Le Burkina Faso, pays à la croisée des chemins entre modernité agricole et préservation des pratiques traditionnelles, s’efforce depuis plusieurs années d’accompagner ses agriculteurs dans l’amélioration de leurs méthodes de production, notamment par l’introduction d’équipements modernes tels que les tracteurs. Ces initiatives, portées par le Ministère de l'Agriculture, des Ressources animales et halieutiques (MARAH), visent à soutenir les producteurs ruraux dans leur quête d’une agriculture plus compétitive et résiliente face aux aléas climatiques et économiques. Cependant, un incident récent, survenu dans la commune rurale de Gbommbrola, région du Sud-Ouest, vient raviver le débat sur la gestion de ces équipements et la nécessité d'une utilisation responsable.
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Un tracteur abandonné : révélateur de négligences dans la gestion des équipements agricoles
En août 2024, un tracteur affecté par l’État pour le labour gratuit au profit des producteurs de la commune de Gbommbrola a été signalé embourbé et abandonné, suscitant l’indignation de nombreux acteurs du secteur agricole. Selon les informations transmises par le MARAH, cet équipement, mis à disposition dans le cadre des efforts de soutien aux agriculteurs, devait être utilisé pour des labours gratuits, contribuant ainsi à alléger la charge de travail des exploitants ruraux tout en augmentant la productivité. Pourtant, malgré son rôle stratégique, le tracteur n’a jamais atteint le champ du producteur où il devait œuvrer.
L'incident, qui a vu l'engin immobilisé et laissé sans intervention durant plusieurs semaines, a été dénoncé par des producteurs locaux, faisant remonter le cas jusqu’au ministère. Après vérification, il a été confirmé que le tracteur s’était embourbé lors de son déplacement vers un champ, avant d’être laissé à l’abandon sans qu’aucune mesure de récupération ne soit entreprise dans l’immédiat.
Ce cas a aussitôt soulevé des questions de responsabilité et de négligence dans la gestion de ce matériel, pourtant essentiel pour le développement des productions agricoles dans les zones rurales. Le ministère n'a pas tardé à réagir, rappelant que de telles défaillances dans l’utilisation des équipements mis à disposition ne sauraient être tolérées.
Des responsabilités situées et des interpellations en cours
Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, dans une déclaration publique, a informé que les responsabilités ont été situées quant à l’incident de Gbommbrola. Les personnes mises en cause ont été interpellées, et une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de cet abandon, ainsi que les éventuelles sanctions à prévoir. Il est question de vérifier non seulement les causes techniques ayant conduit à l’embourbement, mais aussi de s’assurer que les procédures de maintenance et de gestion des tracteurs aient été correctement suivies.
Ce triste épisode met en lumière une gestion parfois insuffisante des équipements agricoles, qui, au lieu d’être des vecteurs de progrès, peuvent devenir de véritables boulets lorsque la rigueur et la vigilance ne sont pas au rendez-vous. Le MARAH, conscient de l’impact négatif que de tels incidents peuvent avoir sur la perception des politiques publiques, a tenu à rappeler que l’usage des tracteurs et autres équipements agricoles doit faire l’objet d’une gestion scrupuleuse.
Un rappel à l’ordre sur la bonne gestion des équipements agricoles
À la suite de cet incident, le ministère a rappelé de manière ferme que "aucun écart de conduite, négligence ou mauvaise utilisation des matériels et équipements agricoles ne sera toléré". Lors de la cérémonie officielle de remise et de déploiement des tracteurs à travers le territoire, les autorités avaient pourtant insisté sur la nécessité d’assurer une gestion efficace et transparente de ces engins, qui représentent un investissement conséquent de la part de l’État pour le développement agricole. Il s’agit ici de biens publics destinés à stimuler la production nationale, et tout abus ou négligence dans leur gestion doit être sanctionné avec la plus grande sévérité.
Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques a donc profité de cette situation pour réitérer son appel à la vigilance auprès de l’ensemble des responsables en charge de la gestion des équipements agricoles. Il est demandé à ces derniers d’assurer non seulement une utilisation optimale des engins mis à disposition, mais aussi une maintenance régulière pour éviter que des situations d’abandon ou de détérioration ne se reproduisent.
Une initiative gouvernementale cruciale pour l’agriculture burkinabè
Les tracteurs mis à disposition dans les communes rurales, à l’image de celui de Gbommbrola, font partie d’un vaste programme gouvernemental visant à moderniser l’agriculture burkinabè. Face aux défis du changement climatique, à l’insécurité alimentaire et à la pression démographique, l’État a mis en place des mécanismes pour soutenir les agriculteurs, notamment par la mise à disposition d'équipements agricoles lourds. Ces tracteurs, affectés gratuitement ou à des tarifs symboliques, permettent aux producteurs de bénéficier d’un travail mécanisé, plus rapide et plus efficace que les méthodes traditionnelles.
Le Burkina Faso, dont l’économie repose en grande partie sur l’agriculture, aspire ainsi à augmenter sa production pour non seulement satisfaire les besoins alimentaires de sa population, mais également renforcer ses capacités d’exportation dans la sous-région et au-delà. Cependant, pour que cette ambition soit couronnée de succès, encore faut-il que les infrastructures et les équipements soient correctement gérés, en évitant les gaspillages et les dysfonctionnements observés dans certains cas, comme celui de Gbommbrola.
La résilience des populations rurales saluée par les autorités
En dépit de cet incident, le ministère n’a pas manqué de féliciter la population paysanne pour sa résilience et son engagement envers le développement agricole du Burkina Faso. Les agriculteurs, confrontés à des conditions souvent difficiles, continuent de jouer un rôle central dans la dynamique économique du pays. Leur capacité à s’adapter aux nouveaux outils et technologies, tels que les tracteurs, démontre leur volonté de contribuer à l’essor d’une agriculture plus moderne et productive.
En appelant à la vigilance collective, le ministère a également invité les agriculteurs et la population à dénoncer tout cas suspect de mauvaise gestion liée aux équipements agricoles. Un numéro vert (51 51 34 04) a été mis en place pour permettre à chacun de signaler d’éventuels abus ou négligences. Cette démarche s’inscrit dans une logique de transparence et de responsabilité partagée, où chaque acteur, qu’il soit producteur, gestionnaire ou simple citoyen, peut jouer un rôle dans la bonne utilisation des ressources publiques.
En conclusion : vers une gestion plus rigoureuse et responsable
L’affaire du tracteur abandonné à Gbommbrola est révélatrice des défis auxquels fait face le Burkina Faso dans la gestion de ses équipements agricoles. Si le gouvernement multiplie les efforts pour moderniser et soutenir l’agriculture nationale, la réussite de ces initiatives dépend largement de la rigueur et de la responsabilité des acteurs locaux. La vigilance de tous, combinée à une gestion transparente, est essentielle pour éviter que de tels incidents ne se répètent et pour garantir que les outils mis à disposition des agriculteurs contribuent effectivement à l’augmentation de la productivité et à l’amélioration des conditions de vie dans les zones rurales.
Ce rappel à l’ordre du ministère montre que, si les ambitions sont grandes, il reste encore des efforts à faire pour garantir que chaque tracteur, chaque équipement, serve réellement à l’essor de l’agriculture burkinabè, au bénéfice de tous les citoyens.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon