour garantir une redistribution plus équitable des profits.

Selon Alassane Coulibaly, producteur dans la région de Daloa, "même avec cette hausse, nos marges restent limitées. Les coûts de production, des engrais et des intrants continuent d’augmenter. Nous avons besoin d’un soutien plus fort pour améliorer notre rendement et nos conditions de vie." Cette remarque fait écho aux revendications exprimées depuis plusieurs années par les organisations de planteurs, qui plaident pour une revalorisation continue des prix bord-champ, ainsi qu’un accès élargi à des financements et à des ressources techniques pour renforcer la productivité des plantations.

Des défis environnementaux et sociaux à relever

En parallèle des questions économiques, le secteur cacaoyer en Côte d’Ivoire est également confronté à des défis environnementaux majeurs. La déforestation continue de menacer les écosystèmes locaux, avec une conversion massive des forêts en terres agricoles pour répondre à la demande croissante de cacao. Cette situation suscite de plus en plus de préoccupations de la part des autorités locales et des organisations internationales, qui appellent à une transition vers une agriculture plus durable.

Dans ce cadre, des initiatives ont été lancées pour encourager des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, tout en promouvant la reforestation et la régénération des terres dégradées. Cependant, ces efforts restent insuffisants face à l'ampleur du problème. Les producteurs, souvent contraints de maximiser leur rendement pour survivre, ont du mal à concilier les impératifs économiques immédiats avec les exigences de durabilité à long terme.

Le volet social, quant à lui, demeure une zone d’ombre dans l’industrie du cacao. Bien que des progrès aient été réalisés, notamment dans la lutte contre le travail des enfants dans les plantations, ce fléau persiste dans certaines régions. Les pressions économiques subies par les familles de producteurs, associées à des infrastructures éducatives limitées, contribuent à maintenir ces pratiques. Dans ce contexte, une hausse des prix pourrait offrir une opportunité pour améliorer les conditions de vie et de travail des familles rurales, à condition que les bénéfices soient justement redistribués.

Un secteur en mutation et des perspectives d’avenir encourageantes

Malgré ces défis, le secteur cacaoyer ivoirien reste résolument tourné vers l’avenir. Les autorités ivoiriennes, conscientes de l’importance stratégique de cette filière pour l’économie nationale, multiplient les initiatives pour moderniser le secteur et améliorer la compétitivité des producteurs locaux. Le Conseil du Café-Cacao a annoncé une série de mesures visant à renforcer la transparence dans les transactions, à encourager une meilleure organisation des coopératives de producteurs et à offrir des formations techniques pour améliorer les pratiques agricoles.

De plus, la Côte d’Ivoire continue de jouer un rôle clé dans les discussions internationales autour de la régulation des prix du cacao. Aux côtés du Ghana, le pays a été à l’avant-garde des efforts visant à instaurer un prix minimum garanti pour le cacao sur les marchés mondiaux. Cette initiative, bien qu’encore fragile, pourrait constituer une avancée majeure pour stabiliser les revenus des producteurs et les protéger contre les fluctuations des cours.

Pour les producteurs ivoiriens, cette nouvelle campagne 2024-2025 représente ainsi une fenêtre d’opportunité. Bien que la hausse des prix soit perçue comme une victoire, les attentes restent fortes pour voir se concrétiser des avancées durables. "Nous espérons que cette hausse ne sera qu’un début", confie Aminata Diomandé, productrice dans la région de Soubré. "Nous voulons un système plus juste, où les fruits de notre travail profitent à nos familles, et non uniquement aux acteurs internationaux."

Vers une revalorisation continue des prix ?

Alors que la campagne 2024-2025 s’amorce sous de bons auspices, les producteurs ivoiriens espèrent que cette dynamique de hausse des prix se maintiendra au fil des saisons. La demande mondiale pour le cacao continue de croître, et les conditions climatiques difficiles dans plusieurs pays producteurs pourraient maintenir les cours à un niveau élevé. Toutefois, des incertitudes demeurent quant à la stabilité de ces prix, notamment en raison des évolutions économiques et géopolitiques mondiales.

Dans ce contexte, la Côte d’Ivoire devra continuer à négocier habilement sur les marchés internationaux pour préserver les intérêts de ses producteurs. Si la hausse actuelle des prix offre une lueur d’espoir, seuls des efforts coordonnés entre l’État, les acteurs du secteur privé et les producteurs eux-mêmes permettront d’assurer une prospérité durable pour l’ensemble de la filière.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon 

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