Burkina Faso : Les banques au cœur des enjeux économiques et financiers lors de la troisième concertation annuelle avec la BCEAO

Dans un contexte marqué par des défis économiques et financiers mondiaux complexes, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et les banques commerciales du Burkina Faso se sont réunies pour la troisième fois cette année. Organisée à Ouagadougou, cette rencontre, tenue sous l’égide de la Direction nationale de la BCEAO et de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina Faso (APBEF-BF), a permis d’aborder les enjeux stratégiques et les perspectives du secteur bancaire burkinabè.

La BCEAO et les banques commerciales se concertent

Un contexte mondial sous tension

Dans son allocution introductive, le président de l’APBEF-BF, Diakarya Ouattara, a dressé un tableau de la conjoncture économique mondiale. Ce troisième trimestre de l’année 2024 a été marqué par une persistance des tensions géopolitiques, des perturbations dans la production et le transport des matières premières, ainsi que par des phénomènes climatiques extrêmes. Ces éléments ont contribué à maintenir une volatilité économique généralisée, exacerbant les pressions sur les prix et fragilisant les économies, notamment celles des pays en développement.

Dans ce contexte mondial difficile, les banques burkinabè se sont illustrées par leur résilience et leur engagement à soutenir l’économie nationale. Selon les projections de la Direction générale des études de la planification (DGEP), l’économie du Burkina Faso devrait enregistrer un taux de croissance de 4 % d’ici la fin de l’année, signe d’une robustesse économique dans un environnement complexe.

Un secteur bancaire burkinabè solide malgré les défis

Malgré les multiples défis, le secteur bancaire national a maintenu son dynamisme. Diakarya Ouattara a salué la poursuite de l’expansion des réseaux d’agences bancaires à travers le pays et le rôle crucial des banques dans le financement de l’économie. « Cette expansion témoigne de la volonté des banques burkinabè de rapprocher les services financiers des populations, tout en contribuant au développement économique du pays », a-t-il déclaré.

Le secteur bancaire burkinabè a également bénéficié de l’assouplissement des politiques monétaires au niveau international, notamment de la part de la Réserve fédérale américaine (FED) et de la Banque centrale européenne (BCE). Cependant, au niveau régional, des tensions de liquidités ont été observées. Face à ces défis, la BCEAO a renforcé son soutien en augmentant les injections de liquidités et en ouvrant un guichet national pour répondre aux besoins des banques.

Des perspectives économiques favorables

Sur le plan national, les perspectives sont encourageantes. La dynamique de reconquête du territoire burkinabè, combinée à une campagne agricole prometteuse, pourrait contribuer à stabiliser les prix et à renforcer la résilience économique. Le président de l’APBEF-BF a souligné que l’inflation, bien qu’encore élevée, a enregistré une baisse relative, offrant un répit aux ménages et aux entreprises.

Une reconnaissance accrue des femmes dans la gouvernance bancaire

Au cours de cette rencontre, Diakarya Ouattara a présenté les changements récents au sein des organes dirigeants des banques et établissements financiers du Burkina Faso. Sur les 16 banques que compte le pays, six sont désormais dirigées par des femmes, un fait qui a été largement salué comme une avancée significative dans la promotion de la parité et de la diversité dans le secteur bancaire.

Un cadre de concertation indispensable

Armand Badiel, directeur national de la BCEAO pour le Burkina Faso, a exprimé sa satisfaction quant à la tenue régulière de ces rencontres, soulignant leur importance en tant que plateforme d’échanges et de réflexion stratégique. Ces concertations permettent de croiser les analyses sur les défis locaux et globaux, tout en anticipant les évolutions du secteur bancaire.

De son côté, Henri Hien, membre éminent de l’APBEF-BF, a insisté sur la pertinence de ce cadre pour harmoniser les visions et identifier des solutions adaptées aux réalités locales. « Ces échanges nous offrent l’opportunité d’éviter les biais individuels et de construire des stratégies collectives robustes », a-t-il affirmé.

Vers une consolidation du système bancaire

Les réformes bancaires en cours, initiées par la BCEAO, ont également été au centre des discussions. Elles visent à renforcer la solidité du système bancaire, à améliorer la gouvernance des établissements financiers et à garantir une meilleure inclusion financière.

Les participants ont unanimement salué l’accompagnement de la BCEAO dans la mise en œuvre de ces réformes, tout en réaffirmant leur engagement à poursuivre les efforts pour contribuer à la croissance économique et au bien-être des populations.

Conclusion

Cette troisième réunion annuelle entre la BCEAO et les acteurs bancaires burkinabè a mis en lumière la résilience du secteur financier dans un environnement mondial et local complexe. Avec des perspectives encourageantes, des avancées en matière de gouvernance et un soutien accru de la BCEAO, le Burkina Faso semble bien positionné pour relever les défis économiques à venir.

Les participants ont conclu la rencontre sur une note d’optimisme, réaffirmant leur détermination à œuvrer ensemble pour un système bancaire toujours plus performant, inclusif et résilient au service de l’économie nationale.

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon