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RADIO TANKONNON

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Cyclone Chido à Mayotte : entre drame humain, tensions politiques et promesses de reconstruction

Publié par RADIO TAN KONNON sur 21 Décembre 2024, 17:45pm

Catégories : #ACTUALITE

MamoudzouL’île de Mayotte, meurtrie par le passage dévastateur du cyclone Chido, tente de panser ses plaies dans un contexte marqué par des tensions sociales, des critiques politiques et une mobilisation nationale inédite. En déplacement sur l’île pour évaluer les dégâts et apporter son soutien aux populations sinistrées, le président français Emmanuel Macron a tenu des propos qui continuent de faire réagir, tout en annonçant une série de mesures d’urgence pour relever l’île.

Le Président français Emmanuel Macron
Le Président français Emmanuel Macron

Une île sous le choc : bilan humain et dégâts matériels

Chido, qualifié de cyclone le plus dévastateur de l’histoire moderne de Mayotte, a laissé derrière lui un bilan tragique. Selon les derniers chiffres officiels, 35 personnes ont perdu la vie, tandis que 67 blessés graves et plus de 2 400 blessés légers sont dénombrés. Près de 10 000 habitants ont été contraints de fuir leurs habitations détruites ou rendues inhabitables.

Les infrastructures essentielles, déjà fragiles avant la catastrophe, ont été particulièrement touchées. Réseaux électriques et téléphoniques hors d’usage, approvisionnement en eau potable coupé et routes impraticables : l’île est paralysée. « C’est comme si nous avions été projetés cinquante ans en arrière », confie un habitant de Mamoudzou.

Une visite présidentielle sous haute tension

C’est dans ce climat de désolation qu’Emmanuel Macron a foulé le sol mahorais, promettant une mobilisation massive de l’État. Mais la visite présidentielle, censée apaiser et rassembler, a été marquée par des tensions. Des militants du Rassemblement national (RN), accusés par le président d’avoir orchestré un « rassemblement militant perturbateur », ont manifesté bruyamment, scandant des slogans tels que « Macron démission ! ».

Face à cette hostilité, Emmanuel Macron a répliqué avec des mots qui ont suscité des réactions mitigées :

« Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde ! »

Si certains ont perçu cette déclaration comme une tentative de rappeler l’importance des moyens déployés par l’État, d’autres y ont vu une remarque condescendante, maladroite dans un moment aussi critique.

Des mesures d’urgence annoncées

Lors de son intervention, le président a détaillé un plan d’action pour répondre aux besoins immédiats :

  • Rétablissement progressif de l’eau potable : Dès demain, les premiers foyers devraient être reconnectés au réseau, bien que des mesures de rationnement soient nécessaires.
  • Déploiement de matériel humanitaire : Un avion Antonov acheminera des fournitures d’urgence, notamment des bâches, des médicaments et des bouteilles d’eau.
  • Sécurisation des zones sinistrées : Plus de 800 policiers, 1 200 gendarmes et 900 militaires ont été mobilisés pour protéger les habitants et garantir la distribution équitable de l’aide.
  • Création d’un fonds d’indemnisation : Un mécanisme spécifique a été mis en place pour les sinistrés non assurés, avec pour objectif de les aider à reconstruire des logements sécurisés et décents.

Reconstruire Mayotte : un défi colossal

Si les mesures d’urgence visent à répondre aux besoins immédiats, la reconstruction à long terme s’annonce titanesque. Emmanuel Macron a promis une loi spécifique pour Mayotte, qui abordera les problématiques structurelles de l’île :

  • Gestion des risques naturels : La mise en place de systèmes d’alerte et de résilience face aux cyclones sera priorisée.
  • Immigration et urbanisme : Le chef de l’État a souligné la nécessité d’un plan global pour maîtriser l’urbanisation galopante et mieux gérer les flux migratoires, souvent pointés du doigt comme un facteur de tension sociale.
  • Établissement public dédié : Un organisme sera créé pour accélérer les projets de modernisation des infrastructures et coordonner les efforts de reconstruction.

L’État face à un défi de légitimité

Au-delà des discours, la catastrophe met en lumière les fragilités structurelles de la relation entre Mayotte et l’État français. De nombreuses voix, à Mayotte comme en métropole, dénoncent un manque de considération historique pour l’île, où les inégalités sociales et économiques restent criantes.

« Il a fallu une catastrophe de cette ampleur pour que l’État se rende compte de notre existence, » déplore une habitante de Koungou, dont la maison a été emportée par les vents violents.

La communauté internationale aux abonnés absents

Bien que Mayotte soit un département français, la catastrophe aurait pu bénéficier d’une solidarité internationale accrue. Mais comme souvent dans les crises localisées, l’attention mondiale est monopolisée par des conflits géopolitiques majeurs, à l’instar de ceux en Ukraine ou au Proche-Orient.

Un rendez-vous avec l’Histoire

En promettant de revenir dans quelques mois pour évaluer les progrès, Emmanuel Macron a affirmé que « la France est là pour Mayotte, aujourd’hui comme demain. » Mais au-delà des mots, ce sont les actes qui permettront de rétablir la confiance entre l’État et les Mahorais.

Pour les habitants, qui pleurent leurs morts tout en tentant de survivre dans des conditions précaires, l’urgence est palpable. La tragédie du cyclone Chido doit marquer un tournant dans l’histoire de Mayotte, qui attend des réponses concrètes, audacieuses et durables à ses défis multiples.

En attendant, l’île pleure ses morts, panse ses plaies et s’accroche à un mince espoir : celui que cette fois, le cyclone ne soit pas suivi d’un oubli.

Saidicus Leberger

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