À partir de janvier 2025, le ministère de la Sécurité du Burkina Faso mettra en œuvre une mesure visant à renforcer la sécurité routière en contrôlant systématiquement le port du casque pour les usagers ayant acquis leurs motos à compter du 2 janvier 2024. Cette décision, annoncée dans un communiqué de la Direction de la Communication et des Relations Publiques (DCRP) Sécurité, marque une nouvelle étape dans la lutte contre les accidents de la route dans un pays où la moto demeure le principal moyen de déplacement.
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Une mesure ancienne, un défi toujours actuel
Bien que l’obligation du port du casque soit inscrite dans la législation burkinabè depuis 1978, soit près de 46 ans, son application effective reste largement déficiente. La majorité des motocyclistes continue de circuler tête nue, défiant les campagnes de sensibilisation menées par les autorités et les organisations de la société civile.
Face à ce constat, le gouvernement a décidé d’introduire une nouvelle disposition en décembre 2023 : l’obligation pour les vendeurs de motos d’inclure un casque dans toute vente réalisée à partir du 1er janvier 2024. Cette mesure vise à éliminer l’un des principaux obstacles évoqués par les usagers, à savoir le coût supplémentaire lié à l’achat d’un casque.
Cependant, la mise en œuvre de cette disposition seule ne saurait suffire à renverser une tendance profondément ancrée dans les habitudes. C’est dans cette optique que le ministère de la Sécurité a annoncé que, dès janvier 2025, des contrôles rigoureux seraient effectués pour garantir que les nouveaux propriétaires de motos respectent cette obligation.
L’importance cruciale du casque : des chiffres alarmants
La décision des autorités burkinabè intervient dans un contexte où les statistiques sur la sécurité routière tirent la sonnette d’alarme. Selon les données de l’Office national de sécurité routière (ONASER), les accidents impliquant des motos représentent une proportion écrasante des sinistres sur les routes burkinabè.
En 2023, les motos étaient impliquées dans plus de 70 % des accidents de la circulation enregistrés, et la majorité des décès résultaient de traumatismes crâniens. Ces blessures, souvent évitables avec le port d’un casque homologué, mettent en évidence l’urgence de renforcer la protection des usagers.
Pourtant, malgré ces données accablantes, la perception du casque reste négative pour de nombreux motocyclistes. Certains évoquent un inconfort lié à la chaleur, d’autres se plaignent du coût ou expriment simplement un refus culturel d’adopter cet accessoire qu’ils jugent superflu.
La moto, un moyen de mobilité incontournable
Au Burkina Faso, la moto n’est pas seulement un moyen de transport ; elle est une composante essentielle de la vie quotidienne. Dans les zones rurales comme dans les centres urbains, elle permet à des millions de Burkinabè de se rendre au travail, d’accéder aux marchés et de transporter des biens.
Cependant, cette prévalence de la moto dans les déplacements quotidiens a également ses revers. L’absence de respect des règles de sécurité, couplée à des infrastructures routières souvent inadéquates, accentue les risques pour les usagers.
En imposant le port du casque à partir de l’acquisition de nouvelles motos, le gouvernement espère amorcer un changement de comportement progressif au sein de la population.
Vers un changement de mentalité : sensibilisation et sanctions
Le défi pour les autorités ne réside pas seulement dans la promulgation de lois, mais surtout dans leur application et dans la modification des comportements. Conscient de cela, le ministère de la Sécurité multiplie les campagnes de sensibilisation pour informer les citoyens des avantages du port du casque.
Ces initiatives visent à déconstruire les idées reçues, notamment celles selon lesquelles le casque serait inconfortable ou inutile. Les efforts se concentrent également sur l’éducation des jeunes, souvent perçus comme les plus réticents à adopter le port du casque.
Parallèlement, les autorités promettent de durcir les contrôles à l’encontre des contrevenants. Les motocyclistes achetant des engins après le 2 janvier 2024 devront impérativement se conformer à la réglementation sous peine de sanctions.
Un appel à la responsabilité collective
Dans son communiqué, la DCRP Sécurité a également encouragé les propriétaires de motos acquises avant la date fatidique à adopter volontairement le port du casque. « La sécurité est une responsabilité individuelle autant que collective », a souligné l’institution, insistant sur le fait que la protection de la tête reste essentielle, quelle que soit la date d’achat de l’engin.
Cet appel traduit une volonté de responsabilisation des citoyens, tout en reconnaissant que la transformation des mentalités nécessite du temps et des efforts conjoints de toutes les parties prenantes.
Des perspectives pour un avenir plus sûr
Alors que janvier 2025 approche, l’enjeu pour les autorités burkinabè sera de veiller à ce que cette mesure ne se limite pas à une application symbolique, mais qu’elle contribue véritablement à réduire le nombre de victimes sur les routes.
Le Burkina Faso, comme de nombreux pays en développement, fait face à des défis colossaux en matière de sécurité routière. Si le port du casque peut sembler une mesure simple, son impact sur la réduction des traumatismes crâniens et des décès est indéniable.
L’engagement des citoyens, soutenu par des politiques cohérentes et une application rigoureuse, pourrait marquer un tournant décisif vers une mobilité plus sûre et plus respectueuse de la vie. Dans cette perspective, la mise en œuvre de ces contrôles ne constitue qu’une étape, mais elle s’inscrit dans une démarche globale visant à garantir un meilleur avenir pour tous les usagers des routes burkinabè.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon