Le 7 novembre 2024, Dakar a ouvert grand ses portes au monde de l’art avec l’inauguration tant attendue de la 15ᵉ Biennale de l’art africain contemporain, un événement qui, depuis trois décennies, confirme la place de la capitale sénégalaise en tant que phare culturel sur le continent. Cet événement, qui s’étendra jusqu’au 7 décembre, promet d’être un moment d’intensité artistique rare, accueillant quelque 400 000 visiteurs venant de tous les horizons pour admirer les œuvres de 58 artistes d’Afrique et de sa diaspora, venus explorer des thèmes aussi divers que profonds.

Placée sous le thème « The Wake – L’éveil, le sillage, xàll wi », la Biennale 2024 s’attaque à des sujets universels et contemporains tels que la féminité, la violence, et la consommation, dans une réflexion sur les dynamiques sociales et identitaires qui traversent le continent et résonnent bien au-delà. Le président Bassirou Diomaye Faye, lors de son discours d’ouverture, a exprimé sa fierté et son engagement en faveur de la culture africaine, affirmant que cette biennale est une vitrine pour le Sénégal et pour l’art africain dans son ensemble. « Dakar sera pour un mois le carrefour de l’art et de la culture, un lieu de partage et de dialogue qui rayonne au-delà de nos frontières », a-t-il déclaré, saluant le travail des organisateurs et des artistes présents.
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Un moment fort : le Grand Prix Léopold Sédar Senghor décerné à Agnès Brézéphin
L’un des moments les plus marquants de cette cérémonie d’ouverture fut la remise du prestigieux Grand Prix Léopold Sédar Senghor, qui honore chaque édition une contribution exceptionnelle à l’art africain contemporain. Cette année, cette distinction a été décernée à Agnès Brézéphin, artiste de la Martinique, pour sa création d’une police typographique dédiée à l’alphabet créole, sobrement intitulée « Coolie ». Ce choix souligne non seulement l'originalité de l'artiste, mais également son engagement à préserver et valoriser le patrimoine linguistique et culturel des Caraïbes à travers un médium innovant.
La typographie « Coolie » se distingue par sa capacité à marier les caractères modernes à une esthétique profondément enracinée dans l’histoire créole, ouvrant de nouvelles possibilités d’expression écrite pour une langue qui a souvent été transmise oralement.
Par cette œuvre, Brézéphin invite le spectateur à réfléchir sur les notions d’identité et de transmission culturelle, un écho poignant à la thématique de l’« éveil » qui traverse cette biennale. La remise de ce prix a été accueillie par une ovation debout, célébrant la contribution significative de cette œuvre à la diversité culturelle et linguistique du monde francophone.
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Salimata Diop et une Biennale résolument tournée vers l’immersion et la réflexion
À la tête de cette édition, Salimata Diop, directrice artistique visionnaire, a orchestré un programme d’une richesse remarquable, invitant les visiteurs à vivre une expérience immersive et multisensorielle. Loin d’une simple exposition d’œuvres, la Biennale 2024 propose un parcours initiatique où les installations sonores et musicales se mêlent aux performances visuelles, offrant une plongée profonde dans l’univers créatif des artistes présents. Dans cette exploration sensible de « l’éveil », les œuvres invitent le spectateur à se questionner, à ressentir et à réfléchir sur des thématiques sociales pressantes.
Au-delà des galeries traditionnelles, les rues de Dakar se sont également transformées en scène artistique, où des installations interactives permettent au public de devenir acteur de son propre parcours. Ce festival d’arts, loin de l’enfermement d’un musée, donne à voir la ville sous un autre angle, offrant à ses visiteurs une expérience culturelle à la fois engagée et accessible.
Diop a expliqué son choix du thème « The Wake – L’éveil » comme une réponse à la nécessité de réveiller les consciences face aux défis de notre époque. Selon elle, cette édition est une invitation à regarder en face les questions de violence, de genre et de surconsommation qui gangrènent le tissu social mondial, et à y répondre par la création et la pensée critique. Son ambition est de faire de cette biennale un espace de dialogue et de transformation, où chaque œuvre, chaque artiste, contribue à tracer les contours d’un avenir plus harmonieux.
Une mosaïque artistique au cœur d’une capitale en effervescence
Avec 58 artistes sélectionnés, cette édition de la Biennale met en lumière la diversité des expressions artistiques africaines et de sa diaspora, offrant une fenêtre sur les multiples facettes de la créativité contemporaine du continent. Peintures, sculptures, installations, performances et œuvres numériques se succèdent dans un parcours varié et surprenant. Chaque espace d’exposition révèle des univers singuliers, souvent marqués par une dimension introspective, où l’intime dialogue avec l’universel.
Parmi les œuvres marquantes, on trouve une installation saisissante de l’artiste nigérian Chima Okeke, explorant la relation entre technologie et identité à travers une série de sculptures interactives où le spectateur peut, à l’aide de capteurs, modifier les couleurs et les formes des œuvres, symbolisant ainsi la transformation incessante de l’identité dans le monde numérique. Du côté des œuvres visuelles, l’artiste sénégalaise Aïda N’Diaye présente une série de portraits monumentaux de femmes du Sahel, peints avec des pigments naturels et des matériaux récupérés, illustrant la résilience des communautés locales face aux défis écologiques et sécuritaires.
Loin de se limiter aux salles d’exposition, la Biennale investit également des lieux publics et des sites historiques de Dakar, transformant la ville en un théâtre à ciel ouvert. Les visiteurs déambulent entre les œuvres, tissant une connexion directe entre l’art et le quotidien, entre les questions posées par les artistes et la réalité de la vie dakaroise. Le festival s'étend ainsi bien au-delà de ses murs, rendant l’art accessible à tous, à tout moment.
Le défi budgétaire et la persévérance du secteur culturel sénégalais
Il n’a pas été simple de mener à bien cette édition. Les défis financiers se sont imposés comme un obstacle de taille, qui avait initialement retardé la biennale. Toutefois, grâce à la persévérance des organisateurs et au soutien renouvelé du gouvernement sénégalais, la biennale a pu voir le jour. Pour de nombreux acteurs culturels, cette persévérance témoigne de l’importance accordée à l’art comme pilier essentiel du développement et de l’affirmation identitaire du pays.
Le président Bassirou Diomaye Faye a, dans son discours d’inauguration, réitéré l’engagement de son gouvernement envers la culture, rappelant que le Sénégal a une longue tradition de soutien aux arts. En choisissant de maintenir la biennale malgré les obstacles, les autorités ont envoyé un signal fort quant à l’importance de l’art pour la société sénégalaise et africaine.
Un espace de dialogue et de questionnement pour l’art africain
La Biennale de Dakar est un carrefour de rencontres et de dialogues où les artistes, les penseurs et les amateurs d’art partagent leurs visions et leurs expériences. Elle est aussi le théâtre de débats et de conférences qui permettent d’approfondir les réflexions sur les thématiques abordées. Dans cette édition, les discussions gravitent autour de la place de l’art dans les luttes sociales et des perspectives de développement culturel en Afrique. Des ateliers, des tables rondes et des performances incitent le public à s'interroger sur la fonction sociale de l’art et sur les moyens de promouvoir une scène artistique africaine puissante et durable.
Cette biennale est également une vitrine pour les jeunes artistes, un tremplin qui leur offre l'opportunité de se faire connaître au-delà de leurs frontières nationales. Pour les observateurs internationaux, elle offre une occasion précieuse de découvrir la vivacité et la profondeur de l’art africain contemporain, dans toute sa diversité et son authenticité.
L’éveil des consciences : une conclusion ouverte
Alors que la biennale se déploie et que le public afflue dans les rues de Dakar, une chose est certaine : cette édition 2024 résonnera longtemps dans les esprits. À travers les œuvres et les voix qui s’expriment, les visiteurs sont confrontés à un miroir de la société africaine moderne, avec ses défis, ses espoirs et sa résilience. « The Wake – L’éveil » rappelle que l’art a le pouvoir de susciter la prise de conscience, de stimuler le questionnement et d’inspirer des changements.
À l’heure où les regards du monde entier se tournent vers le Sénégal, cette biennale s’impose comme un acte de résistance face à l’oubli, un hymne à la créativité et à l’engagement. En rassemblant les sensibilités et les voix d’Afrique et de sa diaspora, Dakar devient, pour un mois, non seulement la capitale de l’art africain, mais également un phare d’espoir pour un continent en pleine transformation.
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Une mosaïque artistique au cœur d’une capitale en effervescence
Avec 58 artistes sélectionnés, cette édition de la Biennale met en lumière la diversité des expressions artistiques africaines et de sa diaspora, offrant une fenêtre sur les multiples facettes de la créativité contemporaine du continent. Peintures, sculptures, installations, performances et œuvres numériques se succèdent dans un parcours varié et surprenant. Chaque espace d’exposition révèle des univers singuliers, souvent marqués par une dimension introspective, où l’intime dialogue avec l’universel.
Parmi les œuvres marquantes, on trouve une installation saisissante de l’artiste nigérian Chima Okeke, explorant la relation entre technologie et identité à travers une série de sculptures interactives où le spectateur peut, à l’aide de capteurs, modifier les couleurs et les formes des œuvres, symbolisant ainsi la transformation incessante de l’identité dans le monde numérique. Du côté des œuvres visuelles, l’artiste sénégalaise Aïda N’Diaye présente une série de portraits monumentaux de femmes du Sahel, peints avec des pigments naturels et des matériaux récupérés, illustrant la résilience des communautés locales face aux défis écologiques et sécuritaires.
Loin de se limiter aux salles d’exposition, la Biennale investit également des lieux publics et des sites historiques de Dakar, transformant la ville en un théâtre à ciel ouvert. Les visiteurs déambulent entre les œuvres, tissant une connexion directe entre l’art et le quotidien, entre les questions posées par les artistes et la réalité de la vie dakaroise. Le festival s'étend ainsi bien au-delà de ses murs, rendant l’art accessible à tous, à tout moment.
Le défi budgétaire et la persévérance du secteur culturel sénégalais
Il n’a pas été simple de mener à bien cette édition. Les défis financiers se sont imposés comme un obstacle de taille, qui avait initialement retardé la biennale. Toutefois, grâce à la persévérance des organisateurs et au soutien renouvelé du gouvernement sénégalais, la biennale a pu voir le jour. Pour de nombreux acteurs culturels, cette persévérance témoigne de l’importance accordée à l’art comme pilier essentiel du développement et de l’affirmation identitaire du pays.
Le président Bassirou Diomaye Faye a, dans son discours d’inauguration, réitéré l’engagement de son gouvernement envers la culture, rappelant que le Sénégal a une longue tradition de soutien aux arts. En choisissant de maintenir la biennale malgré les obstacles, les autorités ont envoyé un signal fort quant à l’importance de l’art pour la société sénégalaise et africaine.
Un espace de dialogue et de questionnement pour l’art africain
La Biennale de Dakar est un carrefour de rencontres et de dialogues où les artistes, les penseurs et les amateurs d’art partagent leurs visions et leurs expériences. Elle est aussi le théâtre de débats et de conférences qui permettent d’approfondir les réflexions sur les thématiques abordées. Dans cette édition, les discussions gravitent autour de la place de l’art dans les luttes sociales et des perspectives de développement culturel en Afrique. Des ateliers, des tables rondes et des performances incitent le public à s'interroger sur la fonction sociale de l’art et sur les moyens de promouvoir une scène artistique africaine puissante et durable.
Cette biennale est également une vitrine pour les jeunes artistes, un tremplin qui leur offre l'opportunité de se faire connaître au-delà de leurs frontières nationales. Pour les observateurs internationaux, elle offre une occasion précieuse de découvrir la vivacité et la profondeur de l’art africain contemporain, dans toute sa diversité et son authenticité.
L’éveil des consciences : une conclusion ouverte
Alors que la biennale se déploie et que le public afflue dans les rues de Dakar, une chose est certaine : cette édition 2024 résonnera longtemps dans les esprits. À travers les œuvres et les voix qui s’expriment, les visiteurs sont confrontés à un miroir de la société africaine moderne, avec ses défis, ses espoirs et sa résilience. « The Wake – L’éveil » rappelle que l’art a le pouvoir de susciter la prise de conscience, de stimuler le questionnement et d’inspirer des changements.
À l’heure où les regards du monde entier se tournent vers le Sénégal, cette biennale s’impose comme un acte de résistance face à l’oubli, un hymne à la créativité et à l’engagement. En rassemblant les sensibilités et les voix d’Afrique et de sa diaspora, Dakar devient, pour un mois, non seulement la capitale de l’art africain, mais également un phare d’espoir pour un continent en pleine transformation.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon