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Bamako, la capitale sans viande : La grève des bouchers plonge la ville dans une crise inédite

Publié par RADIO TAN KONNON sur 31 Octobre 2024, 19:51pm

Catégories : #AFRIQUE

Bamako,Alors que la vie bat son plein dans les marchés et quartiers populaires de Bamako, un élément crucial manque à l’appel : la viande. Depuis plusieurs jours, les étals des marchés de la capitale malienne sont vides de toute viande bovine, ovine ou caprine, et la tension monte parmi les habitants face à une situation inédite qui affecte toutes les couches de la société. Les bouchers, jeunes et anciens, ont déserté les marchés pour manifester leur mécontentement, dans une mobilisation inattendue qui a pris des airs de soulèvement social.

Bamako, la capitale sans viande
Bamako, la capitale sans viande

Une grève sans précédent

Le 27 octobre 2024 marque le début de cette grève qui a surpris Bamako au cœur de ses traditions culinaires. L’ensemble des bouchers de la ville, réunis sous le syndicat des Bouchers du Mali, a décidé de cesser toute activité en raison de conditions économiques de plus en plus insoutenables. Dans une déclaration publique, le président du syndicat, Amadou Doumbia, a souligné les principales revendications des grévistes : une augmentation significative des prix de la viande, une révision des taxes imposées sur la filière et une régulation stricte des prix pour contrer les fluctuations incontrôlables du marché.

« Nos familles dépendent de cette activité, mais les coûts explosent, et nos marges sont inexistantes », a déclaré M. Doumbia lors d’une rencontre médiatisée. « Nous sommes épuisés, et cette grève est notre dernier recours pour attirer l’attention sur notre situation. »

Les jeunes bouchers en première ligne

Les jeunes bouchers de Bamako ont pris une place centrale dans ce mouvement de contestation. Regroupés dans les principaux quartiers de la capitale, ils sont devenus les gardiens autoproclamés des marchés, surveillant activement que personne ne contourne la grève en vendant illégalement de la viande. Ces jeunes veillent, avec une vigilance rare, sur la cohésion du mouvement, n’hésitant pas à interdire l’accès aux abattoirs ou aux points de vente de produits carnés.

Dans des quartiers tels que Magnambougou, Sébénikoro et le Grand Marché, des jeunes bouchers se sont improvisés en véritables « gendarmes » des étals. Les rumeurs rapportent que certains d’entre eux ont même intercepté des bêtes destinées à l’abattage clandestin. « C’est notre lutte à tous, nous sommes unis et déterminés. Il n’y aura pas de viande sur le marché tant que nos demandes ne seront pas satisfaites », affirme Souleymane Konaté, un jeune boucher de 25 ans.

Conséquences pour la population

La grève a rapidement eu des répercussions sur les habitudes alimentaires de la population. La viande, élément essentiel de la cuisine malienne, se fait rare et, là où elle est encore disponible, les prix ont grimpé en flèche. « Nous n’avons plus les moyens d’acheter la viande, même les restaurants sont touchés », explique Salimata Traoré, une mère de famille rencontrée dans le quartier de Badalabougou. Les citoyens se retrouvent contraints de chercher des alternatives, tandis que les établissements de restauration rapide et les vendeurs de grillades improvisent des recettes sans viande pour répondre à la demande croissante de clients frustrés.

Les conséquences de cette grève vont bien au-delà des foyers. Dans les cantines scolaires, les écoles peinent à nourrir les enfants avec des menus équilibrés, et les hôtels, confrontés à un afflux de visiteurs étrangers, doivent réviser leurs cartes. Des secteurs entiers sont touchés, et la crise pourrait encore s’aggraver si une solution n’est pas rapidement trouvée.

Un secteur à bout de souffle

La situation des bouchers de Bamako n’est pas nouvelle. Le secteur de la viande traverse des difficultés depuis plusieurs années, avec des coûts de production en constante hausse et des taxes toujours plus lourdes. Les bouchers dénoncent une situation qu’ils jugent intenable, dans un contexte économique où les marges se réduisent et les charges explosent. Pour l’éleveur Sékou Diawara, la chaîne de production de viande est « sous pression ». « Nous travaillons avec de plus en plus de risques financiers et sanitaires, et l’État doit intervenir avant que notre secteur ne s’effondre », prévient-il.

Les revendications des bouchers incluent également une révision de la chaîne d’approvisionnement, marquée par des fluctuations de prix souvent incontrôlables, ainsi qu’une amélioration des infrastructures des abattoirs. « Les conditions d’hygiène et de sécurité dans nos lieux de travail ne sont pas conformes, et cela affecte notre productivité et notre moral », confie Moussa Keïta, un boucher expérimenté de 42 ans.

Une crise qui attire l’attention des autorités

Face à cette crise d’ampleur, le gouvernement malien se trouve dans une position délicate. La pression monte pour apporter une réponse rapide et efficace aux revendications des bouchers. Dans une déclaration récente, le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage a promis de rencontrer les représentants syndicaux afin d’entamer des discussions et de trouver une solution commune. « Nous comprenons les préoccupations des bouchers, et nous nous engageons à trouver des mesures pour réguler le marché et alléger les charges pesant sur leur activité », a déclaré le ministre Boubacar Maïga.

Cependant, les promesses du gouvernement ne semblent pas encore convaincre les grévistes, qui maintiennent leur mobilisation en attendant des actions concrètes. Les leaders syndicaux ont affirmé qu’ils attendraient les résultats des négociations avant de reprendre leur activité. « Nous ne reprendrons pas tant que nos voix ne seront pas entendues et que des décisions fermes ne seront pas prises », a déclaré un porte-parole des jeunes bouchers.

Une solidarité citoyenne qui s’organise

Dans ce climat tendu, la population bamakoise s’organise pour pallier les effets de cette grève. Les associations de quartiers et les leaders communautaires encouragent les alternatives alimentaires et proposent des solutions pour faire face aux pénuries. Certains ont organisé des marchés de substitution proposant du poisson et des produits végétariens. « C’est une épreuve pour tout le monde, mais nous devons faire preuve de solidarité », estime Bintou Coulibaly, une commerçante du Grand Marché.

Des forums de discussions et des campagnes sur les réseaux sociaux s’intensifient pour sensibiliser aux causes de la grève et soutenir le mouvement des bouchers. Des associations de consommateurs appellent également à un dialogue national pour résoudre cette crise. Les citoyens montrent ainsi une cohésion sociale remarquable, cherchant à travers cette épreuve des solutions collectives pour surmonter les difficultés de la vie quotidienne.

Vers une issue incertaine

Alors que la grève des bouchers se poursuit, l’incertitude demeure quant à une résolution rapide de cette crise. Les négociations entre le gouvernement et les syndicats des bouchers vont se révéler décisives dans les prochains jours pour déterminer si Bamako retrouvera prochainement la quiétude de ses marchés et l’abondance de ses produits carnés.

Cette grève a mis en lumière la précarité du secteur de la viande au Mali, mais elle a aussi souligné la solidarité et la résilience du peuple bamakois. La question de l’avenir du secteur de la boucherie reste donc posée, et au-delà de la crise actuelle, c’est tout un modèle économique et social qui appelle à être repensé pour garantir une sécurité alimentaire durable et juste pour tous.

En attendant, Bamako reste sans viande, et la capitale malienne se prépare à endurer cette épreuve avec dignité et espérance.

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