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RADIO TANKONNON

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Affaire de la tentative de coup d’État au Burkina Faso : tension entre les médias maliens et burkinabè, le CSC appelle à la responsabilité médiatique dans le Sahel

Publié par RADIO TAN KONNON sur 13 Novembre 2024, 01:51am

Catégories : #CSC

Le Burkina Faso et le Mali, deux nations liées par une histoire, une culture et des défis communs, traversent une zone de turbulences diplomatiques. Au cœur de cette nouvelle crise : des accusations et contre-accusations médiatiques à la suite d’une tentative de coup d'État avortée au Burkina Faso, révélée le 8 novembre 2024.

Le siege du CSC
Le siege du CSC

Les propos tenus par un invité lors d’une émission diffusée sur la chaîne de télévision malienne Joliba TV, mettant en doute la véracité des informations officielles burkinabè, ont suscité une vive réaction de la part du Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso, qui a publiquement dénoncé des propos jugés infondés et nuisibles à la coopération entre les deux pays.

Une tentative de coup d’État : déjouée ou montée en scène ?

La nouvelle est tombée le soir du 8 novembre 2024. La Radiodiffusion-Télévision du Burkina (RTB), au journal de 20 heures, a annoncé la déjouée d’une tentative de déstabilisation orchestrée par un individu cherchant à corrompre des soldats avec la somme astronomique de 5 milliards de francs CFA. Selon le récit officiel, cet individu avait tenté de rallier des militaires à son projet, visant à semer le chaos et à déstabiliser les institutions du Burkina Faso. La tentative, cependant, a échoué, et la somme incriminée a été saisie et déposée au Trésor public, en attendant l'issue des investigations sur l’origine de ces fonds suspects.

Cette annonce, saluée par une partie de l’opinion publique burkinabè comme une démonstration de la vigilance des autorités face aux tentatives de déstabilisation, a rapidement suscité des réactions. Cependant, c'est lors de l’émission « Au rendez-vous des idées », diffusée le 10 novembre 2024 sur Joliba TV, que le débat a pris une tournure inattendue. Un invité, apparemment sceptique face aux informations relayées par les médias burkinabè, a déclaré que les révélations concernant la tentative de coup d'État n'étaient, selon lui, qu’un « simple montage ». Cette prise de position a provoqué l’indignation des autorités burkinabè, lesquelles y ont vu une tentative de saper la crédibilité de l’État burkinabè et de son appareil sécuritaire.

Le Communiqué du CSC
Le Communiqué du CSC.

Une réaction immédiate du CSC burkinabè

Face à ce qu’il perçoit comme une tentative de discrédit, le CSC du Burkina Faso n’a pas tardé à réagir. Par le biais d’un communiqué, l’institution a fermement dénoncé les propos tenus sur Joliba TV, les qualifiant d’erronés et portant atteinte à l'intégrité de l’État burkinabè. Pour le CSC, de telles déclarations, diffusées sur une chaîne de télévision étrangère, risquent de semer la confusion dans l’opinion publique, non seulement au Burkina Faso mais dans toute la sous-région.

Le CSC a également souligné que ces affirmations nuisent à l'esprit de solidarité et de coopération prôné par l'Alliance des États du Sahel (AES). Fondée pour répondre aux défis communs de la région, cette alliance représente un cadre dans lequel les pays sahéliens, y compris le Burkina Faso et le Mali, œuvrent pour la stabilité, la sécurité et l’indépendance réelle de leurs nations. En dépit des divergences internes, le CSC estime que la solidarité régionale reste la clé pour faire face aux menaces communes, et que les prises de position, surtout en période de tension politique, doivent être basées sur des faits avérés.

Les relations entre le Burkina Faso et le Mali : un équilibre fragile

Cette affaire met en lumière les relations complexes entre le Burkina Faso et le Mali, qui partagent des défis similaires en matière de sécurité et de gouvernance. Depuis plusieurs années, les deux pays font face à des menaces terroristes intenses, des crises politiques internes, et des pressions économiques qui fragilisent leurs institutions et affectent leur tissu social. Cette situation difficile les a conduits à renforcer leurs relations diplomatiques et à coordonner leurs efforts au sein de l’AES, une alliance stratégique en quête d’autonomie face aux influences extérieures.

Cependant, malgré cette coopération, des tensions subsistent, alimentées par des perceptions différentes de la gestion de certains enjeux sensibles, comme celui de la sécurité nationale. Dans ce contexte, chaque information relayée sur l’une des chaînes médiatiques des deux pays peut rapidement se transformer en point de discorde, surtout lorsque ces informations touchent des aspects aussi cruciaux que la sécurité de l’État.

Une demande de responsabilité adressée à la HAC malienne

Dans son communiqué, le CSC du Burkina Faso a formulé une requête claire : que la Haute autorité de la communication (HAC) du Mali prenne des mesures appropriées concernant les propos tenus dans l’émission de Joliba TV. Le CSC a rappelé l'importance de la vérification des informations diffusées par les médias, en particulier dans un contexte où chaque mot peut exacerber des tensions et générer des malentendus diplomatiques.

Cette demande s'inscrit dans une volonté de maintenir la coopération médiatique entre les deux pays et de promouvoir une information responsable, fondée sur des faits vérifiés et des analyses objectives. Pour le CSC, il est impératif que les médias des deux nations contribuent à la stabilité régionale en adoptant une approche prudente et rigoureuse dans le traitement des sujets sensibles.

Les dangers de la manipulation de l’opinion en période de crise

Le Burkina Faso, comme le Mali, traverse une période de vulnérabilité politique et sociale qui rend son opinion publique plus susceptible aux manipulations de l’information. Dans un tel contexte, la prudence devient essentielle. Les informations non vérifiées, diffusées sur des plateformes internationales, peuvent non seulement porter atteinte à la crédibilité des institutions nationales, mais également compromettre les relations diplomatiques établies avec soin entre pays voisins.

L’affaire du prétendu coup d'État avorté au Burkina Faso rappelle ainsi le rôle crucial que jouent les médias dans la perception de la réalité politique et sociale. Le CSC a saisi cette opportunité pour réaffirmer son engagement envers la vérité et la transparence de l’information, tout en alertant la population burkinabè sur les dangers potentiels des manipulations médiatiques. Il est nécessaire, pour chaque citoyen, d’exercer un regard critique sur les informations diffusées et de faire preuve de vigilance face aux tentatives de déstabilisation.

Une situation complexe aux enjeux multiples

Au-delà des tensions immédiates, cet incident expose les défis auxquels sont confrontées les autorités de communication dans les États sahéliens. En période de crise, il devient impératif pour les institutions chargées de réguler l’information de renforcer leurs dispositifs pour garantir une couverture médiatique équilibrée et fiable. Les médias, eux aussi, ont un rôle de première importance dans le soutien de la stabilité et de la cohésion sociale en période d’incertitude.

En réponse aux accusations de « montage » portées par l’invité de Joliba TV, le Burkina Faso tient à protéger l’intégrité de ses institutions et de ses initiatives visant à maintenir l’ordre public. Cette vigilance s’inscrit dans la défense des valeurs de solidarité régionale et de respect mutuel qui sont les fondements de l’AES.

Conclusion : vers une régulation plus concertée de l’information dans le Sahel

Le différend entre le CSC du Burkina Faso et les médias maliens, bien que sensible, offre une occasion unique de repenser la régulation de l’information dans la région sahélienne. Face à des enjeux sécuritaires de plus en plus complexes, il devient crucial pour les pays de l’AES d’établir des mécanismes de contrôle concertés qui garantissent une diffusion responsable de l’information.

L’incident qui oppose actuellement le Burkina Faso et le Mali rappelle ainsi l’importance d’une coopération régionale renforcée dans le domaine de la communication. La transparence, la rigueur journalistique et la responsabilité partagée devront être les principes directeurs d’un nouvel élan vers une communication plus harmonieuse et stabilisatrice. Le défi est immense, mais il est essentiel pour soutenir la paix, la sécurité et la cohésion au sein d’une région en quête de stabilité durable.

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon
 

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