Du 12 au 19 décembre 2024, l’Agence Burkinabè de Normalisation, de la Métrologie et de la Qualité (ABNORM) a mené des contrôles éclairs dans 37 boulangeries réparties dans six régions du Burkina Faso. L’opération, qui s’inscrit dans une démarche de protection des droits des consommateurs et d’assainissement du secteur de la boulangerie, a abouti à la mise sous scellé de dix établissements pour non-conformité aux normes en vigueur, notamment sur le poids des baguettes de pain.
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Un contrôle méthodique dans les coulisses de la boulangerie burkinabè
Durant une semaine, les équipes de l’ABNORM ont sillonné les villes de Fada N’Gourma, Tenkodogo, Pouytenga, Ouagadougou, Dano, Houndé, Boromo, Diébougou, Gaoua et Orodara, opérant entre 20 heures et 6 heures du matin. Une plage horaire stratégique, correspondant au pic de production des boulangeries, a permis aux techniciens d’effectuer des inspections rigoureuses.
L’objectif principal : vérifier si le poids des baguettes produites et vendues correspond aux critères réglementaires définis par la loi burkinabè en matière de normalisation et de qualité. À cet effet, des pesées systématiques ont été réalisées par des techniciennes aguerries, armées de balances calibrées pour garantir une mesure précise et incontestable.
Des résultats préoccupants : dix boulangeries mises sous scellé
Sur les 37 boulangeries contrôlées, 10 ont été épinglées pour non-respect des normes de poids du pain. Ces infractions ont conduit à la fermeture immédiate des établissements concernés.
Parmi les manquements relevés :
- Poids insuffisant : certaines baguettes affichaient un poids nettement inférieur à celui déclaré ou attendu selon les standards nationaux.
- Tromperie manifeste : des baguettes jugées conformes visuellement ne répondaient pas aux exigences en termes de poids effectif.
Les responsables des boulangeries fautives ont été convoqués par l’ABNORM pour des suites administratives et, potentiellement, judiciaires.
Un enjeu de souveraineté alimentaire et de justice économique
Au-delà des chiffres, cette opération révèle des problématiques structurelles dans le secteur de la boulangerie. Le pain, aliment de base pour de nombreuses familles burkinabè, constitue un produit sensible tant sur le plan nutritionnel qu’économique.
En produisant des baguettes dont le poids est inférieur à celui annoncé, certaines boulangeries portent préjudice aux consommateurs, en particulier aux ménages les plus vulnérables. Cette pratique, assimilable à une tromperie, fragilise également la confiance entre producteurs et consommateurs, tout en introduisant une concurrence déloyale envers les boulangers respectueux des normes.
Pour les autorités, il s’agit d’un combat pour l’équité : chaque consommateur burkinabè a droit à un produit conforme, respectant les standards de qualité et de quantité établis.
L’ABNORM, sentinelle de la qualité
La mise sous scellé des boulangeries fautives illustre la détermination de l’ABNORM à assainir le secteur. Dans une déclaration, l’agence a réaffirmé sa volonté de multiplier ces opérations sur l’ensemble du territoire national.
« La qualité des produits alimentaires est une priorité pour l’ABNORM. Ces contrôles s’inscrivent dans une démarche proactive visant à protéger le consommateur burkinabè contre toute forme de tromperie ou de pratique frauduleuse », a indiqué un responsable de l’agence.
L’ABNORM encourage par ailleurs les citoyens à jouer un rôle actif en signalant toute anomalie ou fraude constatée sur le marché. Ses services techniques sont mobilisés pour recevoir et traiter les plaintes, qu’il s’agisse de produits alimentaires ou non alimentaires.
Un précédent salutaire pour une régulation accrue
Les consommateurs, eux, saluent ces actions comme une avancée majeure dans la protection de leurs droits. « Cela fait des années que certaines boulangeries ne respectent pas les normes, et personne ne disait rien. Aujourd’hui, nous voyons que l’État prend les choses au sérieux », se réjouit Souleymane, habitant de Ouagadougou.
Cette opération pourrait également servir de tremplin pour une régulation accrue dans d’autres secteurs sensibles, où des pratiques similaires pourraient être observées.
Perspectives et défis
Cependant, des défis subsistent. Pour pérenniser ces actions, l’ABNORM devra intensifier ses contrôles tout en renforçant la sensibilisation des boulangers et des consommateurs. Des mesures complémentaires pourraient inclure :
Des sanctions renforcées : pour dissuader les contrevenants et instaurer une véritable culture de la qualité.
- Des formations ciblées : à destination des boulangers, pour garantir une meilleure compréhension des normes en vigueur.
- Une communication accrue : pour informer le public sur ses droits et les standards attendus des produits de consommation courante.
Un message clair : tolérance zéro pour la fraude
L’opération du 12 au 19 décembre 2024 marque un tournant dans la régulation du secteur de la boulangerie au Burkina Faso. Elle envoie un message sans équivoque : les pratiques déloyales et les manquements aux normes ne seront plus tolérés.
Pour l’ABNORM, l’enjeu est double : protéger le consommateur burkinabè tout en renforçant la compétitivité et la crédibilité des producteurs locaux. Une démarche salutaire qui, si elle se poursuit, pourrait poser les bases d’une véritable révolution de la qualité au Burkina Faso.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon