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RADIO TANKONNON

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Ghana : la défaite historique du NPP et le retour de John Mahama, reflet d'une année de bouleversements politiques en Afrique

Publié par RADIO TAN KONNON sur 9 Décembre 2024, 23:35pm

Catégories : #ANALYSE

Le Ghana, bastion de la démocratie ouest-africaine, vient d'écrire une nouvelle page de son histoire politique avec un verdict sans appel des urnes. Le vice-président Mahamudu Bawumia a reconnu sa défaite face à l'ancien président John Dramani Mahama, candidat du Congrès national démocratique (NDC). Ce scrutin, marqué par un rejet massif du Nouveau Parti Patriotique (NPP), s’inscrit dans un contexte continental de redéfinition des équilibres politiques.

Le candidat d'opposition ghanéen John Dramani Mahama
Le candidat d'opposition ghanéen John Dramani Mahama

Une défaite cuisante pour le NPP

Depuis son accession au pouvoir en 2016, le NPP, sous la houlette de Nana Akufo-Addo, avait capitalisé sur un discours réformiste et une promesse de prospérité économique. Cependant, la réalité s’est avérée bien différente. Ces dernières années, une inflation galopante, la flambée des prix des denrées de base et une crise de la dette publique ont plombé les ambitions du parti.

Les électeurs, frustrés par l’incapacité du gouvernement à tenir ses promesses, notamment en matière de création d’emplois et de réduction de la pauvreté, ont exprimé leur mécontentement. Selon les premiers résultats, le NPP pourrait avoir récolté moins de 45 % des voix à l'élection présidentielle, un niveau historiquement bas depuis 1996.

À cela s’ajoute une série de scandales de corruption qui ont entaché la crédibilité du parti au pouvoir. Ces affaires, associées à un sentiment croissant de déconnexion entre les élites politiques et la population, ont consolidé l'idée d'un besoin urgent de changement à la tête de l’État.

Le retour de John Mahama : un symbole d’alternance

John Dramani Mahama, ancien président du Ghana de 2012 à 2017, incarne ce désir de renouveau, malgré son propre bilan controversé lors de son premier mandat. Sa campagne a été axée sur la réconciliation nationale, la relance économique et la lutte contre les inégalités.

Mahama a su capter les attentes des jeunes, durement touchés par le chômage, et des classes moyennes appauvries par les crises successives. Sa victoire marque non seulement un retour personnel, mais aussi une réaffirmation de la capacité du système ghanéen à permettre des alternances démocratiques pacifiques, devenues rares dans plusieurs régions du continent.

Une année charnière pour la politique africaine

La victoire de Mahama s’inscrit dans une année exceptionnelle pour la politique africaine, marquée par des transferts de pouvoir significatifs à travers le continent. Outre le Ghana, l’opposition a remporté des élections cruciales au Botswana, à l'île Maurice, au Sénégal et dans la République autoproclamée du Somaliland.

Ces alternances traduisent une tendance croissante à l’émancipation des électeurs vis-à-vis des partis traditionnels, souvent perçus comme sclérosés et incapables de répondre aux défis contemporains. Les citoyens africains, de plus en plus informés et exigeants, rejettent les gouvernements qui échouent à améliorer leurs conditions de vie ou à répondre à leurs aspirations démocratiques.

Le poids des crises économiques et sociales

Un facteur commun aux récents changements politiques en Afrique est l’impact des crises économiques. La pandémie de COVID-19, suivie par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale et l'inflation exacerbée par la guerre en Ukraine, a lourdement frappé les économies africaines.

Dans des pays comme le Ghana, ces crises ont été amplifiées par des politiques de gestion financière inefficaces. La dette publique ghanéenne, qui représente plus de 80 % du PIB, a contraint le gouvernement à solliciter des aides internationales et à imposer des mesures d’austérité impopulaires.

Un avertissement pour les dirigeants africains

La défaite du NPP envoie un message clair aux gouvernements en place à travers le continent. Les électeurs ne tolèrent plus les dérives autoritaires, les promesses non tenues et les scandales de corruption. Les succès électoraux de l’opposition au Botswana, au Sénégal ou à Maurice témoignent de cette exigence croissante de responsabilité et de transparence.

Cependant, ces alternances ne garantissent pas nécessairement des changements structurels profonds. Les nouveaux gouvernements, comme celui de John Mahama, devront faire face à des défis économiques et sociaux considérables, souvent exacerbés par les limites institutionnelles héritées des régimes précédents.

Le défi de la gouvernance en Afrique

L’Afrique traverse une période de transition majeure, où les attentes populaires se heurtent souvent à des réalités institutionnelles complexes. Si les alternances pacifiques, comme celle du Ghana, sont à saluer, elles doivent s'accompagner d'une refonte des systèmes de gouvernance pour éviter les cycles récurrents de crises et de mécontentement.

Le succès de Mahama dépendra de sa capacité à redresser l’économie ghanéenne, à restaurer la confiance des citoyens et à renforcer les institutions démocratiques. Plus largement, les dirigeants africains devront tirer des leçons de ces récents bouleversements et adopter des approches inclusives et durables pour répondre aux aspirations croissantes de leurs populations.

Une leçon pour le continent

Le Ghana, souvent cité comme un modèle de démocratie en Afrique, a une fois de plus montré l’exemple. La reconnaissance rapide de la défaite par Mahamudu Bawumia témoigne d’une maturité politique rare. Dans un contexte où les contestations post-électorales deviennent monnaie courante, cette transition pacifique est une lueur d’espoir pour la démocratie sur le continent.

L’année 2024 restera marquée comme celle des électeurs africains, qui ont démontré leur capacité à faire entendre leur voix et à réclamer des changements significatifs. Pour les partis politiques, les leçons sont claires : le temps des promesses vides est révolu, et l’avenir appartient à ceux qui sauront incarner le changement, la responsabilité et la vision.

En ce sens, la victoire de John Mahama n’est pas seulement celle d’un homme ou d’un parti, mais celle d’un peuple qui refuse de se contenter de l’immobilisme et qui aspire à un avenir meilleur.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon 

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