Ouagadougou — Le Burkina Faso trace les lignes de son avenir budgétaire et législatif sous la houlette du Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, qui a présidé ce mercredi la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. À l’ordre du jour figuraient des dossiers cruciaux, notamment l’adoption de l’avant-projet de budget de l’État pour l’exercice 2025 ainsi que des mesures visant à lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, selon les précisions du ministre d’État porte-parole du gouvernement, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.

Un budget 2025 résolument tourné vers les priorités stratégiques du pays
L’élaboration du budget de l’État pour l’exercice 2025, comme l’a expliqué le ministre de l’Économie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, s’inscrit dans une dynamique de réduction des dépenses non essentielles pour mieux se concentrer sur les secteurs stratégiques de développement et de résilience. Ainsi, ce budget s’élève à 3 193 milliards FCFA en recettes contre des dépenses fixées à 3 593 milliards FCFA, établissant un déficit budgétaire de 400 milliards FCFA, soit 3,2 % du PIB — un chiffre en réduction par rapport aux prévisions initiales et désormais proche de la norme de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui fixe le plafond à 3 %.
Cette réduction du déficit, expliquée par le ministre Nacanabo, repose sur une réorientation minutieuse et une gestion budgétaire directe opérée par le Président du Faso lui-même. Dans le cadre d’une démarche inédite, le chef de l’État a reçu personnellement chaque ministre pour définir les priorités et effectuer des arbitrages budgétaires, guidé par une vision précise des nécessités stratégiques actuelles du Burkina Faso. Ce processus a permis d’allouer les ressources disponibles vers des secteurs à fort impact social, tels que l’éducation, la santé, l’autosuffisance alimentaire et la protection sociale.
Priorités sociales renforcées : éducation et santé en première ligne
L’avant-projet de budget 2025, désormais orienté vers le renforcement des infrastructures et des initiatives sociales, s’attache tout particulièrement à deux grandes ambitions présidentielles : l’Initiative pour l’éducation et l’Initiative pour la santé. Ces deux domaines sont jugés prioritaires dans un pays où les défis socio-économiques sont exacerbés par une situation sécuritaire tendue et des flux de populations déplacées, rendant la pression sur les systèmes de santé et d’éducation de plus en plus pesante.
Pour le ministre des Finances, l’orientation de ce budget vers le social traduit la volonté du gouvernement de répondre aux aspirations les plus urgentes de la population, notamment l’accès à des services de base de qualité. Les réformes dans ces domaines permettront en outre d’accompagner le Plan d’action pour la stabilisation et le développement, articulé autour de quatre grands axes : la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité territoriale ; la réponse à la crise humanitaire ; la refondation de l’État et l’amélioration de la gouvernance ; et enfin, la réconciliation nationale et la cohésion sociale.
Renforcement de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
En marge des enjeux budgétaires, le Conseil des ministres s’est également penché sur des questions de sécurité financière. Sous la supervision du ministère de l’Économie et des Finances, un rapport portant sur les sanctions financières ciblées dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme a été adopté. Ce rapport s’inscrit dans les efforts soutenus du Burkina Faso pour renforcer son cadre juridique et ainsi répondre aux exigences du Groupe d’action financière (GAFI), lequel avait placé le pays sur la liste grise des juridictions sous surveillance accrue.
Le ministre Aboubakar Nacanabo a souligné les efforts déployés pour répondre aux normes internationales en matière de transparence financière et de lutte contre le financement illicite. « Ce rapport va permettre de consolider le dispositif juridique en identifiant les sanctions à appliquer en cas de non-respect des dispositions », a-t-il précisé, illustrant la volonté ferme du gouvernement de répondre aux menaces que représentent les circuits financiers informels dans un contexte sécuritaire fragile.
Des mesures contraignantes pour prévenir le financement du terrorisme
La mise en place de sanctions financières ciblées constitue une étape supplémentaire dans la stratégie globale du Burkina Faso pour endiguer le terrorisme et sécuriser son économie contre les flux financiers illicites.
Ces sanctions visent les individus et entités suspectés de contribuer directement ou indirectement au financement de groupes armés ou de réseaux criminels. Le pays se dote ainsi de moyens juridiques pour geler les avoirs et bloquer les transactions de ces entités, alignant ses pratiques sur celles des autres États membres de l’UEMOA et renforçant sa coopération avec les instances internationales.
Un engagement ferme pour une gestion économique et financière rigoureuse
À travers cet avant-projet de budget et les mesures renforcées contre le blanchiment et le financement du terrorisme, le Burkina Faso s’engage sur la voie d’une gouvernance financière plus stricte, dans l’objectif de maintenir un équilibre budgétaire stable et de faire face aux pressions économiques engendrées par l’instabilité régionale.
Le ministre des Finances, Aboubakar Nacanabo, se dit optimiste quant à l’adoption prochaine de ce budget par l’Assemblée législative de Transition, affirmant que ce cadre budgétaire servira de levier pour améliorer les infrastructures de base, renforcer la résilience socio-économique et restaurer la confiance des citoyens en l’action publique.
En définitive, ce Conseil des ministres consacre l’importance accordée à une gestion financière exemplaire et à une lutte active contre les activités criminelles qui sapent les fondements économiques de l’État. Il marque un tournant dans la manière dont le Burkina Faso aborde ses défis internes, optant pour une approche résolument tournée vers l’amélioration des conditions de vie de sa population, la stabilité financière et la sécurité nationale.
RADIO TANKONNON