Du 3 au 24 octobre 2024, le Burkina Faso vibre au rythme de la création artistique, à l'occasion de la 14e édition du Symposium international des sculptures sur granite de Laongo. Cet événement emblématique, qui se déroule dans la province de l’Oubritenga, non loin de Ouagadougou, attire cette année 17 sculpteurs stagiaires issus de neuf pays, rassemblés autour d’un projet unique : transformer la pierre brute en œuvres d’art intemporelles. Sous l’impulsion de trois formateurs chevronnés et dans le cadre innovant d’un chantier-école, ces jeunes artistes se lancent dans une aventure alliant technique, créativité et critique d’art.
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Un symposium international au rayonnement grandissant
Le Symposium de Laongo est bien plus qu’un événement local ; il s’agit d’un rendez-vous artistique majeur qui attire des participants venus du monde entier. Cette année, les sculpteurs stagiaires proviennent d’horizons aussi divers que le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Togo, la France, l’Espagne et l’Italie. Tous unis par leur passion commune pour la sculpture, ils se retrouvent sur les terres burkinabè pour échanger leurs savoirs, affiner leurs techniques et laisser libre cours à leur imagination.
La beauté des paysages naturels de Laongo, avec ses immenses blocs de granite, constitue le cadre idéal pour accueillir cet événement. Depuis sa première édition en 1989, ce symposium a pour vocation de valoriser ce matériau noble et brut qu’est le granite, en y insufflant une dimension artistique qui transcende les frontières. Aujourd'hui, Laongo est reconnu comme un site exceptionnel où l’art contemporain dialogue harmonieusement avec la nature.
L’innovation du chantier-école : Une formation théorique et pratique
L'édition 2024 du Symposium de Laongo se distingue par une innovation majeure : l’introduction d’un chantier-école. Ce concept, inédit dans l’histoire du symposium, vise à offrir aux participants une formation structurée qui combine théorie et pratique, dans un cadre d'apprentissage intensif. Mikael Lompo, directeur des arts et des scènes appliquées à la Direction générale de la culture et des arts, souligne l’importance de cette initiative. « Le chantier-école a été lancé afin de créer un cadre de formation et de renforcement des capacités. Il permet aux stagiaires d’acquérir les rudiments nécessaires pour évoluer vers le statut d’artistes professionnels », a-t-il expliqué lors du lancement officiel.
Sous la direction de trois formateurs experts, les stagiaires bénéficient d’un encadrement de haut niveau. Saidou Alcéni Barry, critique d’art réputé, met l’accent sur l'importance de la compréhension et de la maîtrise de la critique artistique, un élément souvent négligé mais essentiel dans le parcours des artistes contemporains. Edwige Kaboré, enseignant-chercheur, apporte son expertise académique pour renforcer les aspects théoriques et historiques de la sculpture. Enfin, Siriki Ki, artiste-sculpteur de renom, assure la transmission des techniques de sculpture sur granite, une discipline exigeante et rigoureuse, où chaque coup de ciseau doit être précis et réfléchi.
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L’incubation des talents : Une priorité du gouvernement
La mise en place du chantier-école s’inscrit dans une volonté plus large du gouvernement burkinabè de promouvoir l’art et la culture comme des vecteurs de développement économique et social. Le secrétaire général du ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Fidèle Tamini, a rappelé lors de son intervention que cette initiative correspond à la vision du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, qui attache une grande importance à l’émergence de talents locaux. « Cette activité d’incubation de talents vise à permettre aux stagiaires d’acquérir des connaissances spécifiques en matière de sculpture sur granite et de développer leur créativité », a-t-il déclaré.
En investissant dans la formation des jeunes artistes, le gouvernement espère non seulement renforcer la scène artistique nationale, mais aussi encourager l’innovation et l’expression individuelle dans un domaine où les opportunités sont encore rares. Le chantier-école représente ainsi un véritable tremplin pour ces jeunes créateurs, leur offrant les moyens de se projeter dans une carrière professionnelle solide et pérenne.
Une formation basée sur l’immersion totale
Le concept du chantier-école repose sur une immersion totale des stagiaires dans le processus de création artistique. Comme l’a souligné Assétou Sy Barry/Traoré, gouverneure de la région du Plateau Central, représentant le ministre en charge des arts, lors de la cérémonie d’ouverture, « cette activité de formation, qui allie théorie et pratique, sera principalement basée sur la mise en situation pour une meilleure assimilation des apprenants ».
Les participants sont ainsi confrontés aux réalités techniques et artistiques de la sculpture sur granite. Chaque étape, de la conception d'une œuvre à sa réalisation, est minutieusement étudiée et mise en pratique sous l’œil vigilant des formateurs. Le granite, matériau imposant et difficile à travailler, impose à ces jeunes artistes un effort constant d’adaptation, de maîtrise des outils et de compréhension des propriétés de la pierre. C’est dans cette interaction entre la matière brute et la vision artistique que naissent des œuvres puissantes, capables de résister à l’épreuve du temps.
Une plateforme de créativité et d’échanges
Le Symposium de Laongo ne se limite pas à la formation technique. Il constitue également un espace d’échanges interculturels, où les participants, venus de différents pays, peuvent partager leurs expériences et enrichir mutuellement leurs pratiques artistiques. Cette interaction est cruciale dans un contexte où l’art contemporain évolue sans cesse, influencé par des courants divers et des approches plurielles.
La présence d’artistes internationaux permet aux stagiaires de découvrir d’autres techniques et d’autres perspectives. Par ailleurs, la dimension critique apportée par Saidou Alcéni Barry incite les jeunes sculpteurs à réfléchir sur le sens et l’impact de leur travail, leur offrant ainsi une formation complète qui va bien au-delà de l’apprentissage des techniques.
Un engagement pour la pérennité de l’art sculptural au Burkina Faso
Le Symposium international de Laongo est aussi un acte d’engagement pour la pérennisation de l’art sculptural au Burkina Faso. En effet, au-delà de l’aspect événementiel, ce symposium se veut un moteur de dynamisation de la scène artistique nationale. En offrant à des artistes émergents une plateforme d’expression, tout en leur fournissant les compétences nécessaires pour se professionnaliser, l’événement contribue à l’émergence d’une génération d’artistes capables de porter haut les couleurs du Burkina Faso sur la scène internationale.
À travers cette initiative, le gouvernement burkinabè souhaite renforcer le rôle de l’art dans la société et valoriser le potentiel créatif de la jeunesse burkinabè. Le Symposium de Laongo, avec ses innovations et son ouverture aux artistes étrangers, symbolise parfaitement cette ambition.
Conclusion : Un chantier pour l’avenir artistique du Burkina Faso
En 2024, le Symposium international des sculptures sur granite de Laongo franchit un nouveau cap avec l’introduction du chantier-école, une innovation qui fait de cette édition un véritable laboratoire de talents. Grâce à cette plateforme, les sculpteurs stagiaires bénéficient d’une formation complète, qui allie technique, créativité et critique artistique. En investissant dans l’émergence de nouveaux talents, le Burkina Faso affirme sa volonté de renforcer sa scène artistique et de positionner l’art comme un levier de développement économique et social.
Sous l’impulsion du président Ibrahim Traoré, et avec l’engagement des institutions culturelles, ce symposium s’inscrit dans une dynamique plus large de promotion de l’inclusion et du développement artistique, faisant de Laongo un point de référence pour la sculpture sur granite en Afrique et dans le monde.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon