Dans une opération d’envergure menée dans la nuit du 5 au 6 novembre, la Brigade d’Enquête et de Recherche de l’Ouest (BERO) et la Coordination nationale de lutte contre la fraude ont marqué un nouveau coup dur contre les réseaux de contrebande qui gangrènent le Burkina Faso. Sur l’axe stratégique reliant Ouagadougou à Bobo-Dioulasso, au niveau de la localité de Pâ, les autorités ont mis la main sur une cargaison imposante de cigarettes de contrebande de marque « SIR ». Au total, 1 050 cartouches, représentant pas moins de 10 500 paquets et 210 000 bâtons de cigarettes, ont été saisies. Estimée à 10 500 000 FCFA, cette saisie spectaculaire réaffirme l’engagement des autorités à assainir le commerce local et à restaurer l’autorité de l’État.
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Un réseau de contrebande déjoué
Le trafic de cigarettes est depuis longtemps un fléau au Burkina Faso, alimentant une économie parallèle qui nuit autant aux finances publiques qu’à la concurrence loyale dans le secteur commercial.
La saisie de Pâ constitue, selon les autorités, l’une des plus grandes opérations de cette nature jamais réalisées dans la région ouest du pays. L’importance de cette interception ne réside pas seulement dans la valeur de la marchandise, mais surtout dans le message fort envoyé aux réseaux de fraudeurs.
Le Coordonnateur national de la lutte contre la fraude, bien conscient de la montée en puissance des réseaux de contrebande, a tenu à féliciter l’ensemble de ses collaborateurs, en particulier les agents de la BERO, pour leur détermination et leur professionnalisme.
« Cette opération réussie démontre notre capacité à agir au-delà de nos zones habituelles d’intervention, et surtout, notre engagement sans faille à démanteler les réseaux de fraude, peu importe leur localisation sur le territoire national », a-t-il affirmé dans une déclaration empreinte de fermeté.
La stratégie de la lutte contre la fraude s'étend au-delà des frontières habituelles
Traditionnellement concentrée dans les grands centres urbains et les zones douanières, la Coordination nationale de lutte contre la fraude a, cette fois-ci, étendu ses tentacules aux régions plus éloignées, souvent perçues comme des zones de repli pour les trafiquants. Ce déplacement stratégique est le résultat d’un plan de déploiement élaboré pour renforcer la couverture territoriale des opérations anti-fraude.
En choisissant d’intervenir dans une zone aussi éloignée que Pâ, située à l’écart des circuits habituels de surveillance, la Coordination nationale entend souligner l’importance de la lutte contre la fraude dans le contexte d’une restauration complète de l’autorité de l’État. « La fraude constitue un défi majeur pour le développement économique de notre pays », souligne un responsable de la Coordination nationale. « En multipliant les points de contrôle et en diversifiant les zones d’intervention, nous voulons faire comprendre aux fraudeurs que nulle part, ils ne pourront se sentir à l’abri de la loi ».
Sensibilisation et répression : un équilibre délicat mais nécessaire
Le succès de cette opération s’inscrit dans une démarche globale de la Coordination nationale, qui combine à la fois des efforts de sensibilisation et des actions de répression ciblées.
Après avoir multiplié les campagnes d’information pour éduquer les commerçants et la population aux méfaits de la fraude, les autorités sont entrées dans une phase de répression plus stricte, bien décidées à traquer les auteurs de contrebande et leurs complices jusqu’à leur dernier refuge.
Les actions de sensibilisation, lancées il y a plusieurs mois, visent à impliquer activement les citoyens dans la lutte contre la fraude.
En effet, la collaboration entre la population et les autorités s’avère cruciale dans le repérage des activités illicites. « Le succès de cette opération est aussi le fruit de l’engagement des citoyens qui n’hésitent plus à dénoncer les pratiques suspectes. C’est cette solidarité nationale qui fait notre force », affirme le Coordonnateur national, tout en encourageant les citoyens à continuer de signaler les comportements suspects.
Un fléau aux conséquences économiques et sociales graves
Au-delà des aspects sécuritaires, la fraude et la contrebande posent de véritables enjeux économiques pour le Burkina Faso. Le trafic de cigarettes, comme d’autres formes de contrebande, prive l’État de précieuses recettes fiscales qui pourraient être allouées à des secteurs clés tels que l’éducation, la santé, et l’infrastructure publique.
En permettant l’entrée de produits non contrôlés sur le marché, ces réseaux de contrebande mettent également en danger la santé des consommateurs, les produits de contrebande échappant aux contrôles de qualité et de sécurité sanitaire.
Les opérateurs économiques, notamment les petits commerçants respectant les règles, se retrouvent également en situation de concurrence déloyale face à des produits qui bénéficient de prix plus bas en raison de l’évasion fiscale.
Pour nombre de ces acteurs, la lutte contre la fraude représente donc un combat vital pour préserver leur gagne-pain et contribuer à une économie saine.
Un appel à la mobilisation citoyenne pour une concurrence loyale
Face à ces défis, la Coordination nationale de lutte contre la fraude a lancé un appel à l’ensemble de la population pour participer activement à la dénonciation des pratiques frauduleuses. « Notre mission est de garantir un climat économique où la concurrence est loyale et transparente », a rappelé le Coordonnateur. Il a insisté sur le fait que les services de la Coordination nationale restent ouverts et accessibles à tous les Burkinabè souhaitant signaler des cas de fraude.
Cet appel à la mobilisation citoyenne s’accompagne d’une promesse de protection pour ceux qui signalent des activités suspectes, un élément essentiel pour renforcer la confiance de la population envers les autorités. En collaboration avec les forces de sécurité et les instances judiciaires, la Coordination nationale s’engage à poursuivre et à sanctionner les contrevenants, tout en protégeant l’intégrité des informateurs.
La lutte contre la fraude, un pilier de la restauration de l'autorité de l'État
Au Burkina Faso, la lutte contre la fraude prend une dimension stratégique, car elle s’inscrit dans un contexte plus large de restauration de l’autorité de l’État. Alors que le pays fait face à des défis multiples, notamment sécuritaires, les autorités sont déterminées à restaurer une gouvernance forte et respectée sur l’ensemble du territoire.
La Coordination nationale de lutte contre la fraude se positionne ainsi comme un acteur clé dans ce processus, en consolidant la présence de l’État à travers ses actions de répression.
Dans ce cadre, les efforts de la Coordination nationale vont au-delà des simples saisies de produits. Ils visent également à renforcer la transparence dans les échanges économiques, à restaurer la confiance des citoyens envers les institutions, et à soutenir le développement d’une économie nationale équitable.
Vers une intensification des opérations
À la suite de cette opération à Pâ, les autorités ont déjà annoncé une intensification des contrôles dans les zones périurbaines et rurales, où les trafiquants tendent à se retrancher. Avec la conviction que la lutte contre la fraude doit être omniprésente et inébranlable, la Coordination nationale, en partenariat avec les brigades d’intervention régionales, prévoit d’accroître la fréquence et la portée des opérations.
En adoptant une approche coordonnée et en étendant son rayon d’action à l’ensemble du territoire national, la Coordination nationale de lutte contre la fraude réaffirme son engagement envers la protection des intérêts économiques du Burkina Faso et la préservation de l’équité commerciale. Dans cette lutte acharnée, les autorités et la population avancent désormais main dans la main pour bâtir un avenir où la fraude et la contrebande n’auront plus leur place.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon