Dans une région du Burkina Faso confrontée à des défis sécuritaires et socio-économiques majeurs, l’Association Monde Rural (AMR-Burkina) s’affirme comme un acteur clé de résilience et de transformation. Du 11 au 17 novembre 2024, cette organisation a organisé une session de formation à Ouahigouya, destinée aux populations déplacées internes (PDI) et hôtes. Ce programme novateur portait sur la fabrication et l’utilisation des bio-pesticides, s’inscrivant dans une stratégie plus large de soutien à une agriculture durable et écologique.
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Cette initiative s’intègre dans le cadre de la mise en œuvre du Projet communautaire de relèvement et de stabilité pour le Sahel (PCRSS), notamment sa première composante axée sur le relèvement résilient et inclusif des communautés touchées par les conflits.
Une réponse durable aux défis sécuritaires et alimentaires
La crise sécuritaire qui secoue le Burkina Faso a exacerbé les difficultés des populations locales et déplacées, confrontées à une raréfaction des ressources et à une insécurité alimentaire croissante. Dans ce contexte, l’AMR-Burkina, en partenariat avec des institutions locales et internationales, cherche à renforcer l’autonomie des communautés rurales et leur résilience face aux aléas climatiques et aux chocs socio-économiques.
La session de formation, qui s’est déroulée sur trois sites de production à Ouahigouya, a réuni 99 participants, hommes, femmes et jeunes, issus des populations hôtes et déplacées. Pendant une semaine, ces bénéficiaires ont bénéficié d’un programme riche et structuré, composé de 11 modules, alliant théorie et pratique.
Bio-pesticides : un outil au service d’une agriculture écologique et durable
Les bio-pesticides, au cœur de cette formation, se distinguent par leur nature respectueuse de l’environnement. Contrairement aux pesticides chimiques, ces substances protectrices sont élaborées à partir de matériaux biologiques locaux, tels que des plantes, des micro-organismes ou des minéraux.
Sous la houlette de Bassia Ozonan, expert en agriculture durable à l’AMR et principal formateur, les participants ont exploré les multiples avantages de ces alternatives écologiques :
Préservation des sols : les bio-pesticides permettent de réduire la pollution chimique et de maintenir la fertilité naturelle des terres agricoles.
Protection de la santé humaine : en éliminant les résidus toxiques des cultures, ces solutions garantissent des aliments plus sains pour les consommateurs.
Autonomie économique : les communautés formées peuvent produire leurs propres bio-pesticides, réduisant ainsi leur dépendance aux intrants coûteux et favorisant une commercialisation locale.
« L’objectif principal de cette formation est de promouvoir des pratiques agricoles durables et respectueuses de l’environnement tout en améliorant la sécurité alimentaire et l’autonomie des déplacés et de leurs hôtes », a souligné Bassia Ozonan.
Un programme enrichissant et inclusif
La formation a alterné entre sessions théoriques et ateliers pratiques. Les participants ont d’abord été sensibilisés aux enjeux liés à l’utilisation des pesticides chimiques : pollution des écosystèmes, impact négatif sur la biodiversité, et risques sanitaires. Ils ont ensuite découvert les principes fondamentaux des bio-pesticides, leur fabrication et les précautions nécessaires à leur utilisation.
Les ateliers pratiques ont permis aux apprenants d’identifier des plantes locales et d’autres matériaux utilisables pour la préparation des bio-pesticides. À travers des démonstrations concrètes, ils ont appris à extraire les principes actifs de ces ressources naturelles, à formuler des mélanges efficaces, et à les appliquer dans divers contextes agricoles, y compris l’agriculture hors-sol.
Une formation aux retombées multiples
Au-delà de la dimension purement agricole, cette initiative a également visé à sensibiliser les participants sur des problématiques sociales. Les agents de l’AMR ont animé des sessions sur les violences basées sur le genre, les abus sexuels et le harcèlement, réalités malheureusement fréquentes dans les milieux de vie des populations déplacées.
Pour les bénéficiaires, cette approche holistique a été accueillie avec enthousiasme. Safiétou Rouamba, représentante des populations hôtes, a exprimé sa gratitude :
« Grâce à cette formation, nous avons acquis des connaissances précieuses pour protéger nos champs des insectes et maladies tout en préservant l’environnement. Nous pouvons désormais envisager des productions saines et même générer des revenus en commercialisant des bio-pesticides locaux. »
Djénéba Ouédraogo, porte-parole des PDI, a abondé dans le même sens :
« Cette initiative nous redonne espoir. Elle nous permet non seulement de produire mieux, mais aussi de retrouver une dignité et une autonomie économique. »
Un pas vers l’autonomie et la résilience communautaire
La formation sur les bio-pesticides illustre l’impact positif des initiatives locales bien pensées et adaptées aux besoins des communautés vulnérables. En dotant les participants de compétences pratiques et transférables, l’AMR-Burkina leur offre les moyens de contribuer activement au développement économique et social de leurs localités.
Alors que la session de formation s’achève, l’AMR-Burkina réaffirme son engagement à accompagner ces communautés sur le long terme, notamment à travers le suivi post-formation et la création de coopératives agricoles.
« Ces actions, bien qu’à petite échelle, participent à la reconstruction du tissu socio-économique de notre pays, en s’appuyant sur les valeurs de solidarité et de respect de l’environnement », a conclu un responsable de l’AMR.
Vers un avenir plus prometteur pour le Sahel burkinabè
À travers des initiatives comme celle-ci, l’AMR-Burkina montre que la résilience passe par l’action communautaire, l’innovation et l’inclusion. Face à des défis immenses, les populations déplacées et hôtes de Ouahigouya prouvent qu’avec les outils adéquats, elles peuvent devenir des actrices incontournables du développement durable et de la stabilité régionale.
Le chemin reste long, mais avec des organisations comme l’AMR en première ligne, l’espoir d’un avenir meilleur pour le Sahel burkinabè demeure solidement ancré.
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