Dans une démonstration éclatante de maturité démocratique, le Ghana vient de marquer une nouvelle page de son histoire politique. Dimanche 8 décembre 2024, le vice-président sortant Mahamudu Bawumia, candidat du New Patriotic Party (NPP), a reconnu sa défaite à l’élection présidentielle et félicité son adversaire, John Dramani Mahama, pour sa victoire. Cet acte de fair-play politique, rare dans certaines parties du monde, consolide la réputation du Ghana comme un bastion de la démocratie en Afrique de l’Ouest.

Un processus électoral exemplaire
Avec une population de 34 millions d’habitants et 18,7 millions d’électeurs inscrits, le Ghana s’est rendu aux urnes samedi 7 décembre dans un climat de calme et de sérénité. Malgré les défis économiques auxquels le pays est confronté, les Ghanéens ont fait preuve d’un civisme remarquable, participant massivement à des élections présidentielles et législatives cruciales pour l’avenir de leur nation.
John Mahama, ancien président et candidat du National Democratic Congress (NDC), a triomphé face à Mahamudu Bawumia, vice-président sortant et porte-drapeau du NPP. Selon les résultats préliminaires de la Commission électorale, M. Mahama a recueilli 52,3 % des suffrages, contre 46,7 % pour son adversaire.
Un geste d’élégance politique
Dans une déclaration publique dimanche soir, Mahamudu Bawumia a reconnu sa défaite avec dignité et respect pour le choix des électeurs. « Je tiens à féliciter John Dramani Mahama pour sa victoire. Je lui ai déjà adressé mes vœux de réussite dans cette mission essentielle qu’il entame à nouveau pour notre nation », a-t-il déclaré.
Ce geste d’élégance politique a été salué à travers le pays et au-delà. Il incarne l’esprit d’une alternance pacifique, pilier fondamental de la démocratie ghanéenne. « Je reste engagé à servir mon pays sous d’autres formes et à travailler pour l’unité et la prospérité du Ghana », a ajouté M. Bawumia.
John Mahama, dans son discours de victoire, a exprimé sa gratitude envers le peuple ghanéen : « Cette victoire est celle de tous les Ghanéens. Je serai le président de tous, sans distinction de partis, de régions ou d’origines. Nous avons des défis importants à relever, mais ensemble, nous bâtirons un avenir meilleur. »
Un contexte économique difficile
Les élections se sont déroulées sur fond de crise économique sévère, marquée par une inflation galopante, une dépréciation du cedi — la monnaie nationale — et un taux de chômage élevé. Ces difficultés ont dominé les débats pendant la campagne électorale, obligeant les candidats à proposer des solutions audacieuses pour relancer l’économie.
John Mahama a axé son programme sur une relance économique inclusive, promettant des investissements massifs dans l’agriculture, les infrastructures et l’éducation. Il a également insisté sur la nécessité d’assainir les finances publiques et de renforcer les filets de sécurité sociale pour protéger les plus vulnérables.
En face, Mahamudu Bawumia a défendu le bilan de son gouvernement tout en promettant des réformes pour stabiliser l’économie et attirer davantage d’investissements étrangers. Malgré ces efforts, l’électorat a majoritairement opté pour un changement à la tête de l’État.
Une démocratie ancrée dans l’histoire
Le Ghana, souvent présenté comme un modèle de démocratie en Afrique, a une longue tradition d’alternance politique pacifique. Depuis le retour au multipartisme en 1992, le pays a organisé huit élections présidentielles, toutes saluées pour leur transparence et leur crédibilité.
L’élection de John Mahama perpétue cette tradition. Ancien président de 2012 à 2016, il retrouve le pouvoir après avoir cédé la place en 2017 à Nana Akufo-Addo, leader du NPP. Son retour marque une nouvelle étape dans le jeu d’alternance entre les deux principaux partis du pays, le NDC et le NPP.
Réactions nationales et internationales
La victoire de John Mahama et la reconnaissance rapide de sa défaite par Mahamudu Bawumia ont été largement saluées. La Commission électorale a félicité les deux candidats pour leur comportement exemplaire, soulignant que cette élection est une victoire pour tous les Ghanéens.
À l’étranger, de nombreux dirigeants ont félicité le Ghana pour la qualité de son processus électoral. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a déclaré : « Le Ghana prouve une fois de plus que la démocratie peut prospérer en Afrique. »
Les défis à venir
Alors que John Mahama s’apprête à prendre ses fonctions, il hérite d’un pays en proie à des défis économiques et sociaux de taille. La relance de l’économie, la lutte contre la corruption et l’amélioration des conditions de vie des Ghanéens figureront parmi les priorités de son mandat.
Mais au-delà des défis, cette élection offre une opportunité unique de réaffirmer les valeurs démocratiques du Ghana et de renforcer son rôle de leader régional en Afrique de l’Ouest.
Un avenir prometteur
En élisant John Mahama, les Ghanéens ont choisi le changement dans la continuité, optant pour un leader expérimenté capable de naviguer dans des eaux tumultueuses. L’élégance avec laquelle cette alternance s’est opérée témoigne de la maturité politique du pays et de sa capacité à surmonter les défis par le dialogue et le respect des institutions.
Alors que le Ghana s’apprête à tourner une nouvelle page, il offre une leçon précieuse au monde entier : celle d’une démocratie vivante, où la volonté du peuple prime, et où les valeurs d’unité et de paix prévalent toujours.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon