Le siège de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Dakar a été le cadre, ce mercredi 4 décembre 2024, de la quatrième réunion ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) pour l’année. À l’issue de cette session, les grandes orientations en matière de politique monétaire ont été dévoilées, révélant une stabilité des principaux taux directeurs et une confiance renouvelée dans la résilience économique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
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Le Comité de politique monétaire, dirigé par le Gouverneur Jean-Claude Kassi Brou, a décidé de maintenir inchangés les principaux taux directeurs de la BCEAO. Le taux directeur, auquel la Banque Centrale prête ses ressources aux banques, reste fixé à 3,50 %, tandis que le taux marginal demeure à 5,50 %. Ces niveaux, en vigueur depuis le 16 décembre 2023, traduisent une volonté de préserver une orientation prudente dans un contexte économique mondial marqué par des incertitudes persistantes.
Jean-Claude Kassi Brou a justifié cette décision en s’appuyant sur une analyse rigoureuse de la conjoncture économique régionale et internationale.
« Nous avons examiné avec minutie les tendances économiques récentes et les perspectives à moyen terme. Le maintien des taux actuels reflète notre engagement à soutenir la stabilité monétaire tout en répondant aux défis liés à l’inflation et à la croissance économique », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la réunion.
L’inflation au sein de l’UEMOA, bien que maîtrisée, demeure légèrement au-dessus de l’objectif fixé par la BCEAO, compris entre 1 % et 3 %. Selon les données du troisième trimestre 2024, le taux d’inflation s’élève à 4,1 %, alimenté par une offre locale de produits vivriers encore insuffisante, conséquence d’une campagne agricole 2023-2024 en demi-teinte.
Le CPM prévoit néanmoins une baisse progressive de l’inflation, qui devrait atteindre 3,6 % d’ici la fin de l’année 2024, après 3,7 % en 2023.
« Bien que le taux actuel dépasse notre cible, il reste globalement maîtrisé. Toutefois, nous devons rester vigilants face aux risques qui pèsent sur la stabilité des prix, notamment les aléas climatiques, les tensions sécuritaires et les fluctuations des marchés internationaux », a averti le gouverneur.
Les pressions inflationnistes dans la région sont exacerbées par des éléments structurels et conjoncturels. Parmi eux, le changement climatique, qui perturbe la production agricole, et l’insécurité, qui entrave la circulation des produits à l’intérieur de l’Union. À cela s’ajoute la forte dépendance de l’UEMOA aux importations de produits alimentaires et pétroliers, exposant la région aux fluctuations des prix sur les marchés mondiaux.
Jean-Claude Kassi Brou a insisté sur la nécessité d’une approche proactive pour atténuer ces vulnérabilités :
« Nos économies doivent renforcer leur capacité à produire localement ce qu’elles consomment. L’intégration régionale et la valorisation des chaînes de valeur agricoles et industrielles sont des priorités incontournables. »
Dans ce contexte de défis multiples, l’UEMOA affiche une croissance économique remarquablement soutenue. Avec un taux de croissance projeté à 6 % pour l’année 2024, contre 5,3 % en 2023, la région se positionne comme l’une des locomotives économiques du continent.
« Tous les secteurs contribuent à cette performance, qu’il s’agisse du primaire, avec l’agriculture et les activités extractives, du secondaire, ou encore du tertiaire, notamment les services », a expliqué le gouverneur Kassi Brou.
Cette dynamique est renforcée par plusieurs facteurs favorables, notamment l’amélioration des termes de l’échange grâce à la hausse des prix des produits exportés tels que le cacao, l’or, le coton et le caoutchouc. Par ailleurs, le début de la production de pétrole et de gaz dans certains États membres ainsi que la poursuite des investissements dans le secteur minier viennent consolider cette trajectoire de croissance.
Malgré ces résultats encourageants, des défis subsistent. La région doit intensifier ses efforts pour diversifier ses économies, renforcer ses infrastructures et promouvoir une intégration économique accrue entre les États membres.
Jean-Claude Kassi Brou s’est montré optimiste quant aux perspectives économiques à moyen terme, soulignant le potentiel important de l’Union :
« L’UEMOA reste une zone de stabilité et de confiance, avec des fondamentaux solides. Nous disposons des atouts nécessaires pour relever les défis et transformer nos économies en moteurs de développement durable. »
Il a également insisté sur la nécessité d’une coopération accrue entre les pays membres pour consolider les acquis économiques et sociaux, tout en restant attentifs aux risques externes qui pourraient perturber cette dynamique positive.
En maintenant une politique monétaire stable et en accompagnant les initiatives de développement, la BCEAO joue un rôle central dans la résilience et la croissance de l’UEMOA.
La réunion du CPM du 4 décembre 2024 réaffirme cet engagement, tout en appelant à une vigilance accrue face aux incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale. Avec une inflation en passe d’être contenue et une croissance robuste, la région s’inscrit dans une trajectoire prometteuse, témoignant de la capacité des États membres à relever les défis de l’heure tout en construisant un avenir prospère.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon