Daniel Ouezzin Coulibaly : L’héritage d’un visionnaire et modèle intemporel de résilience patriotique

Le lundi 9 décembre 2024, l’Université de Dédougou a été rebaptisée en l’honneur de Daniel Ouezzin Coulibaly, une figure majeure de l’histoire politique et sociale du Burkina Faso. Cet événement, marqué par un panel d’intellectuels et de responsables politiques, a permis de mettre en lumière l’influence indéniable de cet illustre personnage sur la trajectoire historique et l’orientation politique de la Haute-Volta, devenue Burkina Faso.

Thomas Sankara et Ouezzin Coulibaly

À travers des interventions riches et nuancées, des orateurs ont exploré la vie, l’œuvre et l’héritage de celui qui fut un des architectes du chemin vers l’indépendance. Retour sur une cérémonie empreinte d’émotions, de réflexions et d’inspiration pour les générations futures.

Un homme, une vision : Daniel Ouezzin Coulibaly, le précurseur

Premier président du Conseil de gouvernement de la Haute-Volta, Daniel Ouezzin Coulibaly reste une figure emblématique. Né en 1909 dans un contexte colonial oppressif, il a traversé les épreuves d’un système éducatif discriminatoire, les luttes sociales et politiques, pour devenir l’un des leaders les plus influents de son époque.

Instituteur, directeur d’école, pédagogue, sénateur, député et homme d’État, il a marqué l’histoire par son engagement sans faille pour l’autodétermination des peuples africains.

Son discours-programme de 1958 devant le parlement voltaïque, dans lequel il appelait à une spécialisation régionale pour mieux tirer parti des spécificités agricoles du pays, a posé les bases de politiques qui résonnent encore aujourd’hui à travers les pôles de croissance comme le Sourou Pôle et le Bagré Pôle.

Une influence majeure sur Thomas Sankara

Le gouverneur Babo Pierre Bassinga, intervenant lors du panel, a souligné une continuité idéologique entre Daniel Ouezzin Coulibaly et le président révolutionnaire Thomas Sankara. Selon lui, le discours d’orientation politique de Sankara en 1983 puise directement dans les idées formulées par Ouezzin Coulibaly en 1958.

Cette filiation intellectuelle illustre l’universalité et la pertinence des idées du premier président du Conseil de gouvernement, qui prônaient déjà la justice sociale, l’éducation universelle et la souveraineté nationale.

« Daniel Ouezzin Coulibaly a été une boussole pour les générations ultérieures, non seulement par son discours, mais aussi par son exemple de résilience et de service désintéressé », a affirmé le gouverneur.

Une vie marquée par la résilience et l’engagement patriotique

L’enseignant-chercheur Bakary Traoré a retracé les moments clés de la vie de Daniel Ouezzin Coulibaly, décrivant un homme façonné par les épreuves. Né dans la Boucle du Mouhoun, une région marquée par des révoltes contre la colonisation, il a affronté les violences morales et institutionnelles d’un système colonial qui dévalorisait les Africains.

Malgré ces obstacles, Coulibaly a gravi les échelons grâce à son intelligence, son courage et sa vision. Il a toujours privilégié l’intérêt collectif, prônant des politiques qui favorisent la dignité humaine et l’émancipation des peuples africains.

Une vision politique ancrée dans le monde rural

Pr Sanwé Médard Kiénou, troisième panéliste, a mis en avant la volonté de Daniel Ouezzin Coulibaly de transformer la Haute-Volta en une nation autosuffisante, ancrée dans son identité rurale. Il a œuvré pour la formation des masses rurales, la construction d’écoles dans les campagnes, et la mise en place d’infrastructures publiques modernes, telles que des hôpitaux et des bâtiments ministériels.

Visionnaire, il a également encouragé la fusion des partis politiques afin de renforcer l’unité nationale et de faire avancer la cause de l’indépendance.

Un héritage vivant et un modèle pour les générations futures

Les témoignages recueillis lors de cet événement témoignent de la profondeur de l’héritage de Daniel Ouezzin Coulibaly. Sa pensée et ses actions continuent de nourrir les aspirations des générations actuelles, notamment à travers des projets de développement inspirés de ses idées novatrices.

Le baptême de l’Université de Dédougou à son nom symbolise la reconnaissance de ses contributions et vise à transmettre aux jeunes les valeurs de résilience, de patriotisme et de service à la nation qu’il incarnait.

Daniel Ouezzin Coulibaly, décédé le 7 septembre 1958, reste un repère dans l’histoire du Burkina Faso, un pays qu’il a guidé sur la voie de l’émancipation et du progrès.

Une célébration de l’histoire et une invitation à l’avenir

À travers cette commémoration, les Burkinabè célèbrent non seulement un homme, mais également une vision d’unité et de développement portée par la tradition et ancrée dans une quête constante de justice sociale.

Alors que le Burkina Faso continue de relever des défis complexes, l’héritage de Daniel Ouezzin Coulibaly rappelle que le chemin de la résilience et du progrès repose sur des valeurs d’intégrité, de courage et de solidarité. Une leçon intemporelle pour une nation en marche.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon