Le 3 décembre 2024, le président des États-Unis, Joe Biden, a marqué l’histoire en visitant le Musée national de l’esclavage à Luanda, Angola. Dans un discours empreint de gravité et d’espoir, il a rendu hommage aux millions d’Africains victimes de l’esclavage transatlantique, tout en affirmant la volonté de son administration de renforcer les liens avec l’Afrique dans une dynamique de coopération renouvelée.

Situé dans l’ancienne Capela da Casa Grande, le Musée national de l’esclavage est un témoin poignant des heures sombres de l’histoire de l’humanité. Cette petite chapelle, perchée sur les hauteurs de Luanda, a été un point de départ pour des milliers d’Africains réduits en esclavage, contraints de traverser l’Atlantique dans des conditions inhumaines.
C’est dans ce lieu hautement symbolique que Joe Biden a choisi de prononcer un discours mémorable, affirmant la nécessité de ne jamais oublier l’histoire tragique de l’esclavage.
« Nous sommes ici aujourd’hui dans un lieu chargé de sens. Avant de célébrer les progrès de notre amitié, nous devons réfléchir à ses débuts douloureux », a déclaré le président américain.
Biden a évoqué avec émotion les souffrances endurées par les hommes, les femmes et les enfants arrachés à leur terre natale, baptisés de force dans cette chapelle sous des noms étrangers, avant d’être embarqués pour l’effroyable Passage du Milieu.
Dans une rare introspection publique, Joe Biden a qualifié l’esclavage de « péché originel de l’Amérique », une ombre qui continue de hanter les idéaux de liberté et d’égalité que la nation prétend incarner.
« Ici, on les a baptisés dans une foi étrangère contre leur gré. Leurs noms ont été effacés, remplacés par Anthony et Isabella, avant d’être embarqués sur un navire négrier… Ce fut le début de l’esclavage aux États-Unis, une période cruelle, brutale et déshumanisante. »
Ce discours s’inscrit dans une démarche de reconnaissance historique, rare dans les relations internationales, et vise à réparer symboliquement les injustices du passé.
Si cette visite est avant tout un hommage, elle marque également un moment clé dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique. Loin d’être purement symbolique, le déplacement de Joe Biden en Angola s’inscrit dans une stratégie plus large de réengagement diplomatique et économique avec le continent.
Lors de sa rencontre avec le président angolais João Lourenço, Biden a réaffirmé son soutien au développement de l’Angola, en particulier à travers des projets d’infrastructure majeurs. Parmi ces initiatives, un investissement dans le réseau ferroviaire angolais a été annoncé, avec la participation de partenaires internationaux tels que l’Union européenne, le G7 et des banques africaines.
Cette approche illustre un changement de paradigme dans la politique étrangère américaine, marquée par une volonté de contribuer au développement durable en Afrique, tout en consolidant des partenariats stratégiques.
L’accent mis sur le renouveau des relations diplomatiques avec l’Afrique intervient dans un contexte où d’autres puissances mondiales, notamment la Chine et la Russie, intensifient leur présence sur le continent.
En Angola, ce rapprochement américain revêt une importance particulière, compte tenu des vastes ressources naturelles du pays, notamment dans les secteurs pétrolier et minier, et de son rôle croissant en tant que hub régional.
En soutenant des projets tels que l’infrastructure ferroviaire, Joe Biden entend offrir une alternative crédible aux investissements chinois, souvent critiqués pour leur manque de transparence et leur poids financier sur les pays africains.
La visite de Joe Biden au Musée national de l’esclavage va au-delà de la reconnaissance des souffrances passées. Elle porte un message universel sur la nécessité de tirer des leçons de l’histoire pour bâtir un avenir plus juste et inclusif.
En Angola, ce geste a été accueilli avec émotion, témoignant de la capacité de la mémoire collective à rapprocher les peuples. Pour le président João Lourenço, cette visite représente « un pas significatif vers une compréhension mutuelle et un renforcement des liens historiques entre nos deux nations ».
Alors que l’Afrique se positionne comme un acteur incontournable sur la scène mondiale, la démarche de Joe Biden en Angola illustre une volonté renouvelée des États-Unis de tisser des liens profonds et durables avec le continent.
En conjuguant mémoire et coopération, cette visite historique ouvre la voie à un partenariat où reconnaissance du passé et construction de l’avenir se rejoignent, dans l’espoir d’un monde plus équitable et solidaire.
À travers ce geste, Joe Biden rappelle que, bien que les blessures de l’histoire ne puissent être effacées, elles peuvent devenir le socle d’un dialogue sincère et d’une coopération fructueuse entre les nations.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon